Chapitre 10 : Vivre malgré tout

873 68 0
                                    

ANNA

Alexandre et moi venons de nous installer dans notre nouvel appartement dans le quartier des Batignolles. C'est un petit trois pièces, tout ce qu'il y a de plus simple. Il y a deux chambres, un salon, une cuisine... et il est à deux pas de la nouvelle école où Alexandre officie en tant que maître d'école remplaçant ! Il a réussit son concours le mois dernier et aujourd'hui, il va vivre sa première affectation. Pour fêter ça, nous devons dîner chez nos parents où tante Bérénice s'est finalement installée ne voulant pas rester à Alençon. Elle y possède toujours sa maison mais étant seule, mon père à trouvé plus raisonnable qu'elle se rapproche de nous à Paris. Elle ne s'est pas faite prier et à présent, elle se comporte comme une vraie parisienne !

Six mois.

Six mois que je n'ai aucune nouvelle de Christopher. Il est parti le 6 septembre 1944 et aujourd'hui nous sommes fin février 1945 et je ne sais pas où il est, ni ce qu'il fait. Je sais au fond de mon coeur qu'il n'est pas mort, mais alors pourquoi reste-t-il silencieux ?! J'ai beau m'occuper l'esprit comme je peux avec ma nouvelle carrière, je n'en reste pas moins inquiète pour lui. Tout les jours, je me rends chez mes parents pour voir s'ils n'ont rien reçu, car Christopher n'a pas ma nouvelle adresse, mais c'est toujours le même constat : il n'y a rien. Je sais que je dois me raccrocher à cette promesse qu'il m'a fait, mais sans aucun signe de lui, c'est compliqué.

Il est 19h lorsque j'arrive à l'appartement de mes parents. La table est déjà mise. Alexandre n'est pas encore là, il doit certainement être en compagnie d'un de ses amis...

— J'ai lu la critique de ta pièce dans le Parisien. Tu savais que le fils d'une de mes voisines était devenu réalisateur ? Tu pourrais lui envoyer une photo ? Propose Bérénice.

— Non merci Tatie. Je me cantonne au théâtre pour le moment, mais un jour, peut-être...

—Tu pourrais lui envoyer une photo juste comme ça, aussi... Ajoute ma mère sans caché son sous-entendu. Il est célibataire ? Demande-t-elle, en s'adressant à ma tante.

— Ça ne m'intéresse pas et tu le sais ! Dis-je agacée.

— Tu ne vas pas passer le reste de tes jours à l'attendre ! Fais-toi une raison Anna, il est parti et il ne reviendra pas ! Dit ma mère avec virulence.

— Qu'est-ce-que tu en sais ?! Tu ne le connais pas comme je le connais ! De toute façon, je ne veux pas parler de ça avec toi, ce ne sont pas tes affaires.

— Si, ce sont mes affaires ! Je refuse de te regarder gâcher ta vie pour une amourette sans avenir ! J'ai laissé passer beaucoup de chose en ce qui te concerne. Quand tu as décidée de devenir comédienne, je ne m'y suis pas opposée, bien que cette carrière ne m'enchante guère... mais là, c'est trop ! Grandit un peu Anna et arrête de rêver !

— Ce n'est pas à toi de choisir ma vie à ma place ! Que ça t'enchante ou non, ce sont mes choix et à présent que je suis adulte ! Tu n'as plus ton mot à dire !

— Anna ! Ne parle pas comme ça à ta mère ! Dit mon père essayant de calmer le jeu.

— C'est elle qui a commencée !

— La fête a déjà débutée à ce que je vois... Dit Alexandre en arrivant en compagnie de Martine.

Ma mère et moi échangeons un regard contrit, comprenant que notre altercation restera en suspend... du moins pour le moment.

— Et si on mettais un peu de musique ? Propose Bérénice pour détendre l'atmosphère.

— Très bonne idée ! Où est le transistor ? Dit Alexandre.

The Women of the family - Tome 2 : AnnaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant