C'est quand mon rêve se termine que je me réveille. Il était très...passionné. Je me retrouvais en face de l'homme incongru, une nouvelle fois. Puis, par je ne sais quel mécanisme de mon cerveau, je suis tombée dans ses bras. La position que nous adoptions était loin d'être catholique. J'en ai encore des sueurs froides. Je ne le connais que depuis quelques heures, et voilà déjà qu'il hante mes songes. Enfin, connaître est un bien grand mot. Il vaut mieux parler de rencontre. Oui, ça ne fait pas longtemps que nous nous sommes rencontrés. Cela convient mieux. Et puis, j'ai un petit ami qui, contrairement à moi, ne rêve pas d'autres femmes.
Mon regard se porte désormais sur l'horloge de mon téléphone. Elle indique 17 h 00. Sachant que je ne vais pas me rendormir de sitôt, je décide de visiter l'endroit dans lequel je vais passer ma semaine. Sept jours entiers dans un hôtel de luxe, ça n'a pas de prix. L'alarme que j'avais enclenchée est à présent retirée et moi, je suis habillée. Je peux enfin sortir de ma suite. Je n'avais pas encore remarqué que le Celestium regorgeait d'autant de merveilles. Trois étages entiers sont réservés aux boutiques. Des magasins de vêtements, des salons de coiffure ou des bijouteries, tout y passe. Je vais pouvoir choisir mon bonheur dans tout ça, j'en suis sûre. Ma Mère sera éblouie par ma tenue, spécialement concoctée pour son dîner.
J'ai acheté une longue robe moulante bleue corail chez RAZA, ainsi que des escarpins rouges à paillettes. Pour la pochette, je n'ai pas eu longtemps à chercher. Dans la vitrine de FRANCE&Co., je suis littéralement tombée sous le charme d'une pochette noire à lanières dorées. Juste magnifique. Mais maintenant que ma carte bleue est presque à sec, je vais devoir me rabattre sur un bijou de cou. Tant pis pour les boucles d'oreilles. J'ai de splendides créoles argentées qui iront très bien avec ce que je vais porter. Le bijoutier m'accueille de suite, sourire aux lèvres.
— Bonjour mademoiselle. Avez-vous une idée précise de ce que vous recherchez ?
— Pas si précise que ça, en vérité. Pourriez-vous me montrer ce que vous avez en colliers ?
— Mais bien sûr. Suivez-moi.
Rapidement, je repère une pièce de collection. J'ai l'impression que le créateur de ces magnifiques modèles les fait vendre pour la première fois. C'est assez drôle quand on y pense. Le projet « Automne hivernal » est tellement joli, que je ne peux pas m'empêcher d'en prendre un. Le créateur DOF a des goûts tout bonnement impressionnants. Quand tout est terminé, j'ai à peine le temps de rentrer chez moi pour tout enfiler, qu'il est déjà l'heure de partir. Encore une fois, j'opte pour un taxi de la même compagnie. Et, encore une fois, je retombe sur la dame qui m'a raccompagnée. Voulant rester dans le silence, tout comme à l'allée, je prends l'appel qui fait résonner mon téléphone depuis plusieurs secondes.
- Bonsoir, mon amour. Comment vas-tu ?
- Richard, que ça fait du bien de t'entendre. Écoute, pour l'instant, ça va.
- Et avec ton Père ?
- C'est une très longue histoire. Mais arrêtons de parler de ça. Je me rends chez mes parents, ce soir. Ils organisent un dîner d'affaires et ma Mère m'a gentiment proposé de venir.
- Cela s'annonce passionnant, ma douce. Je dois filer, j'ai encore un tas de papiers à remplir pour un autre créateur. Je t'aime.
- Je t'aime aussi, Richard. Ta présence me manque.
Cet appel m'a redonné la force et le cran nécessaire pour affronter mon Père. Il a tous les droits de m'en vouloir. Malgré tout ce qu'il a pu dire ou faire, je suis partie loin d'eux et pendant longtemps. Mais me parler comme il l'a fait est tout bonnement inacceptable. C'est une réaction vraiment puérile. Parfois, je me demande qui est l'enfant entre nous deux.
Le trafic est très tranquille, ce soir. C'est avec trente minutes d'avance que je me présente chez mes parents. Comme ce matin, ma Mère m'accueille, bras ouverts. Elle me fait également part de l'arrivée tardive de mon Père. Il devait acheter du champagne. Mon géniteur a toujours été comme cela. Il aime tout faire à la dernière minute. Parfois, cela m'exaspère. Par deux fois, il est venu en retard à mes remises de diplômes, prétextant une envie urgente. Aujourd'hui, son patron vient le voir et il trouve le moyen de laisser ma Mère seule, aux fourneaux. Ses réactions m'échappent bien trop souvent. C'est la raison pour laquelle on ne s'entend pas toujours sur tout. Pendant qu'il erre dans les rues de Nantes, j'aide ma Mère pour les derniers préparatifs du dîner.
— Eh bien, heureusement que je suis arrivée. Allez, va te préparer, je m'occupe du reste.
— Oh non, ma fille. Si tu es revenue chez moi, ce n'est pas pour que je te laisse seule aux fourneaux. Et puis, tu vas tâcher ta jolie robe.
— Avec ton tablier, rien ne m'arrivera. De toute façon, je dois me faire pardonner pour mes années d'absence.
Après plus de cinq minutes, j'ai enfin réussi à convaincre ma Mère de me laisser le reste. Elle a besoin de se reposer, je le vois bien. D'habitude, elle se courbe sans avoir mal au dos. Là, pour un peu, elle restait bloquée avec le gigot dans ses mains. Mon Père ne lui rend pas la vie facile, c'est le cas de le dire.
J'installe les couverts quand, justement, ce dernier fait irruption. Il enlève sa veste et la pose sur le porte-manteau, prévu à cet effet. Quand il se rend enfin compte de ma présence, son regard ne me lâche plus. J'y vois de la haine et de la rancœur envers moi. Comment peut-il ne pas être sensible aux efforts que je fais pour eux, pour me faire pardonner de les avoir abandonnés pendant cinq ans ? De toute façon, j'ai une semaine pour tout reconstruire. Heureusement pour moi, il ne s'attarde pas davantage sur la raison de ma présence ici.
Je suis dans la cuisine quand ma Mère m'appelle. Les invités sont enfin arrivés. Pour être présentable, je m'essuie les mains dans la serviette. Je lisse ma robe, plus que de nécessaire et je m'avance vers le salon. En proie à un réel stress, je ne remarque pas de suite que j'ai déjà rencontré ces personnes. C'est seulement quand un visage en particulier est reflétée par la lumière que je comprends. Dès lors, une immense rage s'empare de moi. Mais que fait-il ici ?
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WANNA - Hate You / T.1
RomanceMila Sarazin est une jeune styliste à l'avenir prometteur. Tout juste diplômée de l'une des meilleures écoles de Paris, son talent s'est rapidement trouvé admiré et, désormais, elle travaille pour son propre compte. Au niveau des amours, tout va pou...