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— Salut.

J'ouvre les yeux et découvre ma tortionnaire appuyée contre le chambranle de la porte, bras et jambes croisés.

— Salut, lui renvoyé-je dans un souffle qui en dit long sur la joie que j'éprouve à la voir dans ma chambre.

Elle ne dit rien de plus et reste dans la même position, fixant sur moi un regard, je dirais inquisiteur.

C'est dingue comme on peut se sentir diminué, quand on est allongé dans un lit d'hôpital. Le silence de Célia me met presque mal à l'aise, si bien que dans un geste nerveux, je remonte le drap sur mon torse nu, même si elle ne l'a regardé à aucun moment.

Au bout d'un instant, elle finit par bouger et parler, sans se départir de ce regard indéfinissable. Il n'est ni assassin ni hautain, pas plus que son ton ne laisse transparaître une quelconque animosité. Pour autant, je ne décèle aucune bienveillance en eux.

— Il y a de grandes chances pour que tu sortes demain matin, me lâche-t-elle en s'approchant du pied de mon lit.

— Bien. Tant mieux. Je ne suis ici que depuis vingt-quatre heures, mais je me fais chier et la bouffe est dégueulasse.

— Je peux t'amener quelque chose si tu veux.

Je croirais presque à de la gentillesse si elle n'avait pas balancé sa proposition avec autant de nonchalance, voire de froideur.

— Ça va aller. Mais merci, décliné-je cependant poliment.

Un ange supplémentaire passe dans la chambre.

Célia m'observe toujours et bon sang, je ne suis pas fichu de déceler chez elle la moindre émotion. Elle commence vraiment à me faire flipper. Étrangement, me vient en tête qu'un des premiers fantasmes chez les hommes est : les nanas en tenue d'infirmière. Eh bien, en l'instant, celle que j'ai sous les yeux est loin de me faire bander ! Elle porte à ravir son pantalon et sa tunique blancs, mais ils ne suffisent pas à évincer son air de sociopathe, ni à déclencher chez moi une quelconque excitation.

Finalement, après avoir soufflé sur une mèche de ses cheveux échappée de sa queue de cheval, l'écartant ainsi de ses yeux, Célia prend de nouveau la parole.

— Une collègue va venir te retirer la sonde vésicale.

— Une collègue ? Tu ne vas pas enlever toi-même ce que tu as posé ? lui demandé-je avec un soupçon d'arrogance, lorsque j'aperçois le rose envahir ses joues.

— Il serait dommage que tout le monde ne profite pas de maxi-William, non ? me rétorque-t-elle du tac au tac en retrouvant enfin un soupçon d'affront et je dirais, de joie.

— Je suis désolé de t'avoir traitée de conne.

Je ne sais même pas pourquoi je lui ai dit ça. Je me sens si con dans ce lit, à poil, que j'en perds mes moyens. Apparemment, elle ne s'y attendait pas non plus. Elle baisse un court instant la tête, et je suis certain qu'elle serre uniquement ses lèvres pour ne pas sourire davantage.

— Moi, je n'ai aucun regret pour quoique ce soit ! me surprend-elle néanmoins, en posant sur moi un regard plein de malice.

La garce ! Elle me sort ça sur un air enjoué en se dandinant de gauche à droite, comme une sale gamine le ferait.

— Bien, je te laisse. J'en ai fini avec mon service et j'ai très envie d'aller me baigner ! Je passe le relais à ma merveilleuse collègue, Andréa dite Andy. Tu verras, elle va te plaire. Il me semble que tu aimes les blondes, non ? termine-t-elle dos à moi.

WillOù les histoires vivent. Découvrez maintenant