21~Elinore

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Je ferme doucement la porte. Mon téléphone à la main je me dirige vers mon lieu de rendez-vous où je dois retrouver Louis. Il m'a envoyé l'adresse du café qui se trouve sur une place près de la digue apparemment. Je suis partie un peu plus tôt pour pouvoir faire un tour et apprendre à connaître ce coin de la ville. Je n'habite pas très loin du port et, d'après ce que m'indique mon téléphone, je devrais mettre une petite dizaine minutes pour m'y rendre.

La ville est plus accueillante que je ne l'aurai cru. Peut-être car je n'ai plus à faire face à mon ancienne vie...

Malgré le ciel grisâtre du printemps la vue du port est agréable et devant cette immensité qu'est l'océan j'oublie mes soucis quelques temps. Nous sommes insignifiants. De si petites choses comparées au monde qui nous entoure. Face à ce paysage ma vie et les ennuis qui vont avec ne sont rien. L'immensité du monde est presque étouffante. Nous ne sommes rien. Seulement des âmes passagères qui disparaissent si vite contrairement à l'univers. Cette grandeur infinie me fait peur. Parfois, je rêve de m'y noyer, d'être si angoissée que je disparaîtrais.

Des cris me sortent de ma contemplation.

Je me retourne vivement et remarque un brun qui tient un blond par le col. Le brun est bien plus costaud et son adversaire n'a aucune chance. Le plus grand lui assène un énorme coup de point qui le projette à terre. Le blond ne tente même pas de riposter lorsque l'autre se poste au-dessus de lui pour enchaîner coup sur coup. Moi je reste planter là. Les visages se déforment pour en devenir d'autres.

Je revois tout. Ils sont là en train de se battre devant moi. Je cris mais personne ne semble m'entendre. Lui prend le dessus et...

Je sort de ma trans et me précipite vers les deux garçons pour les séparer. Je pose ma main sur l'épaule du premier et une chaleur inhabituelle m'envahit. La même chaleur que celle que je ressens quand je suis - trop - proche d'Armand. Il se retourne et a l'air aussi étonné que moi...

Une lueur que je ne parviens pas à identifier passe dans ces yeux. Il se relève et s'apprête à partir. Je l'attrape vivement par le bras sans oublier de vite briser se faible contact une fois qu'il est retourné.

- Tu comptes vraiment partir comme ça ?

Il soupire et son visage se ferme avant qu'il ne réplique :

- Pour quelqu'un qui n'est pas censé
parler je trouve que tu le fais un peu trop.

J'encaisse le coup. Il a raison. Je ne devrai pas m'emmêler, ce ne sont pas mes affaires. Seulement, maintenant, je suis trop impliquée. Je veux savoir qu'elles étaient ses intentions, ses motivations. S'il a des ennuis je ne veux pas qu'il finisse comme Thomas. J'ignore donc sa pique et enchaîne :

- Pourquoi tu étais en train de le frapper ?

Mon ton était, je l'espère, assez autoritaire pour qu'il me réponde. Mais il se met à marcher en direction du centre ville.

- Oh ! Armand ! le hélé-je.

Il ne daigne pas me répondre. Je sens qu'il va m'agacer...

- Je m'en fiche, je vais continuer à parler jusqu'à ce que tu me répondes même si je suis en retard à mon rendez-vous, même si...

- Ton rendez-vous ?! me coupe-t-il.

Je le regarde hébétée.

- Quoi ? Tu crois que je n'ai pas de vie sociale, craché-je amèrement.

Même si c'est la pure vérité, j'ai du
mal à l'admettre.

- Si mais...

- Non. Laisse tomber. Dis-moi plutôt pourquoi tu taper ce blondinet, ordonné-je.

PassionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant