~ Chapitre 5 ~

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Mon premier réveil matinal depuis mon retour sur Nantes fut des plus brutal. Je ne me souviens pourtant pas avoir mis mon réveil à sonner pour aujourd'hui. Ni pour la semaine que je passerai ici. Et quand bien même, cet étrange « Boom. Boom. Boom. » n'est en rien comparable au son mélodieux du Pic Vert qui me sort de ma léthargie habituelle. Non, quelqu'un est entrain de toquer à ma porte. Moi qui pensais que je pourrais dormir tranquillement avant d'aller le voir, c'est loupé. Ces bruits incessants me sortent bien trop rapidement de ma couverture douillette. Je m'entends même prononcer un : « Oui, une minute » pour essayer de faire cesser ce raffut, mais rien n'y fait. En colère contre cette personne qui m'a ôté mes heures de sommeil, j'ouvre la porte avec force. Et ce que j'y vois me fait regretter de m'être levée.

— Après avoir fait un scandale digne d'un film hollywoodien, après t'être invité chez moi, tu débarques ici. Eh bien, pourquoi ?

— J'aurai pensé qu'une fille comme toi vivrait au cachet de ses parents. J'ai dû me tromper.

— Ta remarque ne répond pas à ma question.

— D'accord, mais je ne vais pas rester sur le pas de la porte. Si ?

Il est vraiment culotté de vouloir s'immiscer dans ma vie de cette manière. Même s'il est venu jusqu'ici pour me parler, je ne pense pas que l'on pourra partir sur « des bases plus saines », comme le recommandent certains psychologues.

— Tu peux entrer.

— C'est sympa ici, mais c'est quand même un peu petit, tu ne trouves pas ?

— Si, mais ça fera l'affaire pour une semaine.

— Tu restes ici pour seulement une semaine ?

— Il me semblait te l'avoir déjà dit, mais oui. Je suis venue là pour rendre visite à mes parents mais ça ne s'est pas passé comme prévu.

— Comment ça ?

— C'est maintenant à toi de répondre à mes questions, mon cher. Pourquoi es-tu ici ?

— Pour toi. Ça me semble évident.

Comment ça pour moi ? Aux dernières nouvelles, lui et moi, ça ne colle pas. On s'attire comme deux aimants positifs. Comprenant mon interrogation, il se voit dans l'obligation d'ajouter :

— Je veux t'emmener quelque part.

— Toi et moi ? Ensemble, rien que tous les deux ? Mon pauvre, tu dois être tombé sur la tête. Et puis, j'avais déjà prévu d'aller voir quelqu'un.

— Je suis sûr que tu peux attendre. Ce ne sera pas long. Je t'attends au restaurant de l'hôtel. Dépêche-toi.

***

Je devais rendre visite à Marvin, mais il m'était complètement sorti de la tête que sa sorcière de copine serait là. On est mardi, aujourd'hui. En semaine, elle ne sort de chez elle que dans l'après-midi. En d'autres termes, je n'ai pas envie d'aller le voir si elle est là, avec lui. Et puisque la proposition de Derreck n'est pas si... En fait, je ne sais même pas où nous nous rendons. Il ne sait pas que ma garde-robe change en fonction de la sortie que je m'apprête à réaliser. Et selon le temps extérieur, également.

J'ai finalement opté pour quelque chose de simple. Un t-shirt, une paire de jeans, et des baskets. Le classique. J'ai de toute façon remarqué qu'il ne portait pas de costume. Il était dans un élégant mélange pantalon gris et chemise ouverte. Quand je le rejoins dans ce fameux restaurant, nos regards se croisent quelques instants. Je me perdrais presque dans le bleu méditerranéen de ses yeux. Oui, presque. En tant que petite-amie de Richard, je ne flirte pas avec les autres hommes qui pourraient me faire du charme.

— C'est pour moi que tu t'es faite si belle ?

— C'est pour moi ce compliment de ta part ?

— Tu es très joueuse. J'aime bien.

— Arrête ça tout de suite.

— Arrêter quoi ?

— Tout ce que tu fais. Je ne suis rien pour toi et tu n'es rien pour moi. Arrête de me faire du gringue.

— Très bien, arrêtons cela de suite. Je pense que tu te fais des films. Je n'envisage rien avec toi. Tu n'es pas mon style de femme. Tu es beaucoup trop coincée.

Moi, une fille coincée ? Il ne me connaît vraiment pas du tout. Si, aux premiers abords, je peux paraître froide, ce n'est qu'un mécanisme d'auto-défense. De quel droit se permet-il de me juger ainsi, sans avoir pris la peine de me découvrir ?

— Et bien comme ça, on est sur la même longueur d'onde. Je peux m'en aller.

— Attends Mila. Il faut que je te dise quelque chose.

— Quoi, qu'est-ce qu'il y a encore ?

— Si je t'ai invitée ici, c'est pour me faire pardonner. J'ai vraiment été grossier avec toi.

— C'est bon, t'as fini ? Je peux partir ?

— T'es sérieuse ? Je viens de m'excuser et c'est comme ça que tu me remercies ?

— Il me faudra bien plus que des excuses pour "te faire pardonner", comme tu le dis si bien. Je suis quelqu'un de coincée, ne l'oublie pas.

— Alors, c'est ça. Je suis sûr que dès demain, tout sera oublié. Je te raccompagne ?

— Pas la peine. Je peux me débrouiller seule.

— Tu sais que tu peux être drôle quelques fois. À demain, ma furie nocturne.

— Ne m'appelle plus jamais de cette manière.

— Sinon quoi, tu vas me rentrer tes ongles dans la peau ?

— Tu sais que tu peux être con quelques fois. Salut !

Il me fait sortir de mes gonds. Je ne le connais que depuis hier, mais je sais déjà que ma semaine ne va pas s'avérer si tranquille que ça. Il n'est que 10 heures du matin, et je suis déjà éreintée. Le seul moyen pour moi de retrouver un peu de force, c'est d'appeler mon chéri. Mon Richard.

- Allô ?

- Coucou, mon cœur. Je voulais simplement entendre ta voix. Comment tu vas ?

- Ah, Mila. Je ne peux pas te parler. Je suis en pleine réunion, là. Je te rappelle dès que j'ai un peu de temps. Bye, ma puce.

- Euh...ok.

Il y a anguille sous roche. Je ne comprends pas. À l'accoutumée, il prend au moins la peine de me demander comment s'est passée ma journée. Même quand il a un gros client. Là, c'est comme si je n'existais plus. Qu'a-t-il pu arriver depuis hier ? Il faut que je parle avec Marvin de toute urgence. J'ai besoin d'une épaule sur laquelle pleurer.

WANNA - Hate You / T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant