Tu étais une larme.

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Tu sais, Luna, quand tu étais petite et qu'on était allées à la piscine?

Tu étais partie dans le grand bain, mais tu n'arrivais pas à respirer, la tête enfouie sous l'eau, essayant de remonter à la surface désespérement. Prends cette sensation, multiplie la, amplifie la, rend la plus atroce, plus douloureuse encore. C'est comme ça que je me suis sentie quand tu n'es pas rentrée à la maison, ce soir là, et qu'on a reçu un appel de la police, disant qu'ils avaient trouvé ton pass navigo dans la poche de ton caban, celui que t'as offert Mamie, et qu'ils étaient remontés jusqu'à nous.
J'aimerais tellement retourner en arrière, jusqu'à cette journée à la piscine, pour te prendre dans mes bras, très fort. Tu me manques tellement, c'est une oxygène dépravée, une béquille brisée, une corde coupée, et personne n'arrive à reprendre l'équilibre, à respirer, personne n'arrive sans toi, Luna. Je ne sais pas si tu y avais pensé, si toi aussi, entourée de nous tous, tu ne pouvais pas crier, un parasite s'installait dans ton coeur et ton esprit, et à chaque fois que tu ouvrais la bouche les barrages que tu edifiais en permanence ne laissaient sortir ce flot de douleur et de paroles.  Si tu m'entends, si tu peux revenir, je te porterai, te créerai un refuge au sein de mes bras, comme je l'avais fait à l'époque.

...
Bisous ma Luna, n'oublie pas d'acheter le lait en rentrant.

MÈRE, 23:06, 03/02/19

Fragments du Caban Oublié [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant