Chapitre I

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MAINTENANT

Une jeune femme essuyait ses larmes, son geste était machinal, comme si elle avait l'habitude de pleurer et d'effacer ensuite les traces de ses sanglots. Mais, malgré tous ses efforts, ses yeux qui étaient normalement d'un bleu limpide, étaient aujourd'hui rouge sang, son visage était livide et sans expression alors qu'il aurait dû être lumineux et souriant, son teint était pâle à faire peur, ses cernes étaient profondes à en être inquiétantes, son regard était perdu et fatigué alors que d'ordinaire il brillait par sa vivacité.

La brune était brisée au plus profond d'elle-même, elle avait perdu son âme-sœur, sa meilleure amie, sa sœur de cœur il y avait moins d'un mois. Elle n'avait même pas eu le temps de songer à faire son deuil qu'elle avait été confrontée à la pire vision qu'elle aurait pu imaginer : celle de son assassin, un meurtrier à n'en pas douter. Le prince héritier de sa planète qui portait le nom si banal de Mathéo se trouvait aujourd'hui sous ses yeux, il se pavanait devant elle comme s'il était déjà roi. Il semblait heureux, comment était-ce possible ? Il avait tué une adolescente innocente et il était heureux ?! N'avait-il donc aucun cœur ?! Comment pouvait-il se regarder dans un miroir ?!

Elle n'aurait sûrement jamais de réponse à ses questions mais Ariane n'en avait strictement rien à faire. Tout ce qui concernait Mathéo la faisait vomir, elle le haïssait comme Artémis l'avait haï avant elle. Sa meilleure amie lui avait pourtant répété des milliers de fois que ce n'était qu'un escargot gluant, puant et arrogant (les insultes de la défunte rousse avaient été souvent en lien avec des animaux) mais elle ne l'avait pas cru, à tort, préférant croire que l'expression "telle mère tel fils" était erronée, qu'elle s'en voulait à présent de ne pas avoir écouté son amie !

NEUF MOIS AUPARAVANT

Les deux jeunes femmes se baladaient dans une rue populaire d'Olya, cherchant un peu de nourriture à rapporter chez elles, où un sans foyer de neuf ans les attendait, il n'avait que la peau sur les os et elles lui avaient promis de lui ramener quelque chose à se mettre sous la dent.

— La meuf en jupe léopard ?

La plus petite montra à son amie une femme dans la cinquantaine qui portait des vêtements plus que démodés.

— Trop moche, je m'approche pas, son mauvais goût pourrait être contagieux.

— Sérieux ? T'as pas fini de faire ta diva ? On est ici pour voler, pas pour élire la nouvelle Miss Alyon !

Ariane était sur les nerfs, c'était sa mauvaise période du mois et la vision du petit sans foyer plus maigre et affaibli que jamais n'avait pas arrangée son humeur.

— Arrêtes de crier et regardes plutôt le gros là-bas. C'est une bien meilleure proie que l'autre pute.

La rousse désigna un homme dans la trentaine qui semblait particulièrement bien nourri au vu de son embonpoint peu discret.

— Ok, je te couvre.

Artémis mit sa capuche pour couvrir sa chevelure flamboyante et se rapprocha discrètement de sa cible. Elle était aussi furtive qu'un prédateur du désert. Sa morphologie fine et sculptée pour l'agilité l'aidait beaucoup. Pendant ce temps, son amie attirait l'attention générale ailleurs.

— LE PRINCE !!! IL EST LÀ !!! JE L'AI VU !!! REGARDEZ !!! SA MAJESTÉ MATHÉO D'ALYON !!!

Un discret sourire vint égayer les lèvres de la voleuse tandis qu'elle se penchait pour prendre la petite bourse en cuir qu'elle avait repéré il y a quelques minutes, Ariane était très douée pour inventer de quoi faire se retourner les gens, chaque fois, elle imaginait de nouveaux stratagèmes particulièrement drôles.

Ariane, Tome I : ArtémisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant