Le ballon rose

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Forcée par sa mère, Eugénie s'était retrouvée dans le salon en robe noire à paillettes en attendant l'arrivée des invités. Cette année, c'était ses parents qui invitaient toute la famille et les amis. Eugénie ne voulait pas être là, elle repensait au Nouvel An dernier qu'elle avait passé avec Élias à la soirée de Chloé. C'était une bonne soirée, mais celle du Nouvel An 2017 s'annonçait très ennuyante.

Élias et Eugénie ne s'étaient plus parlés depuis le réveillon de Noël, soit depuis une semaine. Eugénie ne savait plus quoi penser, Élias jouait sur plusieurs tableaux. Un coup il était désagréable et un autre il était sympa. Tout au fond d'elle, Eugénie espérait beaucoup de la part d'Élias, elle se voyait déjà tout recommencer avec lui depuis le 24 décembre. Élias avait fait une erreur et il le savait, mais tout ça le dépassait. Il pensait qu'en arrêtant de lui parler pendant le reste des vacances, tout rentrerait dans l'ordre, mais elle, elle ne pensait pas comme ça.

Il était 19h30 passés, on avait toqué à la porte et Eugénie avait ouvert à sa tante et à ses deux petits cousins Henri et Léo. La blonde s'ennuyait déjà. Mais pour une fois, elle n'avait pas été mise en bout de table. Son frère était arrivé 10 minutes après avec Louisa et une bouteille de champagne à la main. Il était déjà chiant et elle aussi.

Eugénie était directement retournée dans le salon pour se vautrer dans le canapé à regarder le bêtisier qui ne la faisait pas du tout rire, mais il n'y avait rien d'autre à la télé. Sur le groupe Messenger, elle avait envoyé qu'elle se faisait déjà chier aux filles. Angèle avait répondu qu'il y avait soirée chez Inès. Eugénie ne connaissait pas Inès, mais Angèle lui avait dit qu'elle pouvait venir, qu'elle y était déjà avec Marion et que Clémence allait arriver dans pas longtemps. Eugénie avait longtemps réfléchi, elle avait pesé le pour et le contre, mais elle avait fini par comprendre qu'il n'y avait pas vraiment de contre.

D'un pas décidé, elle s'était levée du canapé en cuire du salon et elle avait rejoint sa mère qui coupait du pain dans la cuisine. Sa mère lui avait tendu la première corbeille de pain et Eugénie l'avait prise dans ses mains avant de demander : « Je peux aller à une fête avec les filles ? ». Sa mère avait râlé, elle n'était pas spécialement partante, ce Nouvel An devait se fêter en famille et si elle n'était pas là ça ne pouvait pas fonctionner. Eugénie avait forcé, sa mère avait été contrainte de dire oui et Angèle avait envoyé l'adresse de Inès. Elle allait devoir prendre le bus, mais ça valait le coup.

Eugénie avait fini son verre de jus d'orange avant de partir, elle ne voulait pas le gâcher. Il y avait déjà beaucoup de bruit et pourtant seulement un quart des invités était présent. Eugénie avait enfilé sa veste en jeans et elle était prête à sortir sans sac. Au même moment, son frère s'était retourné vers la porte d'entrée en entendant la poignée bouger.

– Tu vas où?

– À une soirée.

– Ah.

C'est tout ce qu'il avait trouvé à dire, Romain était encore plus froid qu'une tombe. Intérieurement, Eugénie l'avait traité d'imbécile en le regardant parler de vin avec leur père, puis elle était sortie sans que personne ne l'en empêche. Pile poil au même moment, son parrain et sa tante du côté de son père venaient d'arriver. Eugénie était gênée, elle leur avait seulement fait signe de la main et elle avait filé comme une voleuse. Elle allait sûrement se prendre les réflexions de son père en plein visage en rentrant à la maison, mais tant pis.

Dans ses collants et ses converses, Eugénie avait rejoint l'arrêt de bus de sa ville avec 2€ en main en passant devant la maison d'Élias. Ils avaient l'air d'avoir quelques invités. Élias devait sûrement être là lui aussi, du moins c'est qu'elle avait imaginé. Mais le brun n'était pas trop famille et personne ne l'obligeait à faire ce qu'il n'avait pas envie de faire, y compris fêter le Nouvel An à la maison.

Dans le bus, Eugénie avait pensé à Angèle, puis à Élias, puis à Angèle et Élias. Est-ce-qu'ils s'aimaient bien ? Est-ce-qu'Angèle était sur lui, est-ce-qu'elle l'intéressait, est-ce-qu'ils allaient sortir ensemble ? Trop de « Est-ce-que » et trop de questions. Eugénie n'en pouvait plus, sa tête était remplie de questions. Elle avait beaucoup trop de trucs à penser, ça ne s'arrêtait plus. Par contre, le bus s'était arrêté et elle avait bien failli ne pas s'en rendre compte. Eugénie s'était levée à toute vitesse et elle avait descendu les 3 marches du bus avant de poser les pieds sur le trottoir humide.

Eugénie avait rentré l'adresse d'Inès sur son gps, cela avait été un bordel monstre pour trouver sa maison. Elle avait dû marcher un peu et elle avait quand même réussi à trouver la maison d'Inès. Il y avait un ballon rose sur la boite aux lettres, comme ceux qu'on accrochait étant plus jeunes devant la maison pour les fêtes d'anniversaire. Eugénie avait trouvé ça drôle, elle avait rangé son portable dans la poche de sa veste en jeans après avoir désactivé le gps et elle avait toqué à la porte plusieurs fois avant que quelqu'un ne vienne lui ouvrir.

– Ouais ?

C'était un garçon, il était grand, encore plus grand qu'Élias et surtout il était vraiment beau. L'estomac d'Eugénie s'était retourné dans tous les sens, elle était comme paralysée. C'était sûrement la première fois qu'elle perdait ses moyens. Elle ne savait même plus pourquoi elle était là et ce qu'elle venait faire ici. La seule chose qu'elle pensait à cet instant, c'était « Waw ». Eugénie avait rarement croisé des garçons qu'elle trouvait aussi beaux qu'Élias, mais là elle venait d'en trouver un.

– Euh j'suis une amie d'Angèle. Eugénie avait fini par comprendre qu'elle ne pouvait pas rester à rien dire aussi longtemps après ce long blanc. Le garçon avait dévisagé Eugénie, il n'avait pas l'air de voir qui était Angèle. Marion?

– Ah, vas-y entre.

Il suffisait de prononcer le prénom de Marion pour que tout fonctionne comme sur des roulettes. Tout le monde connaissait Marion au lycée, Eugénie se demandait souvent pourquoi elle se fatiguait à trainer avec des filles qui passaient largement plus incognito qu'elle. Mais encore une fois, elle n'avait pas la réponse.

– Tu t'appelles comment ?

Eugénie avait su se la jouer fine.

– Kevin.

Gros moment de blanc, l'amour de sa vie s'appelait donc Kévin. Non, non c'est une blague. Je m'appelle Simon.

– C'est marrant ça rime avec saumon.

Eugénie avait crée un malaise, tellement que le garçon, enfin Simon était parti sans rien dire. Moi c'est Eugénie. Avait lancé la petite blonde en le voyant partir. Simon s'était retourné et il avait juste lâché un « Okay ». Elle venait de tout gâcher. Et pendant que ses yeux pétillaient encore, Eugénie avait vu des cheveux bouclés au loin. Sans grande surprise, c'était Élias.

Eugénie sans ÉliasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant