~ Chapitre 2 ~

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Il est actuellement quatorze heures et l'hôtel le plus proche, le Celestium, est à une heure de marche. Pas la peine d'essayer, j'ai appris à mes dépens que les rues sont dangereuses, aussi bien la nuit que quand le soleil est à son zénith. Je devais être âgée de dix ans quand cela s'est produit. Une jeune femme s'est faite violenter devant mes yeux. J'aurai voulu appeler la police, comme tout bon citoyen, mais la fille en question a été sauvée par un mystérieux justicier. Après cela, j'ai continué ma route, marchant d'un pas rapide et peu assuré.

J'opte pour un taxi. J'aurais voulu retomber sur Joël, la personne qui m'a conduite jusqu'ici, mais ce n'était pas possible. À cette heure-ci, il doit déjà se hâter pour demander la main de sa future femme. Mais peu importe, j'ai tout de même appelé Taxi Faster. Je suis tombée sur une femme blonde, un peu ronde.

— Bonjour et merci d'avoir fait appel à Taxi Faster. Je suis Patricia et je vous accompagnerai jusqu'à votre lieu de destination. Donc, où dois-je vous emmener ?

Son texte ressemble à une récitation. Ce n'est pas très agréable. Pourtant, si je souhaite atteindre ma destination, il faut que je passe outre.

— Au Celestium, je vous prie.

— Oh, c'est à vingt minutes. Je vous demanderai de bien vouloir payer maintenant pour éviter tout désagrément. Alors, liquide ou carte bancaire ?

— Cela dépend du prix.

— Vingt minutes, route libre, peu de feux, tarif de nuit. Je dirais sept euros, tout rond.

— Très bien. Alors, ce sera en liquide. Tenez.

— Je vous remercie et espère que vous passerez une bonne route en ma compagnie.

Eh bien, comme je le pensais, ce trajet se passe dans un silence de tombe. Mais, au moins, on peut dire qu'elle a été sérieuse dans son travail. Elle veut bien faire les choses, c'est évident. Néanmoins, je ne sais pas si elle apprécie réellement ce qu'elle fait. Son expression est neutre. Peut-être même un peu trop.

Le Celestium est un endroit magnifique. Du moins, l'extérieur est frappant. L'écriture est joliment calligraphiée et de couleur or, les murs sont formés de briques rouges repeintes. Cela donne un vrai côté luxueux et classe. Mais je n'avais pas encore vu l'intérieur. C'est tout bonnement splendide. Les lustres offrent une lumière agréable. La moquette grise s'accorde parfaitement avec le rouge vif qui émane des murs, comme pour l'extérieur. Ça, c'est un établissement de luxe, ou je ne m'y connais pas.

J'arrive enfin devant l'hôtesse de caisse de l'accueil. Bien trop occupée pour le moment, elle me demande de bien vouloir patienter quelques instants. Je profite de cette petite pause pour consulter mon téléphone. Un message de ma mère m'arrive alors. Pendant toutes ces années, c'est de cette manière que nous avons gardé contact. J'avais régulièrement de ses nouvelles et elle des miennes. Bien évidemment, rien ne vaut le face-à-face.

De : Mère
À : Mila

J'aimerais vraiment que tu te joignes à nous pour ce dîner. Cela fait tellement longtemps que je ne t'ai pas vue.

De : Mila

À : Mère

As-tu pensé à la colère de Père, quand il me verra ?

La réponse ne se fit pas attendre. Elle devait avoir gardé son téléphone près d'elle.

De : Mère
À : Mila

Je suis chez moi, tout comme lui. Si je souhaite te faire participer à un dîner, il ne pourra pas l'empêcher.

De : Mila
À : Mère

Je serai là. Tu peux poser un couvert de plus.

Le sourire aux lèvres, je relève la tête vers l'hôtesse, pour vérifier que je peux enfin demander une chambre. Alors, que je me dirige vers son bureau, un inconnu fit irruption devant moi et décide de me passer devant. La rage commençait à bouillonner en moi quand je l'entends insulter l'hôtesse. Elle lui faisait seulement remarquer que j'étais là avant lui. Pour qui se prend-il, cet énergumène ? Chacun son tour.

— Me revoici, madame. Donc...

— Excuse-nous, furie nocturne. Tu ne vois pas que je discutais déjà avec cette charmante demoiselle.

Le regard transperçant de ce jeune homme avait déjà fait oublier à la réceptionniste qu'il l'avait traitée de tous les noms, quelques minutes auparavant. Hélas pour lui, je ne suis plus du genre à me laisser marcher sur les pieds. Encore moins par un être hautain et insignifiant tel que lui.

— Pardon, cher monsieur, on s'est mal compris. J'étais là avant vous. Donc, vous allez gentiment sortir de ma vue avant que je ne commence à sortir de mes gonds.

— Sinon quoi, ma jolie. Tu vas me rentrer tes ongles dans la peau ?

Un sourire satisfait commence à se dessiner sur son visage parfait. J'allais m'apprêter à rétorquer quand nous fûmes interrompus dans notre discussion. Un monsieur âgé fait irruption. Vêtu d'un costume trois pièces taillées sur mesure, il respire l'élégance. Et sa femme, chic comme pour un rendez-vous, resplendit dans sa longue robe de satin grise. En y regardant de plus près, on pourrait croire que ce sont les parents du type. Je n'allais pas tarder à avoir ma réponse.

— Mon fils, il faut que l'on se dépêche. Nous avons à faire.

— Très bien, Père. J'arrive dans l'immédiat. Quant à toi, tu as de la chance que je sois attendu.

— C'est cela. Au plaisir de ne jamais revoir ton visage.

— Mais de même, furie nocturne, rétorqua-t-il avec toujours ce même sourire.

Enfin débarrassée de cette famille, je peux désormais discuter de mes conditions d'hébergement.

— Eh bien, Madame, quel garçon mouvementé.

— C'est le cas de le dire. Mais je ne suis pas venue ici pour parler de lui. Je voudrais une chambre spacieuse, avec vue sur la ville. Avez-vous la possibilité de m'en offrir une ?

— Je regarde, je regarde. Oui, la chambre 266, dernier étage. La salle de bain est privatisée et vous avez une petite cuisine à disposition.

— Quel bonheur, je vais pouvoir m'assoupir quelques heures avant de retourner voir mes parents. Je vous dois combien pour... disons... six nuits ?

— On est à cent cinquante-deux euros la nuit, petit déjeuner compris. Souhaitez-vous opter pour le tarif annulation ?

— Pourriez-vous me donner plus d'informations à ce sujet, je vous prie ?

— Bien évidemment. À hauteur de trente euros, si vous souhaitez annuler une montée de repas ou une nuit, elle vous sera remboursée.

— Très bien, vous pouvez me l'ajouter.

— Donc, neuf cent douze euros, auxquels j'ajoute les cinquante du tarif annulation, vous devez neuf cent soixante-deux euros à l'hôtel.

Je me charge donc de payer mon dû à cette demoiselle, tandis que mes valises prennent la direction de ma chambre.

À mon tour, je me dirige vers cette dernière. Je suis tellement éreintée, que je ne prends pas le temps d'admirer cette superbe vue. Je mets mon réveil à sonner pour 17 h 30 et je tombe dans les bras de Morphée, plus rapidement qu'un guépard qui court pour pourchasser son repas. Je ne pense plus aux quelques heures qui me séparent d'une nouvelle confrontation avec mon père.

NDA : Un homme entre en scène dans ce second chapitre. Saurez-vous deviner de qui il s'agit ?  

WANNA - Hate You / T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant