Chapitre 28

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Nous sommes arrivés à Saint-Pétersbourg il y a deux jours. Lucie est dans un état que je ne lui connaissais pas, l'effet « bulle » des joueurs a fait son effet très rapidement à ce que je vois. On dirait qu'elle va entrer sur le terrain elle aussi et débuter un match qui est une question de vie ou de mort. Elle est toujours dans l'exagération, de toute façon. Mais bon, si ça me permet de rire un peu au lieu de stresser comme une malade pour la rencontre choc de cette coupe du monde, ça m'arrange.

- Sixième étape, les mecs, annonce Didier dans la salle de l'hôtel. Je suis sûr d'une chose, c'est que vous avez tous, tous, imaginé jouer une demi-finale de coupe du monde : vous y êtes. Je suis sûr aussi d'une autre chose, là, dans vos têtes, vous pensez qu'à une chose : jouez une finale de coupe du monde. Faites-le, allez la chercher cette place. Pas facile, mais allez la chercher. En faisant en sorte de ne RIEN lâcher. Tout est possible. Quoi qu'il se passe : rien, on ne lâche rien. Et en étant comme à chaque match : forts et unis. Faites-le, les mecs. Tous ensemble, faites-le.

Nous prenons le bus pour nous rendre au stade. Le match est dans deux heures et les gars se concentrent chacun à leur manière : jeu, musique, exilassions dans ses pensées, ... C'est au choix. Moi, j'essaie de me changer les idées en regardant une série sur mon téléphone. Ils m'angoissent tous à faire bouger leur jambe de manière répétitive, tellement vite, que je le vois même si je ne le regarde pas.

Sur place, les gars troquent leurs costumes contre des survêtements et vont dans la salle où ils se préparent, petit échauffement basique, rien de bien passionnant. C'est le temps qu'on puisse aller sur l'herbe pour le vrai échauffement à quelques minutes du vrai match.

- Allez les mecs, c'est aujourd'hui, dit Matuidi en marchant dans les vestiaires. C'est aujourd'hui, les gars. On y est. Tous ensemble, les mecs, tous ensemble. Tous ensemble, on va le faire. On va le faire parce qu'on le mérite, les mecs. Tout le travail qu'on a fourni, tous les efforts.

- On a trop attendu, on a trop cravaché, reprend Paul. Je me rappelle quand on courait là, à Clairefontaine, là. On était derrière, on était au soleil. Mais maintenant ça paye. C'est aujourd'hui que ça doit payer, les gars. On doit se rappeler de tout ça : quand on était là, fatigués, on était ensemble. Et on rappelait l'autre, on rappelait la personne qui était derrière, on l'attendait, on le poussait. Et là, on est une famille maintenant, les gars, on est une famille. On doit aller chercher cette coupe. On est venus de trop loin. On est rentrés dans le bateau, on est rentrés dans le bateau, c'est mort : on peut plus faire marche arrière. Aujourd'hui, on est là, il y a une finale au bout. Il y a une coupe au bout, et c'est ça notre objectif. C'est pas d'être en demi, c'est pas « ouais, on est ici, et ouais les gens, ils sont fiers », non. Ils sont contents. On va les rendre fiers quand on va chercher la coupe. Mais pas maintenant. Aujourd'hui, on va aller sur le terrain. On peut écrire l'histoire. On a juste le stylo, maintenant, il faut écrire sur le terrain, les gars. On y va. On y va tous, on est une famille et on va tous cravacher, tous ensemble.

Paul est applaudi et on lance des « Allez ! » d'encouragement dans la salle.

La première mi-temps est compliquée pour les Bleus. Ils sont très défensifs – et ça se comprend, ils préfèrent la carte de la sécurité – et, de toute façon, il y aura bien un moment où quelqu'un marquera, que ce soit en match, en prolongation ou en tir au but. Mais pitié, pas les tirs au but, je trouve ça barbare. Les Belges tentent mais n'y arrivent pas, et les Bleus, c'est pas mieux. On attend. Moi, je fais confiance à Didier, s'il a dit de faire comme ça, très bien. Après tout, c'est lui le Champion du Monde de l'équipe.

À la mi-temps, les joueurs retournent au vestiaire avec un score toujours nul : 0-0 pour les deux pays. Il faut dire que la première mi-temps était très défensive et que l'attaque belge manquait un peu à l'appel, même s'ils avaient la balle le plus souvent. Samolo s'est quand même fait mal à la cuisse. Immédiatement, un kiné le prend en charge et le masse en essayant de voir s'il peut continuer ou pas. Apparemment, rien d'alarmant puisqu'il se lève et marche.

Never Stop Dreaming ~ Equipe de FranceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant