~ Chapitre 4 ~

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Devant ma mine déconfite, lui, sourit comme idiot. Mais qu'ai-je fait au bon Dieu pour me retrouver une nouvelle fois devant cet être sans gênes. Et puis, pourquoi ne fait-il pas demi-tour ? Personne n'aime assister aux dîners d'affaire de ses parents. Encore moins si l'on retombe sur une personne que l'on voulait à tout prix éviter. Mais, apparemment, il n'est pas sur la même longueur d'ondes que moi. Bien au contraire, cette situation a l'air de l'enchanter plus que de nécessaire.

— Et bien, mon cœur, tu as perdu ta langue ? me fait remarquer ma Mère

— Pardon ?

Je crains d'avoir manqué beaucoup trop de palabres. Où en sont-ils déjà ?

— Tu as oublié la politesse, jeune fille. Quand on reçoit des invités, on se doit de les accueillir.

Ma patience a des limites. Il ose m'adresser la parole après le scandale qu'il a laissé éclater ce matin ? Cet homme ne manque pas de toupet.

— Veuillez excuser mon impolitesse. Je vous souhaite la bienvenue chez mes parents. Si vous voulez bien me suivre.

Sans un mot, toutes les personnes qui se trouvaient derrière moi emboîtent mon pas. Bien moins gênée que tout à l'heure, c'est avec grâce et discipline que je conduis les invités jusqu'à leurs places respectives.

— Mademoiselle, est-ce vous que l'on a aperçu dans l'hôtel ?

— C'était bien moi. Mais, sauf votre respect, il est hors de question que je présente mes excuses à votre fils.

— Milena, je te demande un peu de tenue ! reprit mon Père, comme sortit de sa transe.

— Non, Rodrigue, laissez. Votre fille a un tempérament de feu, mais elle n'est pas en tort.

Le jeune homme qui riait tout à l'heure, vient de perdre son sourire. À la place, il me lance un regard qui pourrait en faire trembler plus d'un. On dirait presque que des éclairs sortent de ses yeux pour atterrir dans les miens. C'est à mon tour de me ravir de la tête qu'il me fait. Visiblement, la remarque de son Père envers moi ne lui plaît pas le moins du monde.

— Mila, s'il te plaît, peux-tu sortir les desserts du réfrigérateur ?

— Mais tout de suite, Mère.

Des pas brusques se dirigent vers moi, dès lors que ma main eût plongé dans le frigo américain de mes parents. Le casse-pieds, évidemment. Apparemment, c'est une manie d'arriver derrière le dos des gens, sans les prévenir.

— Je ne me suis pas présenté. Enfin, je ne pense pas que tu aies eu le plaisir d'entendre mon nom, quand je suis arrivé.

— Je ne retire aucun plaisir à t'entendre jacasser, tout simplement.

— Derreck O'Flannagan, souviens-t'en. Je suis le fils de ces deux compères et ton Père est l'employé de ma Mère. Quant à mon Père...

Étrangement, il marque un temps d'arrêt. Consciente qu'il n'allait pas continuer tant que je lui tourne le dos, je décide de lui faire face. Encore une fois, ses yeux plongent dans les miens. Son regard bleu azur si transperçant ne reflète cette fois que de la sérénité. C'est alors qu'il décide de prendre la parole pour finir cette phrase qu'il avait laissé en suspens.

— Mon Père est le directeur de l'hôtel de luxe dans lequel tu séjournes : le Celestium.

Une fois de plus, nos émotions sont contradictoires. Je m'enferme dans ma bulle en pensant à ce Derreck. Je vais devoir le supporter toute une semaine. En tant que fils à papa, rectification, fils à papa et à maman, il aura bien plus de droits que moi. Je suis sûre que la réceptionniste peut se faire renvoyer si jamais elle ose lui tenir tête. Enfin, s'il ne joue pas de ses charmes avec cette femme.

— Maintenant que tu m'as tout raconté, j'aimerais passer. Les assiettes ne se dirigeront pas seules vers la table.

Il se décale légèrement, histoire de me laisser accéder au salon. Une fois tous les repas servis, je prends évidemment place à table, avec tout le monde. Je veux profiter d'un peu de tranquillité mais, visiblement, la Mère de Derreck ne l'entend pas de cette oreille.

— Jeune fille, dites-moi, avez-vous trouvé un bon parti ?

— Oh, eh bien, pour être tout à fait honnête avec vous, oui. J'ai un petit-ami qui s'appelle Richard. Cela va faire quatre ans que nous nous fréquentons.

— J'en suis fort ravie pour vous. Que fait-il, ce si charmant jeune homme ?

— Il est directeur d'une célèbre entreprise de commerce. Il se spécialise dans les bijoux et autres objets de collection.

— Oh, comme c'est intéressant.

— Pourquoi cela ?

— Mère, votre série préférée ne va pas tarder à commencer. Il faudrait sans doute s'activer, si vous ne voulez pas arriver en retard.

Je n'aurais pas dit mieux. Même si l'envie de savoir la raison pour laquelle le métier de Richard était « intéressant », ne plus revoir ces gens est une bénédiction. Même s'il est vrai que les parents n'ont pas grand-chose à se reprocher, ils se sont même révélés des hôtes dignes de ce nom, le fils est hors catégorie. Je n'arrive pas à mettre le doigt dessus, mais quelque chose ne me revient pas avec lui. Entre lui et moi, le courant ne passe pas du tout. J'ai essayé de mettre mon ego de côté, rien à faire. Je tombe toujours sur cette carcasse arrogante et puérile. Bon Dieu, la beauté ne fait pas tout, fort heureusement.

***

À présent certaine que tous ces gens sont partis, c'est à mon tour de plier bagage. La maison de mon enfance va terriblement me manquer, mais je n'y suis plus la bienvenue. De toute façon, la chambre d'hôtel dans laquelle je loge n'a rien à lui envier. Bien-sûr, je ne manque pas de saluer ma Mère, avec une longue bise. Mon Père, quant à lui, est déjà parti dans son lit. Me voir ne l'enchante pas particulièrement. Bien, il faut qu'il sache que c'est réciproque. J'aime mon Père, c'est tout de même la personne qui m'a élevée, mais ce qu'il a dit me brise de l'intérieur. Lui qui m'a toujours appris à me méfier des gens qui pouvaient me faire du mal, ne m'a pas enseigné comment me défendre contre lui-même.

Demain est un autre jour. Je dois d'ailleurs aller voir d'autres personnes. Du moins, un seul de ces deux êtres m'intéresse réellement.

NDA

Après une longue attente, voici le chapitre 4. J'attends vos retours.

WANNA - Hate You / T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant