La couette et le pouf

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Le dimanche matin, Eugénie n'avait pas voulu se lever, elle était exactement dans le même état dans lequel elle était après qu'Élias l'ait larguée. Ses parents ne disaient rien, ils ne savaient ni quoi dire, ni quoi faire. C'était la deuxième fois qu'ils la voyaient avoir des sautes d'humeur et pleurer sans retenue. La veille, son père l'avait récupérée dans un état désastreux, Eugénie avait l'air d'un vulgaire déchet. Plus rien ne comptait à ses yeux.

La seule chose à laquelle elle pensait, c'était qu'Élias avait une nouvelle copine et qu'il devait l'aimer, voire pire : être amoureux d'elle. Il l'avait remplacée en à peine trois mois. Eugénie revoyait en boucle l'image de son ex-copain qui enlaçait cette fille sur la terrasse du café. Son cœur se pinçait à chaque fois et elle n'avait plus envie de rien. Élias ne l'aimait plus, plus rien ne sera comme avant. Tout était fini, il n'en avait plus rien à faire d'elle, il avait d'autres préoccupations.

Eugénie était enroulée dans sa couette à fixer le mur en face d'elle. Elle n'avait aucune envie de bouger et encore moins de faire ses devoirs. Ses yeux étaient rouges et éclatés, elle avait pleuré avant de se coucher. Sa seule envie pour le moment, était de dormir et ne plus penser à rien, mais malheureusement, elle était incapable de se rendormir, il était déjà 11h00 passés et elle était réveillée depuis 1h30. Elle n'avait pas pris son petit déjeuner et n'avait rien mangé la veille au soir. Manger était le dernier de ses soucis.

Les plans d'Eugénie de dormir toute la journée avaient été gâchés par une mauvaise surprise. Louis et Alix avaient rigolé après avoir toqué à la porte d'entrée d'Eugénie. Ils flippaient tous les deux à l'idée de tomber sur ses parents, mais la situation était en même temps assez comique. La mère d'Eugénie leur avait ouvert la porte, les garçons s'étaient redressés et elle avait pu reconnaitre le visage d'Alix, qu'elle connaissait plus ou moins bien.

Le portable d'Eugénie avait encore une fois sonné, c'était Marion, mais Eugénie n'était pas décidée à répondre. Elle n'avait répondu à aucun de ses messages, ni à ceux de Clémence. En aucun cas, elle n'avait envie de papoter ou simplement de donner signe de vie. Sa porte de chambre s'était soudainement ouverte, elle n'était pas prête à voir Alix et Louis débarquer dans sa chambre un dimanche matin. Eugénie s'était automatiquement mise en boule sous sa couette, elle ne voulait voir personne et encore moins les amis d'Élias. Le pire dans tout ça, c'est qu'elle était dans un état désastreux. Elle avait les yeux qui picotaient, les cheveux qui partaient dans tous les sens et surtout, elle était en pyjama. La blonde ne pouvait pas avoir plus honte qu'à cet instant.

– Laissez-moi tranquille.

– Fais pas l'enfant, avait soupiré Alix en tirant sur la couette qu'Eugénie avait directement ramenée vers elle et remise sur sa tête.

Louis s'était avachi dans le pouf multicolore d'Eugénie, tandis qu'Alix s'était assis au bord de son lit. Il avait regardé la boule qu'était Eugénie sous sa couette, il ne savait pas vraiment comment réconforter les gens, mais il savait qu'il ne pouvait pas compter sur Louis pour ça, alors il allait devoir improviser.

– C'est Élias qui vous envoie, hein ?

– Démasqués, avait lancé Louis, en regardant les photos sur le mur d'Eugénie.

– Tu sais, il voulait pas te faire de mal, hein.

– Bah c'est raté.

Plus personne n'avait parlé. Eugénie avait ensuite réfléchi quelques secondes, avant de soulever la couette en trombe.

– C'est sa copine ?

– Non, c'est juste une fille comme ça. Ça fait même pas deux semaines qu'ils se parlent.

– Pourquoi il lui faisait un câlin alors ?

– Je sais pas, mais il a dit qu'il s'en foutait d'elle.

– Et Angèle ?

– Il s'en fout aussi.

Ça, c'était Louis.

– Faut pas que tu te mettes dans des états pareils, c'était juste un câlin. Peut-être que pour toi c'est grave, mais pour lui, c'est rien, ça compte pas.

– Tu fais des câlins à des meufs pour rien, toi ?

– Bah ouais, mais c'est pour rendre Juliette jalouse. On est plus ensemble.

– Elle a sucé un mec à une soirée, avait précisé Louis. Nan, sérieux Eugé, il en a rien à foutre d'elle. Il arrête pas de parler de toi, en plus.

– Ça, c'est vrai, dès qu'on est qu'à trois, il parle de toi. C'est même un peu saoulant. On arrête pas de lui dire que si c'est comme ça, il a qu'à se remettre avec toi, mais il dit qu'il peut pas.

– Pourquoi ?

Alix et Louis s'étaient regardés. Ils connaissaient la réponse, mais n'étaient pas sûrs de pouvoir le dire. Élias les aurait sûrement tués s'ils avaient répondu à cette question à sa place. Résultat, il y avait eu un blanc, Eugénie les avait regardés tous les deux en insistant, mais personne n'avait rien dit. Et parce que ce n'était pas encore assez comme ça, Élias avait fait son apparition dans la chambre, les mains dans les poches de sa veste en jeans. Il était beau, voilà ce qu'avait tout de suite pensé Eugénie, mais à la seconde d'après, elle s'était retournée vers le mur en disant : « Je veux pas te voir ».

Élias n'avait rien dit, les garçons s'étaient tous les trois regardés, puis Alix et Louis avaient fini par comprendre qu'ils étaient de trop. Alix avait tiré Louis par le bras, pour l'aider à se relever du pouf multicolore et ils avaient pris soin de refermer la porte derrière eux. Élias était resté debout quelques temps, il ne savait pas comment parler à son ex, sans se prendre une claque en pleine figure. Il avait conscience de la situation, il avait conscience de lui avoir fait du mal et sentait bien qu'il était impératif qu'il soit délicat avec elle.

Les quelques polaroids manquants n'avaient pas échappés à Élias. Il ne l'avait pas mal pris, au contraire, il l'avait compris. Bien que les siens n'avaient à cette époque pas bougés d'un poil, il se doutait qu'elle n'avait pas gardé les siens. Au bout de quelques minutes, il s'était assis sur le lit d'Eugénie.

– Je savais pas que tu serais là. Je sais que ça doit pas faire plaisir à voir, mais sérieux, c'était rien. Je m'en fous d'elle et je m'en fous d'Angèle. Je lui réponds même plus, elle me casse les couilles. Si je lui répondais, c'était juste pour pas passer pour un connard. Et ouais, je l'ai invitée à Nouvel An, mais, c'était pour que toi tu viennes. Mais t'es pas venue, alors je lui ai demandé de te faire venir. J'ai dit des trucs dégueulasses, je voulais pas qu'elle pense que j'étais encore sur toi.

– C'est vrai ce qu'ils ont dit ? Tu parles souvent de moi ? avait doucement demandé Eugénie, après s'être tournée vers Élias.

– Ouais.

– Pourquoi tu m'as larguée, Élias ?

– T'avais pas l'air heureuse, ça servait à rien. Je pensais que c'était avec lui que tu voulais être.

– Mais je lui parle plus, y'a rien plus rien. Je l'aimais pas, je sais pas pourquoi j'ai fait ça, c'était juste une connerie.

– Ouais, mais c'est trop tard maintenant.

Eugénie sans ÉliasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant