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Deux couples d'amis de Vincent et Simon nous rejoignent pour l'apéro.

Thibault et Matthieu étaient à l'école de Kiné avec mes potes, et tout comme eux, ils bossent maintenant à l'hôpital Pellegrin. Ce n'est pas souvent qu'ils les invitent à nos soirées, mais leur maison de vacances est proche de la mienne, et comme on dit chez nous, plus on est de poivrots mieux on boit. Ces deux gars sont plutôt cools et leurs copines sympas.

Alors qu'il fait à présent nuit, l'ambiance sur la terrasse est bon enfant. Les minutes défilent, se transformant rapidement en heures.

Célia s'est intégrée au groupe avec facilité. Elle discute avec les deux nanas, Anne et Sophie, sans être désagréable ni avec elles ni envers moi. À vrai dire, elle m'a oublié, et il faut reconnaître que ça fait un bien fou. Enfin, je crois.

Elle semble s'amuser, et ma foi, le rire lui va bien. Ses yeux prennent un éclat qui adoucit leur noirceur, et je trouverais presque craquant le pli que fait son nez à chaque fois qu'elle sourit. Seule ombre à ce joli tableau, après s'être finalement douchée, elle a passé un tee-shirt, ainsi qu'une veste de sweat grise que je lui ai prêtée, parce qu'elle avait froid. Ciao les petits triangles noirs qui mettaient si bien en valeur ses seins et laissaient une vue parfaite sur son ventre doré.

Je la regarde de temps à autre alterner entre sourire et bâillement. Elle paraît exténuée, mais elle ne me demande à aucun moment de la ramener.

— Est-ce que quelqu'un peut m'expliquer pourquoi toi, tu n'as plus de cheveux, et pourquoi lui a une main au milieu du visage ? s'impose une voix familière au milieu des nôtres.

— Hé, Terence mon pote ! C'est une longue histoire, m'adressé-je à mon ami en le prenant dans mes bras. Content que tu sois enfin là. Pose tes affaires et prends un verre.

— Manquait plus que lui...

Célia, qui a parlé suffisamment fort pour être entendue par le concerné, semble parfaitement assumer son intervention. Elle fixe avec dédain un Terence au regard glacial, mais cette fois, elle ne flanche pas et ne baisse pas les yeux.

— Un problème avec moi ? lui souffle alors ce dernier d'une voix tendue.

— Aucun non. William, tu peux me ramener maintenant ? me demande-t-elle en se levant de sa chaise.

— On n'est pas pressés, prends un dernier verre, lui proposé-je, histoire d'apaiser les tensions. Il faut que je parle à Terence.

— Moi, je suis pressée. Il est tard et je bosse demain matin.

— Mais qu'est-ce qu'elle fait là elle ? me demande mon ami, tandis que nous nous éloignons du jardin et du groupe.

— Ça aussi c'est une longue histoire.

— Ça fait beaucoup d'histoires, Will. Par laquelle comptes-tu commencer ?

— Dis-moi d'abord comment tu vas.

Terence a l'air fatigué. Ses traits sont tirés et son expression est encore plus triste qu'habituellement. Je le déleste de son sac de voyage et des deux casques de moto que je pose dans l'entrée de la maison. Il retire son blouson de cuir qu'il accroche à la patère, et il m'emboîte le pas en direction de la cuisine.

— Ça va, me répond-il finalement, plus par automatisme que par réel souci de le faire. J'ai fait ce que j'avais à faire, et ce soir je suis là.

— Bière ?

— Bière.

Comme envisagé, il ne m'en dit pas davantage, et je ne lui pose pas non plus d'autres questions concernant son séjour dans les Pyrénées.

WillOù les histoires vivent. Découvrez maintenant