Eugénie sans Élias

Les polaroids d'Élias

Un peu avant 19h00, Eugénie était partie de chez Marion pour aller chez Élias. En 20 minutes à peine, elle était arrivée devant sa propre maison. Une longue guirlande multicolore que son père avait accroché lui-même pendait du toit et les feuilles des buissons étaient toutes tristes à cause du froid. Eugénie avait jeté un coup d'œil à la fenêtre du salon les mains dans les poches depuis le trottoir. La seule chose qu'elle avait vue, c'était le sapin de Noël et la guirlande lumineuse bleue qui y était accrochée. La guirlande éclairait tout le salon en bleue, il n'y avait pas d'autre lumière allumée.

La porte de la maison s'était ouverte, c'était sa mère qui lui demandait ce qu'elle faisait. Eugénie était déjà sur le trottoir des voisins, elle s'était retournée en entendant la voix de sa mère, la blonde avait répondu qu'elle allait chez Élias et qu'elle allait revenir d'ici 10 à 15 minutes. À cette époque-là, ses parents ne savaient toujours pas qu'elle n'était plus en couple avec Élias.

Sa mère avait refermé la porte et 2 minutes après, Eugénie était devant la maison d'Élias. Il habitait à 2 rues de chez elle, ce qui leur permettait de se voir assez souvent sans problème. Eugénie était bloquée devant sa maison. La dernière fois qu'elle était venue ici, c'était quand il l'avait larguée. Mauvais souvenir. La maison d'Élias était aussi décorée, c'était l'une des seules décorées pour Noël avec celle d'Eugénie dans le quartier, il devait y en avoir 3 ou 4 à tout casser. Eugénie n'osait pas toquer, la maison était éclairée et elle pouvait déjà entendre les cris du demi-frère de son ex petit-ami.

Elle avait fini par toquer en regardant ses pieds et la porte s'était ouverte sur son père qui avait un tablier avec une tache de sauce tomate toute fraiche dessus. Son père avait lâché un «Ah» assez gêné et Eugénie avait directement compris que son père était probablement au courant pour la rupture. Le père d'Élias avait fini par l'inviter à entrer, tout en hurlant le prénom de son fils pour qu'il descende. Eugénie n'avait pas eu besoin de parler que son père avait déjà compris pourquoi elle était là. La blonde attendait debout dans le salon, elle pouvait entendre les cris du demi-frère d'Élias que son père avait eu avec sa nouvelle femme de plus près. Il avait 3 ans et il hurlait simplement parce qu'il jouait avec un tas de jouets sur le tapis du salon. C'était un véritable carnage.

Mathilde et Robin, les frères et sœurs d'Élias étaient dans le canapé devant tiji. Robin avec son livre sur les genoux avait salué Eugénie et elle lui avait fait un signe de la main avant de reporter son attention sur les escaliers en espérant voir Élias descendre. Mathilde avait 5 ans et Robin 8 ou 9 ans, Eugénie ne s'en rappelait plus très bien. Son ex était le plus âgé des quatre. Eugénie avait été assez mal à l'aise, elle n'avait plus eu l'habitude de venir, elle ne s'était même jamais habituée à voir des petits comme ça. Tout ce qu'elle avait connu c'était son grand frère Romain qui pétait des plombs sur la play quand il était encore au lycée.

Élias avait fini par pointer le bout de son nez et en la voyant, il lui avait demandé ce qu'elle foutait là en râlant. Elle lui avait répondu qu'elle devait lui parler et Élias l'avait fait monter dans sa chambre, son comportement l'énervait déjà. Eugénie était rentrée la première dans la chambre. Personne ne parlait, Élias avait refermé la porte derrière lui et Eugénie avait fait un tour sur elle-même pour inspecter la chambre d'Élias. Sa guirlande lumineuse était allumée et ses led aussi. Sa chambre n'était pas très éclairée, puisque son ampoule n'était pas allumée. Le brun s'était remis sur son bureau sur lequel était étalé un cahier et des feuilles. Élias faisait ses devoirs même le premier soir des vacances de Noël.

Sa chambre était rangée, tout était à sa place et rien n'avait changé depuis la dernière fois. Eugénie était restée figée sur un des murs, les polaroids d'eux et d'Eugénie étaient encore là, eux aussi ils n'avaient pas bougé d'un poil. Elle s'en voulait d'avoir jeté les siens et en même temps, elle était subjuguée par tout ce qu'elle voyait. Eugénie avait jeté un coup d'œil au lit, il était fait et surtout c'était les mêmes draps qu'Élias avait mis la première fois qu'ils avaient couché ensemble. Tout lui rappelait une première fois dans son histoire avec lui, le sweat bleu clair d'Élias et après les draps.

Élias écrivait quelque chose sur son cahier avec son bic bleu, il faisait ses exo de maths pour être tranquille avec ça.

– T'as gardé nos photos.

– Hm.

Leur conversation était mal partie, Élias n'avait pas trop l'air de vouloir parler. Encore une fois, il était occupé à autre chose. Alors Eugénie s'était assise au bord du lit en attendant qu'il finisse son exercice de maths. Il s'avançait dans ses devoirs, par contre il n'en avait rien à faire du code. C'était ce qu'Eugénie avait pensé pendant qu'elle le regardait gribouiller sur son cahier vert. À la fin de l'année de terminale, Élias n'avait toujours pas passé son code, alors qu'un mois après cette soirée, Eugénie avait eu son code.

En inspectant la chambre de plus près, Eugénie avait pu constater que son ex-copain avait vraiment tout gardé, jusqu'aux toiles moches qu'Eugénie avait faites et qui avaient l'air d'avoir été faites par un gosse de 6 ans et demi. Eugénie s'était levée pour prendre une de ses toiles, celle-ci c'était un soleil avec un visage. Ironiquement, elle avait dit : « Je suis vraiment trop une artiste », Élias s'était retourné, il avait souri, il s'était remis dans sa position initiale et Eugénie avait remis la toile à sa place.

En 10 minutes, ils s'étaient à peine échangés à trois mots, leur discussion tournait en rond et Eugénie n'avait pas pu dire tout ce qu'elle avait à dire. Elle savait que c'était le moment ou jamais d'enfin cracher tout ce qu'elle avait en elle.

– T'as fait tout le dm d'Angèle?

– Ah okey donc t'es venue juste pour me parler d'elle?

– Je t'ai posé une question alors réponds.

Élias restait de dos, il continuait d'écrire et bien évidemment il mettait trois plombs à répondre. C'était totalement insupportable pour Eugénie qui parlait à un simple dos.

– J'ai pas tout fait, je l'ai juste aidée et je l'ai pas fait gratuitement, elle m'a payé un sprite.

– Et ça te dérange pas de parler à une de mes potes comme si c'était rien?

– C'est elle qui me parle déjà et je fais ce que je veux, on est plus ensemble.

Eugénie ne savait pas quoi répondre, Élias l'avait touchée là où ça faisait mal. C'était la pire chose qu'Élias pouvait lui dire après « Je t'aime plus ». Elle avait rapproché son sac de sa poitrine et simplement en regardant les draps, Eugénie avait repensé à leur première fois. À elle qui ne voulait pas retirer son soutif et qui avait peur de faire l'amour avec Élias qui l'avait déjà fait avec Laure et Clémentine et à lui qui n'avait pas arrêté de rigoler. La dernière fois qu'ils avaient tenté de le faire remontait à ce moment-là à 3 mois. Élias n'avait pas vraiment eu d'effet, sans prendre de pincettes, il n'avait pas bandé. Eugénie l'avait pris pour elle, ils s'étaient tous les deux rhabillés et Élias ne s'en était pas venté auprès de Louis et Alix. Ce qu'Eugénie ne savait pas, c'est qu'il avait pensé à beaucoup de choses. Ce jour-là Élias était ailleurs et quelque chose le tracassait à propos d'Eugénie depuis quelque temps, mais il ne savait pas comment lui en parler.