-Owen! Il était plus que temps.
Oui monsieur, pardon monsieur, ça ne se reproduira plus monsieur...allez vous faire foutre monsieur.
Nils se contenta d'un sourire poli et haussa les épaules comme pour s'excuser et se dédouaner. Le trafic était mauvais, ma voiture est tombée en panne, il y a eu une émeute, une inondation, une pluie de météorite, une invasion de sauterelles et un concert de Queen. De toute façon, Lori n'en avait rien à foutre. Il conduisit Nils à un appartement du 3 Chance Avenue, au dernier étage. Une espèce de mansarde d'une seule grande pièce où, même de nuit, la chaleur d'été était étouffante.
"Il y a eu un appel anonyme. On a signalé la présence d'un homme ici, se livrant à des rituels bizarres. En arrivant, la police l'a trouvé mort et, compte tenu des circonstances, a préféré nous appelé.
-Et le dénonciateur?
-Manifestement introuvable, mais les équipes travaillent encore dessus."
Nils en avait déjà marre. Marre des escaliers, marre de ce type, marre de ce métier, marre de ces meurtres. Il ne pouvait empêcher ses pensées de s'égarer du côté de la fille de son immeuble et il avait du mal à se concentrer.
"Vous avez parlé... De circonstances étranges, non? Fit-il prudemment."
Son chef hocha la tête avec gravité, comme s'il venait de prendre conscience de la tâche qui lui incombait.
"Il vaut mieux que vous le voyiez, Owen."
Et voilà, encore un trait de caractère qu'il détestait chez Lori. Son sens de la théâtralité. Quoiqu'il fasse, qu'il close une enquête ou qu'il prépare un poulet-curry, son chef se sentait obligé d'en faire des tonnes. En ouvrant la porte, Owen se préparait à être assailli par l'odeur infecte qui accompagnait la décomposition des morts, mais étrangement, ce ne fut pas le cas. Et ce ne fut pas sa seule surprise. Les murs inclinés de la mansarde étaient entièrement recouverts de symboles ésotériques, comme autant de menaces proférées à l'encontre du meurtrier. Un coin en particulier de la pièce semblait avoir souffert d'une lutte intense et sans merci, tandis que le corps reposait exactement à l'autre bout, sur un lit, allongé sur le dos, les bras le long du corps. Nils haussa un sourcil surpris.
Nom de Dieu, c'est quoi ce bordel??
Le cadavre était celui d'un homme, à un âge incroyablement avancé. Il n'avait plus de cheveux, des rides aussi profonds que des ravins et sa peau pendait à certains endroits. Ses yeux étaient blancs, vides et son corps parsemé des petites cicatrices, comme des boutons de varicelle qu'il aurait trop gratté. Nils s'approcha d'un pas vers Carolyn Mercier, la médecin légiste qui terminait ses observations préliminaires.
-Oh, fit-elle en rencontrant son regard, vous êtes là, inspecteur Owen...
Nils la gratifia d'un sourire indulgent. Depuis son arrivée dans la police scientifique, Carolyn s'était trouvée dans l'incapacité de lui adresser plus de deux phrases claires d'affilée. Sans doute la déformation professionnelle. Lorsqu'on passe ses journées avec des morts, communiquer avec les vivants devient difficile. Carolyn rougit, ce qui rappela à Nils sa rencontre de la nuit. Mais là où l'inconnue lui semblait charmante et mystérieuse, Carolyn avait plutôt l'air empotée et maladivement timide. Elle se tourna vers Lori pour lui faire part de ses premières conclusions.
-Alors, fit le chef, quelles nouvelles?
-Eh bien...je vous ai dit tout à l'heure que le corps présentait quelques aspects...singuliers et que j'avais besoin de plus de temps.
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Les Faucheurs
ParanormalLes démons ne nous apparaissent pas avec une cape rouge et des cornes. Ils apparaissent sous la forme de ce que nous désirons le plus. Fais attention à qui tu laisses entrer.