~ Chapitre 6 ~

17 1 0
                                    

Lui et moi, ça fait longtemps que l'on se connaît. Quand j'étais plus petite, c'est toujours lui que j'appelais pour me venir en aide. Quand j'avais un genou écorché ou quand je n'arrivais pas à grimper seule sur cette « balançoire de géants », comme il disait. Même pour ma première peine de cœur. Il a toujours été là. Je remercie tous les jours mes parents de m'avoir conçue en seconde. Bon, c'est vrai que ce n'est pas forcément de leur ressort, mais tout de même. Avoir eu un grand frère comme Marvin m'a été plus que bénéfique. Du moins, jusqu'à ce qu'il la choisisse, elle. Il aurait pu rester avec Miranda. Mais non, il a fallu qu'il tombe amoureux de cette fille de joie blonde aux cheveux mal entretenus. Pour lui, je peux faire tous les sacrifices du monde, mais je sais que ne résisterai pas à balancer ma main dans la figure de sa copine, si l'occasion s'en présentait. Elle a fait de ma vie un enfer et je ne compte pas me venger. Enfin, pas tant qu'elle sera en couple avec mon frère.

Quand j'arrive devant chez lui, la même angoisse qu'hier prend le dessus sur moi. Lui non plus n'était pas très favorable à l'idée que je parte sans lui. Et ne pas lui avoir dit au revoir, rend la chose encore plus difficile. Il ne faut pas croire que je suis une pétasse sans cervelle, qui a oublié son frère. J'étais plutôt tellement choquée par la réaction de mon Père, que tout m'est sorti de la tête. Cela inclut également l'idée d'appeler Marvin avant de monter dans ce train.

Je m'empresse de détailler son parking et, étrangement, la voiture de sa copine n'est pas là. Il n'y a seulement que son Alfa Romeo noir qui traîne à sa place habituelle. Au moins, je n'aurais pas à supporter sa voix de mégère dans mes oreilles. C'est un bon point. Au moment où je m'apprête à sonner, la porte s'ouvre violemment sur un grand homme aux cheveux châtains. Il porte son costume trois-pièces, prêt pour aller conduire des gens. Mon frère n'a pas changé d'un poil. La porte se ferme dans un fracas saisissant. Il daigne poser les yeux sur moi. Dès que ses pupilles rencontrent les miennes, je reconnais la surprise qui s'y installe.

— Mila ? Dites-moi que c'est une blague. Tu ne pouvais pas tomber plus mal.

— Salut, grand frère. Je vais très bien, merci. Toi, tu as l'air en pleine forme.

— Donne-moi juste deux minutes.

Son sourire, aussi étrange que cela puisse paraître, était parfaitement honnête et sincère. Ne m'en voulait-il plus pour mon oubli ?

- Bonjour, monsieur. Je crois que j'aurais un peu de retard. 

- ...

- Oui, j'ai un petit contre-temps.

- ...

- Je ne peux pas vous en dire plus. Je ne sais pas combien de temps cela durera. C'est un problème familial.

- ...

- Bien sûr, monsieur. Pas de soucis. Je vous remercie.

Au moins, cette conversation aura eu le mérite d'être limpide. Des explications s'imposent, je crois. 

— Je peux savoir ce que tu fais ici, Mila. 

— Le « contre-temps » voulait juste te saluer. Mais, apparemment, je suis mal tombée. Je crois que je ferais mieux de partir. J'ai entendu assez d'insultes comme cela depuis mon retour. 

— Non, Mila. Tu sais très bien que ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Elle va revenir d'une minute à l'autre et je ne veux pas que ça se passe comme la dernière fois, tu comprends.

— Oh que oui, je comprends. Encore une fois, c'est elle que tu décides de choisir. Il n'y a pas de soucis. 

— Tes conclusions sont toujours aussi farfelues. Si tu me laissais le temps de finir, tu aurais pu comprendre que je voulais t'inviter à entrer. En attendant qu'elle finisse de faire les courses, on peut discuter. Allez, suis-moi. 

Une fois arrivés dans son appartement, je cherche ma place favorite sur son grand canapé-lit. Même si je sais que l'on doit parler, je me sens ici comme chez moi. J'avais l'habitude d'y passer tous mes week-ends, jusqu'à ce qu'elle commence à lui tourner autour. Je venais de moins en moins souvent puis mes visites ont totalement cessé, et je suis partie. 

— Un lait avec deux sucres et un soupçon de cannelle, comme tu l'aimes. 

— Je vois que tu connais toujours autant mes goûts.

— Comment aurais-je pu l'oublier ? C'était celui que Père nous préparait, quand on était de petits enfants. En parlant de ça, as-tu vu les parents ? Depuis combien de temps es-tu revenue ? Que peux-tu me dire de Paris ? As-tu finalement rencontré l'homme idéal ? 

— Marvin, du calme. Tu es pire qu'une fille, là. Alors, Paris est l'une des plus belles villes du monde. Si ce n'est la plus belle. Tout ce que j'ai pu voir m'a émerveillée. On dit que les parisiens sont ronchons et c'est vrai. Mais pas tous. Il faut que je te présente Richard, d'ailleurs. J'avais un petit temps de repos, c'est pour ça que je suis revenue. Je suis arrivée hier et, la première chose que j'ai faite, c'est d'aller les voir. Mais ça s'est mal passé.

— Comment ça ?

Avec mon frère, je sais que je peux parler de tout. Même s'il n'aime pas que les gens, en particulier les hommes, me tournent autour, je pense qu'il appréciera Richard. J'en ai appris beaucoup de choses en discutant avec lui, d'ailleurs. Certaines d'entre elles ont failli me faire sortir de mes gonds. Il va la demander en mariage. Et il compte le faire dans le mois. Comment cela est possible, comment peut-il être aveugle à ce point ? Elle était la commanditaire des attaques orchestrées contre mon physique. D'accord, je n'avais pas le ventre des mannequins. D'accord, j'étais plus proche de la ligne du surpoids, que celle du poids idéal. D'accord, je m'essoufflais très rapidement. Mais je sentais bien. C'était ce qui m'importait le plus, avant qu'elle n'arrive. Et justement, quand on parle du loup.

— Coucou chéri. J'ai amené Derreck, j'espère que... Mais regardez qui voilà. Salut Mila. Ça fait longtemps. Comment vas-tu, depuis le temps ?


Soudain, tout s'assembla dans son esprit. J'avais déjà entendu ce nom, mais je n'avais pas eu ce déclic. Jusqu'à maintenant. O'Flannagan. Derreck et Delinda sont de la même famille. Pire encore, cette couleur bleue chatoyante de leurs yeux est exactement similaire. Ils sont frère et sœur. 

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Sep 23, 2019 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

WANNA - Hate You / T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant