[Les Mondes de Finystria] Les Quatre Élus des Lunes Sanglantes

Chapitre II - L'Empire

Après une bonne heure de marche, ils arrivèrent enfin dans la zone où ils avaient sentis la fumée. Ils entendaient des chuchotements, et des bruits de frottements entre du métal et les feuilles, pourtant, ils ne surent pas les localiser avec précision.

« Des gens, armés qui plus est, murmura Hiro, serrant sa dague contre lui.

- On devrait continuer plus prudemment, enchaîna Twen, rechargeant son arme, et ne pouvant réprimer un frisson d'angoisse. »

Arrivant devant une sorte de camp de fortune, cachés par les broussailles, ils aperçurent plusieurs soldats de l'armée de l'Empire.

« On est mal, souffla Hiro, c'est des gardes. Ils vont essayer d'attaquer le Clan, c'est évident. On file. Vite, en silence, faut prévenir les autres. »

Alors qu'ils avaient parcouru la moitié du chemin, Twen entendit un craquement près d'eux. Un garde surgit alors, et attrapa Hiro par le bras. Ce dernier poussa un cri, faisant se retourner la jeune fille.

« Cours, espèce de débile ! hurla-t-il, t'inquiètes pas pour moi, préviens les autres, c'est le plus important ! »

Twen partit comme une flèche, grimpa à un arbre, sortit son fusil, et tira en direction du garde. La détonation siffla plusieurs secondes après qu'elle ait tiré. Tous les gardes devaient l'avoir entendu, mais le Clan aussi. Les Avancés allaient surgir, elle l'espérait. Plusieurs secondes s'écoulèrent, les oiseaux de la forêt étaient affolés, et Twen qui continuait de courir vers le camp, priant pour Hiro. Elle arriva en trombe dans le camp, où tout le monde attendait les raisons du coup de feu. Elle leur expliqua en essayant de reprendre sa respiration.

Après son récit, les Avancés étaient prêts. Un groupe composé de deux équipes se lancèrent en éclaireurs, et le reste composait les gardes, le bataillon, et l'équipe de replis.

Twen avait voulu se lancer avec les éclaireurs mais les hauts-placés avaient refusés. Elle n'était pas assez formée pour y aller. Elle resta donc assise, à espérer que Hiro s'en sorte. Ils n'avaient que très peu parlé, mais elle l'appréciait. Jun s'installa près d'elle, sur la falaise, le regard dirigé vers la forêt.

***

Il était plus de minuit passé. Les éclaireurs n'étaient toujours pas là. Twen n'en pouvais plus de cette attente qui semblait ne jamais avoir de fin. Jun venait de s'assoupir près d'elle, couché sur le bord de la falaise. Un bruit suspect alerta Twen, comme si une branche avait été écrasée par un animal. Habituellement, ce genre de bruits ne la gênait pas. Pourtant, avec l'Empire dissimulé dans les bois, difficile de ne pas se sentir agressés. « Je m'inquiète trop. Hiro est sûrement fort. Il peut s'en sortir. »

***

Hiro était trainé par le garde, qui s'était pris la balle dans le bras, mais qui restait assez lucide pour ramener son prisonnier au campement. Le jeune garçon ce débattait férocement, espérant échapper au soldat, mais ce dernier le tenait fermement. Le demi-démon ne supportait pas d'être traîné de la sorte. Au prix d'un gros effort, il réussit à se libérer de l'emprise du garde, d'un grand coup de pied en direction du visage de ce dernier, en prenant appui sur la forte poigne de son adversaire et il courut à travers les arbres, sans demander son reste. Il courut à en perdre haleine, dans une direction totalement choisie au hasard. Il finit par s'arrêter, essoufflé. Une jeune fille qui devait être à peine plus vielle que lui surgit devant lui et le fixait, la lame d'une épée en direction de son cou.

« Pas un geste, le somma-t-elle. »

Il lui fit signe de se taire, car les gardes n'étaient pas loin, il le savait. La guerrière ne sembla pas s'en préoccuper : elle examinait Hiro, chaque détail semblant l'intéresser. Ses cornes de bouc, en particulier, attirèrent son attention ; ses yeux semblaient l'impressionner. Le demi-démon dévisageait également son interlocutrice : une jeune fille, presque une fillette, les cheveux bruns coupés courts, des yeux verts profonds et un air déterminé : la jeune fille lui parut totalement banale. Elle était normale, sans cheveux étranges, et encore moins de cornes. Un bruit sourd des pas en armures leur parvint, les faisant sursauter. Hiro réagit en premier, grimpa dans l'arbre en soulevant la jeune aventurier. Une fois dans l'arbre, il lui murmura :

« Pas un bruit. »

Elle acquiesça en silence. Quelques soldats passèrent en dessous d'eux, sans les voir. Une fois qu'ils furent loin, Hiro décida qu'il était temps de rejoindre les autres. La nuit allait bientôt tomber... La personne qu'il venait de cacher en haut d'un arbre par réflexes se présenta à lui sous le nom de Hina. Il lui murmura son nom avant de filer à travers les arbres.

Hina resta bouche bée en voyant le garçon qu'elle voulait interroger prendre la fuite à travers les bois. Elle ne savait même pas si c'était un ennemi... Elle décida de le suivre sans bruit, afin d'en apprendre plus sur ce... « Comment avait-il dit ? Hi... Hi... Ah oui, Hiro.»

***

Les Lunes commencèrent à décliner quand Twen fut réveillée en sursaut par des cris stridents et le hurlement assourdissant de grosses cornes de chasse.

Jun remua près d'elle, avant d'ouvrir les yeux et découvrir une scène horrible se dérouler devant lui. Les deux jeunes Avancés restèrent assis de stupeur. Le clan était en feu, et la bataille faisait rage. Les corps commençaient à tomber, autant amis qu'ennemis. Jun ne voulais pas rester là, et commença à trembloter. L'odeur du sang lui était insupportable, elle le rendait fou. Il mit une main devant son nez, mais l'odeur paraissait provenir de son propre corps tellement elle était omniprésente. Twen, elle, voulu courir au camp. Elle devait aider les siens... Un groupe de soldat de l'Empire se dirigea alors vers eux, et Jun se recroquevilla au sol, terrifié. La jeune Avancée se leva, et brandis son fusil qu'elle avait eu la présence d'esprit de garder près d'elle. Elle commença à tirer contre les soldats adverses, mais elle se retrouva à cours de munitions. Les gardes la saisirent, mais elle eût beau tenter de se défaire de leur emprise, rien n'y fit et ils la traînèrent jusqu'à une charrette. Un des gardes lui frappa violemment la tête, et elle perdit connaissance sur le coup. Jun, lui était resté au sol, paralysé. Les gardes restant se regardèrent, et, d'un coup d'œil, ils se mirent d'accord. Ce garnement est inutile. Jun réussit à reprendre ses esprits, et se releva maladroitement, mais il avait réagi trop tard. Le jeune garçon tenta de se débattre quand l'un des soldats le saisi. Ce fut sans succès. L'homme qui le tenait le poussa dans le vide, du haut de la falaise.