WILKINSON (N°6)

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Chaque Pirate a ses propres motivations, la plupart du temps liées à un passé qui n'a fait aucun cadeau. Rares sont les Pirates qui n'ont jamais eu de différends avec la Technoide. Chaque fois, il ne s'agit ni plus ni moins que d'une vie que cette foutue entreprise a brisée, qui ne se relèvera jamais.

17 octobre 2009

Un peu moins d'un mois que Kate est partie. Davison et moi ne parvenons plus à démêler les cœurs éteints de ceux qui ne battent plus qu'à peine.

Chaque jour, d'autres personnes succombent. Au froid le plus souvent.

Aujourd'hui encore, un enfant de 7 ans. Sa mère s'accroche désespérément à son corps qu'il faut pourtant entraîner à l'extérieur.

MOI: J'en peux plus de tout ça.

DAVISON: 4 fois que tu me le dis. Kate et Hawkins sont déjà partis, il faut bien quelqu'un pour rester ici auprès des parents.

MOI: T'as qu'à rester toi !

Je me lève et part rejoindre mes parents à l'autre bout du hangar. Je fais comprendre à mon père que je m'en irai bientôt. Il hoche la tête sans pour autant la relever vers moi.

Je vois Davison fermer les yeux. J'observe chacune des émotions passant sur son visage.

La peur, le regret, une pointe de remise en question, beaucoup de doute.

Les cris de la femme dont l'enfant vient de mourir se font plus assourdissants encore.

Davison relève la tête, remarque mon regard posé sur lui, notre mère pleurant, les yeux tournés vers la fenêtre.

Il ne bouge pas. Il m'adresse un simple signe de tête ; c'est bon, on partira ensemble.

Je lui répond par un sourire.

8 ans plus tard

Nous sommes partis le lendemain, avec une seule phrase en tête, celle que notre mère nous avait dite, les larmes au bord des yeux : si ce n'est qu'un au revoir on se retrouvera. Sinon, adieu.

Dans le vaisseau qui nous avait menés jusqu'à Shiloë, on ne s'était pratiquement pas parlé, trop occupés à émettre, chacun de notre côté, des tas d'hypothèses sur ce qui nous attendait une fois sur Shiloë.

Sonny est la première personne que nous avons vue en arrivant. Kate et Hawkins avaient dû le prévenir.

J'ai l'impression de devenir dingue. Ça doit être ça quand le monde s'effondre et qu'on n'a pas été capable de l'en empêcher.

Je me souviens d'un alexandrin de Baudelaire : « Mon esprit est pareil à la tour qui succombe ». Aujourd'hui seulement, j'en comprends le sens.

Like A Fight SongOù les histoires vivent. Découvrez maintenant