BENNETT

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« Salut, c'est Honoria ! Tu sais ce qu'il te reste à faire ! »

J'ai fini par accepter le fait qu'elle ne décrochera plus. Mais j'ai encore besoin d'entendre sa voix sur le répondeur.

Honoria était ma petite sœur. Nous sommes toujours liés de cette façon mais elle n'est plus de ce monde. J'envie la manière dont elle l'a quitté, parce que je n'en aurais pas eu le courage.

7 novembre 2004

Ma mère est dans le salon, elle termine de mettre la table et je finis de trier quelques papiers. C'est dimanche, jour du repas familial. Une vraie tradition chez nous. On attend plus qu'Honoria ; Papa est mort il y a 5 ans.

Les minutes passent. Elle n'est toujours pas là.

On se décide à l'appeler mais voilà qu'elle ouvre la porte, l'air totalement abattu. Pour être honnête, c'est la première fois que je la vois dans cet état. Et je m'en inquiète immédiatement.

MOI: Qu'est-ce que tu as ?

Elle hésite. Ça doit être grave, d'ordinaire on se dit tout.

MOI: Nori' ? Qu'est-ce que tu as ?

HONORIA: Je vais aller en prison, Bennett.

Sur ces mots, elle éclate en sanglots. Je l'attire vers moi, la prends dans mes bras, la laisse pleurer sur mon épaule.

Je lui demande de s'expliquer. Ça me paraît tellement impossible. Elle me dit que la Technoide l'a accusée de trafic de drogue. L'espace d'un instant, je m'énerve et lui crie dessus. Puis je me calme rapidement en voyant que je ne fais que couler plus de larmes sur son visage. Elle me dit alors que son avocat a demandé à voir le dossier. Il a lui-même constaté que toutes les preuves avaient été fabriquées. La Technoide n'avait rien voulu savoir.

Alors ma sœur allait se retrouver en prison. Je la regarde. Elle a à peine 17 ans. Elle est petite pour son âge et s'habille toujours en noir. Ses yeux bleus et ses cheveux blonds lui donnent cet air fragile qu'elle a réellement. J'avais passé toute mon enfance à la protéger de tout et cela par n'importe quel moyen.

Comment la Technoide peut-elle croire une seule seconde qu'elle est vraiment impliquée là-dedans ?

Elle s'assoit sur le canapé et c'est à ce moment-là que je remarque la présence de ma mère, immobile à côté de nous. Elle pleure, elle aussi.

Le repas dominical se passe dans une ambiance amère. Presque personne ne parle. C'est la première fois que ça arrive. Dans les heures qui suivent, le discours revient peu à peu. Mais il est feutré, encore presque absent et translucide, sans réelle consistance.

12 ans plus tard

Honoria a été arrêtée deux jours après. Ils l'ont emmenée, simplement emmenée. Pas un mot pour nous expliquer la situation. Ils devaient se douter qu'on savait déjà tout.

La maison s'est vidée d'un coup, d'un seul. Plus aucun rire, plus rien. Le vide, tout simplement. Toujours et partout.

Quelques semaines plus tard, on est venu nous annoncer qu'Honoria s'était suicidée. Elle avait réussi, on ne sait trop comment, à se procurer un petit morceau de fer avec lequel elle s'était ouvert les veines.

Du jour au lendemain, j'ai perdu ma reine et mon royaume tout entier s'est brisé.

J'avais envie d'air. J'étouffais à la maison avec ma mère. J'ai pris le vaisseau et je suis parti. J'ai vadrouillé un moment avant de tomber sur Shiloë.

L'air de rien, je me suis engagé.

Je regretterai à jamais de ne pas avoir protesté contre les erreurs judiciaires qui ont conduit ma petite sœur à la mort. Aujourd'hui j'ai l'opportunité de réparer ma faute. Faîtes que ça n'arrive plus jamais.

Like A Fight SongOù les histoires vivent. Découvrez maintenant