Thé à la cannelle ↝ Peter Parker

∞ B O N U S - Un Noël fracassant ∞

            Ripley avait toujours détesté le Père Noël. Déjà, parce qu'il ne lui avait jamais apporté les cadeaux qu'elle demandait. Ensuite, parce qu'il ne s'était jamais montré, alors qu'elle avait veillé, l'attendant impatiemment en face de la cheminée, tombant sur place de fatigue. Et enfin, parce que c'était un imposteur. Elle ne comptait plus le nombre de barbes qu'elle avait tiré, le nombre de pantalons rouges qu'elle avait souillé en faisant pipi sur le gros bonhomme exprès, le regardant d'un air malicieux. Et elle ne comptait plus le nombre de questions idiotes qu'elle lui avait posé, bien que l'une d'entre elle soit restée gravée dans son esprit, et qui était « Vos lutins, est-ce que ce sont des petits chinois ? ». Le gros monsieur l'avait regardé d'une drôle de façon, alors que son père et sa mère avaient grimacé. Non, Ripley n'avait jamais été facile à berner, et avait toujours été sans gêne. Pas de filtre avec elle, c'était certain. 

Alors, quand elle avait aperçu le Père Noël lui-même en train de braquer une banque, elle avait sautillé sur place avant de venir à sa rencontre, s'appuyant contre le lampadaire qui se trouvait juste devant la banque. Hors de question qu'elle laisse passer sa chance de ridiculiser une fois de plus ce monsieur à la longue barbe blanche. 

- Vous allez souvent chez le barbier ?

Les trois hommes, qui n'étaient autres que le Père Noël et deux de ses lutins, s'étaient retournés dans un sursaut et avaient lâché un juron en la voyant. Cela avait fait plisser les yeux de Ripley, dissimulée derrière son masque de combattante. 

- Non sérieux, c'est pas possible d'avoir une barbe aussi impeccable autrement ! Quand vous mangez votre soupe, elle doit forcément tremper dedans et devenir jaune ! Ou alors, vous êtes un pro de la soupe et vous faites une tresse avec votre barbe pour l'empêcher de faire trempette ? Ce serait vraiment astucieux !

Les trois hommes se lancèrent un regard puis, d'un même mouvement, foncèrent vers elle. Ou du moins, seulement les deux lutins, le Père Noël fourrant les derniers billets qu'il pouvait ramasser dans un grand sac qui faisait office de hotte. Ripley soupira et n'eut qu'à donner un puissant coup de poing aux deux lutins pour qu'ils partent s'écraser contre le mur de la banque, laissant la trace de leurs corps dessus. 

- Petits, mais pas très costauds. Je suis déçue, annonça Ripley en faisant la moue.

Elle regarda le Père Noël partir en courant, ce qui la fit soupirer alors qu'elle avait ses bras croisés contre son torse. Sa hotte se balançait dans son dos, le ralentissant tant elle avait été remplie. 

- Faire du sport le jour de Noël, sérieux ? C'est pas cool, je vais régurgiter mon foie gras...

Lâchant un dernier soupir, elle s'élança à la poursuite du voleur, courant aussi vite qu'elle le pouvait. Elle possédait une force surhumaine, mais pas la faculté de voler, malheureusement. En revanche, elle était plutôt sportive, ce qui lui permit de garder une cadence soutenue, même si l'homme devant elle était à plusieurs mètres d'elle, étant manifestement lui aussi en grande forme. Encore un mystère sur le Père Noël qu'elle devrait résoudre... 

Le Père Noël tourna brusquement dans une ruelle, et elle dérapa en tentant de tourner à son tour, avant de s'engager dans la rue, bousculant quelques personnes se trouvant sur son passage en grommelant des excuses. Aucun d'entre eux ne trouvait suspect de voir un homme déguisé en Père Noël se faire la malle avec une hotte remplie de billets, dont certains tombaient durant sa course tant elle était pleine. En passant, Ripley en ramassant quelques uns, qui lui venaient en plein visage. Elle manqua même de s'étouffer avec l'un d'entre eux, qui rentra dans sa bouche alors qu'elle chantait « Jingle Bell Rock », et le ressortit in-extremis. 

- Le Père Noël est une ordure ! cria-t-elle au beau milieu de la rue.

En passant à côté de gens qui la regardaient avec de grands yeux, elle donna ses billets tout en continuant à courir derrière le voleur, souhaitant un « joyeux Noël » essoufflé aux petits chanceux qui s'étaient retrouvés avec des billets dans la main sans avoir rien demandé à personne. Ripley commençait à fatiguer, ralentissant l'allure, creusant l'écart entre celui qu'elle poursuivait et elle. Ils ressurgirent au beau milieu des rues de New-York, où du monde passait encore malgré le fait qu'on soit le soir du 24 décembre, le jour du réveillon. Elle dû jouer des coudes et tendre le coup pour ne pas perdre le voleur du regard.