« Saphir ?
- Bleuet... Ça sent le vampire. Dit-moi où il est.
- Moi pas savoir. Moi avoir croisé personne.
- Tu mens petit dragon. Et tu ferais mieux d'éviter ça. Tu as sauvé un vampire. Je t'ai vu voler dans la direction de ta grotte pendant ton tour de garde. »
Bleuet dévisagea son patron : Un jeune homme au teint pâle, avec des cernes très prononcées, des yeux noirs et des cheveux longs bleus délavés qui lui avait sûrement donné son nom, il était vêtu d'une simple chemise tâchée de sang et d'un pantalon tout troué. Le dragonnet détestait ce vampire. Il l'avait juste réduit en esclavage, et il lui faisait garder un village paumé et à moitié détruit. Et plus important, un village vide, dont la totalité des habitants avaient été massacrés par Saphir lui-même.
Le Vampire semblait énervé de ne pas obtenir de réponse de la part de Bleuet, et il sortit un morceau de parchemin roulé.
« Ne me force pas à l'utiliser. »
Bleuet souffla sur le vampire d'un air dédaigneux, avant de lui répondre que ce parchemin pouvait finir en cendre s'il s'avisait de l'utiliser. Le dragon savait pourtant que le parchemin était plus dangereux que son apparence le laissait penser. Un fil invisible reliait ce papier, Bleuet et Saphir, et il permettait à ce dernier d'user d'un grand pouvoir grâce au dragonnet. L'idée de brûler le parchemin lui était venu souvent depuis que Saphir l'avait capturé et mis à son service. Pourtant, une sorte d'aura maléfique autour du rouleau l'en dissuadait. En plus, que ferait-il s'il partait ? Saphir était la seule chose qu'il connaissait réellement, et au fond, il avait le droit à de la nourriture et un peu de liberté. Il n'était pas si mal. Et l'idée même que le parchemin puisse puiser dans son énergie pour l'utiliser contre lui-même le mettait mal à l'aise.
« Bon de toutes façons, il va bien pointer le bout de son nez un de ses jours, barre-toi maintenant. »
Le dragon déplia ses ailes et décolla en direction de la grotte où il avait déposé Jun quelques heures plus tôt.
***
Jun se réveilla dans une petite alcôve, sur un lit des mousses et de feuilles, avec un linge sur le front. Il avait terriblement mal à la tête, et son corps entier était endolori. Il ne sentait même pas la force de se relever ni même de bouger. Il ferma les yeux en sentant l'agréable odeur que dégageaient les feuilles qui lui servait de lit de fortune. Il se sentait étrangement en sécurité ici, il ne voulait pas essayer de se lever pour fuir.
Une petite heure plus tard, un bruissement et un bruit sourd résonnèrent dans la grotte, et Jun ouvrit les yeux précipitamment en tentant de se lever. Il poussa un petit cri rien qu'en tentant cet effort, avant de se recoucher en fermant les yeux, ses oreilles bourdonnant bruyamment.
Il perçu finalement une voix qu'il avait déjà entendu même s'il n'en avait qu'un vague souvenir.
« ... moi ? Hé petit homme... Toi entendre moi ? »
Jun ne répondit pas, il lui fallut un petit temps avant de comprendre le sens de ce qu'on lui disait.
« Toi bien aller ? »
Jun réussi à articuler, quoique difficilement :
« Ça va... »
Jun rouvrit les yeux et il vit le dragon avec qui il avait discuté, même si ce souvenir restait très flou.
« Qui... Êtes-vous... demanda Jun, en tentant à nouveau de ce redresser.
- Moi être Bleuet, comment toi appeler ? répondit le dragon, en l'aidant doucement dans son entreprise.
- Jun. »
***
Twen s'était assise dans un coin, près d'un des charriots renversé, pensive. Pourquoi elle ne se souvenait de rien ? Pourquoi elle avait l'impression d'oublier quelque chose d'important ? Pourquoi avait-elle l'impression de revivre cette situation régulièrement ?
Un jeune homme sortit des buissons, en lançant :
« Bonjour chers Avancés. »
Tous les Avancés levèrent la tête vers l'humain aux cheveux très foncés, presque noirs, aux yeux gris avec une expression blasée, même s'ils semblaient particulièrement enjoués en même temps. Un tatouage étrange et de couleur noir, comme... un dragon enroulé, peut-être un serpent stylisé, était visible sur sa joue droite.
« Qui es-tu ?! Tu veux finir comme les soldats ou tu préfères la vie ? hurlèrent le groupe, encore énervé par leur capture qu'ils considéraient comme une défaite cuisante.
- Je ne viens pas pour me battre, répondit-il, calme et imperturbable. Je viens vous proposer un marché. Je suis Seo, co-leader de la rébellion.
- Et qu'est-ce que tu veux ? On a rien à voir avec l'Empire et encore moins avec les rebelles. On veut être en paix.
- L'Empire veut vous asservir, alors je vous propose de vous battre pour nous. »
Il tendit une main vers Tenhiro, le supposant être le chef, et l'elfe frappa la main qu'il lui tendait.
« Jamais. »
Les Avancés poussaient des cris de joie, et ils approuvèrent en masse cet affirmation. Twen, en retrait, ne disait rien. Elle observait. Qu'est-ce qu'elle pouvait dire de toute façon ? Elle ne connaissait pas tous ces gens.
Soudain, le dit Seo se tourna vers elle.
« Et toi ? Tu n'as rien à dire petite ? »
Elle ne dit rien, se contentant d'hocher la tête.
« Tu ne veux pas revenir, petite Eve ?
- Eve ?
- Tu ne te souviens pas ?
- Se souvenir de quoi ? demanda Twen, en fixant le garçon, afin de voir si elle se rappelait. »
Il ne répondit pas, l'air triste. Il leva les yeux vers le ciel, avant de fixer à nouveau celle qu'il avait appelée « Petite Eve ».
Twen se leva, et souffla, confiante :
« Je n'ai nulle part où aller, je vous suis. »
Seo sourit :
« Heureux de te l'entendre dire, petite Eve »
Il se tourna vers les Avancés, qui s'étaient tus suite aux paroles de Twen :
« Retrouvez-moi ici demain à l'aube si vous êtes intéressés par mon offre. Les autres, rentrez chez vous si vous voulez. »
Il disparut comme il était venu, laissant planer un silence étrange.
Tenhiro s'approcha de la jeune fille, et lui demanda timidement :
« Tu vas vraiment le suivre ? Tu ne le connais pas !
- Je ne vous connais pas non plus. Vous m'avez appelée Twen, mais rien ne me prouve la véracité de vos propos. »
Sa voix avait changé, elle avait une confiance en elle qui se ressentait dans ses paroles, et sa détermination était très convaincante. Tenhiro n'insista pas, mais il ajouta :
« C'est à toi. »
Il lui remit une arme, un fusil, mais Twen ignorait comment elle savait ce que c'était.
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[Les Mondes de Finystria] Les Quatre Élus des Lunes Sanglantes
FantasyTitre Complet : [Les Mondes de Finystria] Le Clan des Avancés - Les Quatre Élus des Lunes Sanglantes *** "Les Trois Lunes brillaient d'une pâle lueur rouge, prévoyant pour tous la mort et la destruction. " *** Twen n'avait rien de particulier. Pour...