Chapitre 16

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Je ne le dirais jamais à haute voix, mais cette nuit à été la meilleure depuis des semaines. C'est paradoxal, mais je crois que dormir à même le sol est comme un retour aux sources qui fait beaucoup de bien, à moins que ce soit la présence de Daerios qui me fasse cet effet... Impossible, j'avais l'impression qu'il allait m'étrangler en dormant. Je refuse de croire que la présence de cet idiot me rassure et me permet de passer une bonne nuit !

Mes rêves de cette nuit sont très clairs, je ne portais pas ma bague et je suis quasiment certaine que j'étais dans les souvenirs de Daerios. Je ne sais pas si je dois lui en parler ou pas. Je suis rentrée dans des souvenirs vraiment très personnels, je ne crois pas qu'il cherche à parler de sa vie à tout le monde.

Perdue dans mes pensées je n'ai pas entendu Daerios arriver près de moi.

- Alors ma belle, tu as fais de beaux rêves ?

Qu'est-ce que je fais ? Je lui réponds, je me tais ? Il continue.

- Bien-sûr tu n'en parle à personne et sous aucun prétexte.

- Pourquoi t'as fais ça ? Tu le savais et tu m'a laissé...

- Tais-toi, je t'ai laissé faire tu vois je ne suis pas un monstre. Maintenant tu me connais mieux que personne, tu devrais être contente. Viens, je vais te faire découvrir ton nouveau monde !

Je ne le comprend pas, il est tellement bizarre ce mec ! On dit que les filles sont compliquées... mais ...

Dans la journée d'hier nous avons gravi des milliers de marches, enfin j'exagère, mais j'ai tellement mal aux jambes. Heureusement que nous n'avons plus qu'a chercher la bonne cascade, celle cachée derrière une autre cascade, tout ça parmi des dizaines de cascades !

Les autres m'attendent et moi je reste plantée là comme une idiote. C'est Linaë qui me sort de ma rêverie, pour ça elle a trouvé une technique imparable, armée d'un bouteille d'eau elle s'approche de moi et la vide sur ma tête.

- C'est bon t'es réveillée là ? T'as pas hâte d'enfin voir les cascades ?

- Mais t'es folle ! A cause de toi j'ai encore moins envie de bouger...

Daerios intervient.

- Si tu bouges pas je te porte c'est pas un problème.

- On va éviter, merci.

Nous nous dirigeons vers le sentier qui doit nous amener au plus près du « portail » comme dit Asmiel, mais bon on sait tous qu'on ne va pas se retrouver devant une grande porte qui va s'ouvrir sur le monde parallèle.

Sur le chemin je profite du paysage, c'est magnifique ici. Bien-sûr il faut faire abstraction de la possibilité qu'il y ait des serpents à quelques mètres de nous, mais sinon le sentier est bordé de fleurs aux mille couleurs, et d'arbres tropicaux tous plus beaux et plus grands les uns que les autres. Tout en suivant mes amis je contemple la nature qui s'offre à moi, c'est peut-être la dernière fois que je vois un oiseau, ou une fleur. Le monde parallèle est peut-être un désert peuplé d'hommes, de femmes et d'enfants, ou bien c'est seulement une grande ville. Je ne sais pas, je fonce droit vers l'inconnu et cela me terrifie. J'ai peur de débarquer dans une société dont je ne connais pas du tout le fonctionnement. Je ne veux pas devenir mère porteuse, cette idée me répugne, au fond de moi je pense sincèrement qu'il y a une solution, je sais que Daerios en est persuadé lui aussi.

Grâce à cette nuit, je sais qu'il a déjà passé plusieurs nuits à l'abri du regard de son père à chercher une solution. Ce qui m'intrigue c'est que le dirigeant Eliad n'en a rien à faire de l'avenir de toutes les jeunes filles comme moi. Il ne se soucie pas de notre vie, de nos envies, de nos projets. Je ne comprends donc pas pourquoi Daerios cherche à nous éviter, à m'éviter de devenir une fabrique à mini-humains surnaturels.

Sé ono Waïse ilianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant