La journée avait été épuisante pour Nils, entre hypothèses, déductions, interrogatoires et retour au point de départ. Toute cette affaire lui semblait de plus en plus complexe: Un cadavre vieux de douze siècles mort la veille dans un vieux grenier couvert de symboles ésotériques et satanistes. Des sceaux de cire dans chaque coin de la pièce. Du sel un peu partout. Tout cela commençait à sentir la sorcellerie et, bien que cartésien, le jeune inspecteur se demandait dans quelle merde il mettait les pieds. Comment expliquer un cas aussi obscur? Comment cet homme était-il mort? S'adonnait-il réellement à des rituels étranges? Et son assassin, si assassin il y avait, pourquoi s'en était-il pris à lui? Tout en ruminant ces questions, Nils ne pouvait s'empêcher de repenser régulièrement à la même chose.
C'est diabolique. Toute cette histoire a quelque chose d'infernal.
Mais cette pensée était rejetée violemment dans un coin de sa tête dès qu'elle pointait le bout de son nez. Tout d'abord parce que Lori ne suivrait jamais cette piste. Et ensuite parce que Nils lui même ne pouvait se résoudre à la prendre au sérieux. Mais alors les questions restaient: Comment? Qui? Pourquoi?
Pas d'informations sur le mystérieux dénonciateur qui avait orienté la police vers le grenier. Pas plus de résultat sur l'identité de la victime. La crypto bossait encore sur les symboles et ils en avaient certainement pour une partie de la nuit. Pas de témoins, rien. La victime était un fantôme et son agresseur, le diable. Nils secoua la tête. Merde avec cette idée!
En arrivant en vue de son immeuble, ses pensées morbides furent chassées par l'espoir de croiser de nouveau sa charmante voisine qui lui était pourtant sortie de la tête pour la journée. Cependant, ses pensées assaillies par des idées assez glauques, Nils doutait d'être de bonne compagnie ce soir. À moins que la jeune fille ne soit assez distrayante pour l'occuper quelques heures.
***
Un meurtre. Enfin! C'était tellement bon de pouvoir reprendre la chasse! Je n'avais plus eu de nouvelles de mes collègues depuis mon dernier assassinat. Le Magicien. Le vampire. Malgré tous ses efforts et la blessure qu'il m'avait infligée, je l'avais vaincu. Et la jouissance totale que j'avais retirée de ce meurtre m'avait accompagnée pendant plusieurs années avant de se dissiper. Aujourd'hui, je n'en retirai qu'une profonde mélancolie, certainement la même qu'un humain ressentirai en se souvenant de son dernier amour. C'était ce même sentiment qui accompagnait mes longues divagations quand je me remémorai le bon vieux temps. Ah, l'Antiquité... Les guerres... Et la période bénie du Moyen-âge. Enfin bénie...façon de parler. La liberté totale de faire ce que bon me semble, de tuer en compagnie de mes frères faucheurs. Semer la terreur dans les foules, au cœur même de l'Église qui ne prenait pas conscience du danger que nous représentions pour elle. Le bonheur absolu.
Si seulement le Père n'avait jamais entendu les prières éplorées des Hommes. Si seulement il n'avait pas envoyé Raphaël pour les protéger. Si seulement celui ci n'avait pas vaincu notre Seigneur Azrael. Ma vie, alors, serait restée le bonheur infernal qu'elle aurait du être.
Et voilà, une fois encore, mes pensées s'étaient égarées. Ces souvenirs envahissaient mon esprit. Mais je devais me concentrer sur le présent. Une fois le corbeau éliminé, deux faucheurs devaient encore être abattus pour qu'il ne reste plus que moi. Et pas des moindres. L'idée d'une alliance m'avait toujours parue ridicule et c'était encore le cas. Mais rien ne m'empêchait de trouver de l'aide chez les mortels.
***
-Tiens, monsieur Premier-étage-porte-de-gauche!
Nils leva la tête et ses questions désertèrent immédiatement son esprit. Il avait bien mieux à faire que s'interroger: LA fille était là, juste devant lui, en short d'été et pull léger, dans ses converses rouges. Elle lui adressait un sourire malicieux qui lui fit monter le rouge aux joues. Heureusement, la partie hormonale reprit le dessus pour continuer la mission qui avait avorté le matin même: Obtenir le numéro de la fille. Après une pause savamment calculée, Nils sourit. Après tout, Monsieur Premier-étage-porte-de-gauche c'était mieux que Le-gros-con-qui-m'a-tenu-la-jambe.
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Les Faucheurs
ParanormalLes démons ne nous apparaissent pas avec une cape rouge et des cornes. Ils apparaissent sous la forme de ce que nous désirons le plus. Fais attention à qui tu laisses entrer.