[Les Mondes de Finystria] Les Quatre Élus des Lunes Sanglantes

Chapitre IV - Marche vers la Capitale

Hina marchait en tête, fière d'avoir rencontré un allié. Enfin ce n'était pas vraiment comme ça que c'était déroulé la conversation...

« J'ai qu'à t'accompagner ! Ce genre de convois de prisonniers va toujours en direction de la capitale, et j'ai quelqu'un à retrouver là-bas aussi ! Allons y ensemble ! »

Hina secoua la tête. Au moins elle n'était plus seule dans sa quête.

Hiro n'était pas à l'aise avec cette gamine. Elle respirait tout le temps la bonne humeur, alors que rien ne permettait de se réjouir vu sa situation. Enfin, pas pour lui. Mais avoir une alliée en Terre hostile n'était pas de refus.

Hina se retourna alors :

« Hé ! C'est quoi tes cornes en fait ? T'es un démon ? Qu'est-ce tu fais à Finystria ?

- Tu es insupportable...Pourquoi j'ai accepté ta compagnie ?

- Ça ne répond pas à ma question.

- Je n'ai pas à te répondre. Tu ne comprendrais pas, t'es juste une humaine banale. »

Hina sembla réfléchir, et fini par lâcher que c'était tant mieux si elle paraissait normale, et que ça l'arrangerait. Le demi-démon la dévisageait et la jeune fille sourit. Elle vint se placer vers son oreille, et elle chuchota :

« Je suis une fée. »

Il devait apparemment faire une tête improbable car elle éclata de rire.

Elle commença à lui raconter qu'elle avait dû fuir sa maison après les recherches intensives de l 'Empire dans le but de capturer toutes les fées, et comment sa famille avait réussi à fuir.

« J'ai perdu ma sœur pendant le voyage. Capturée. C'est pour cette raison que je me rends à la capitale. J'ai été entraînée au maniement de l'épée pour pouvoir me défendre, et je suis partie en douce de chez moi. J'ai suivi plusieurs convois marchands, mais aucuns ne se rendaient à la capitale. J'ai fini par suivre un convoi militaire, qui m'a conduit jusqu'à ton camp. Si on le retrouve, on ne pourra pas se tromper de route ! »

L'insouciance de la jeune fille le dégoûtait. Elle avait préféré suivre des convois pour visiter le monde plutôt qu'acheter une carte pour arriver directement à sa destination. Et elle espérait retrouver sa sœur ! Il lui posa directement la question, et elle lui répondit juste : « Je ne sais pas lire une carte. » Cette réponse le mit encore plus en rogne. Il accompagnait une incapable jusqu'à la capitale, et en plus, il ne savait même pas pourquoi il faisait ça. L'équipe de Grey, c'était ni ses amis et encore moins une famille. Alors pourquoi il allait les chercher ?

***

Hiro resta plongé dans ses pensées pendant tout le trajet.

Les paysages paisibles étaient les seuls éléments reposants pour lui, les oiseaux chantaient, les feuilles bruissaient... Un moment, Hiro cru voir un petit Dragon, mais Hina lui fit remarquer que c'était impossible, qu'il délirait.

Après plusieurs heures de marche, ils firent une pause dans une grande plaine entourée d'arbres. Hiro eu un mauvais pressentiment, mais il le plaça sur le compte de la fatigue. Hina prépara le campement pour la nuit pendant que Hiro allait chercher du bois, ils mangèrent et Hiro partit se coucher. La jeune fille en déduisit qu'elle prenait le premier tour de garde. Elle sortit un carnet de son sac, et commença à écrire sa journée, comme elle le faisait habituellement. Elle aimait garder une trace de ses aventures. Elle avait commencé ce journal peu avant qu'elle avait dû fuir, et maintenant, pour elle ce carnet représentait la seule chose qu'elle laisserait en allant au Paradis. Elle voulait qu'on se souvienne de son périple à la recherche de sa sœur capturé par un Empire corrompu qui souhaitait l'extermination de sa race.

La nuit se passa finalement sans encombre, et ils repartir dès l'aube.

« Pas de temps à perdre, souffla Hiro, à peine leur en-cas du matin englouti.

***

Jun sentait peu à peu l'air devenir plus chaud et plus humide. Le fleuve partit au bout d'un moment dans une autre direction, et Jun le suivit. Il vit la végétation changer, et les arbres devenir plus rares. Il sentait qu'il quittait les bois pour aller en direction des côtes. Il avait déjà vu des cartes de Finystria, et il avait une assez bonne mémoire pour savoir où il allait. En suivant les côtes, il espérait trouver un village près à l'accueillir et le soigner. Son bras continuait à le faire souffrir, et ses jambes commençaient à avoir du mal à le porter.

La nuit allait tomber quand enfin il tomba sur ce qu'il cherchait. Un petit village de pêche. Il entra dans le village, et immédiatement il eut une impression étrange : les maisons semblaient vielles et abandonnées, aucunes lumières, aucune vie... Un geste dans l'obscurité attira son attention, et il esquiva juste à temps l'attaque d'un dragon. Ce dernier le dépassait d'une tête, il avait des ailes massives, des grosses pattes avec des griffes aiguisées, un long cou surmonté d'une tête bestiale.

Jun trébucha à cause d'un trou, et la bête en profita pour le clouer au sol. Le demi-elfe entendit alors une voix :

« Alors petit être... Comme ça, voler le territoire de Saphir toi essayer? Saphir pas être content. Toi mourir si Saphir trouver toi. Toi mieux devoir fuir. »

Jun resta abasourdi au sol. Il n'arrivait plus à bouger, la fatigue et la douleur avait raison de lui. Il savait que les dragons parlaient par télépathie, mais il prononça tout de même sa phrase à haute voix :

« Je ne peux pas bouger... Je n'en peux plus.

- Moi emmener toi en sécurité. Mais si Saphir voir moi pas là, ou si Saphir trouver toi, moi et toi morts.

- Merci... »

Jun sentit les griffes du Dragon le saisir par le col et doucement le porter sur son dos.

« Toi aller bien ? »

Jun ne répondit pas, il s'était endormit à cause de la fatigue. Il n'avait pas dormi depuis sa chute, et la douleur l'avait beaucoup fatigué.

Le Dragon vola pendant quelques minutes, pour enfin se poser dans une grotte, un endroit surélevé de la côte, au creux de la falaise. Il déposa délicatement le demi-elfe au sol et il prépara une couchette en feuilles dans un recoin en hauteur où il coucha Jun. Ce dernier dormait toujours, mais il commençait à avoir de la fièvre. Le dragon déposa un tissu humide sur le front de son protégé, et il partit.