MAINTENANT
Ariane monta jusque dans sa chambre, Hécate avait précisé qu'elle logeait dans la 3. Elle était épuisée, la journée avait été éprouvante, mais elle était aussi assez curieuse de savoir à quoi pouvait bien ressembler la pièce où elle allait vivre pendant deux longues années. Enfin, elle espérait surtout que les murs étaient insonorisés, quelle honte ce serait si quelqu'un l'entendait chialer ! Depuis le meurtre d'Artémis, pas une nuit ne passait sans qu'elle ne se mette à pleurer.
Une fois arrivée, elle ouvrit la porte de chêne plaquée du numéro "3". Elle découvrit alors une pièce spacieuse aux murs argentés, ce qui lui donnait un côté très lumineux. Une grande fenêtre trônait au dessus du lit qui était recouvert d'une couverture de fourrure blanche. Une bibliothèque s'étendait sur la moitié du mur de droite, laissant après la place à une petite porte qui devait sûrement donner sur la salle de bain. De l'autre côté, à gauche, se trouvait un bureau pour le moment bien rangé, un fauteuil qui avait l'air très confortable et une armoire fermée, Hécate avait promis qu'elle trouverait des vêtements à l'intérieur.
Le confort était bien au-delà des espérances de la sans foyer qui n'avait pour le moment vécu que dans la rue ou dans de vieux taudis miteux (et infestés de rats). Ariane sourit, ces deux années ne seraient peut-être pas si terribles finalement. Avant d'aller se coucher, elle vérifia l'épaisseur des cloisons, souhaitant de tout cœur qu'elle soit suffisamment solide pour ne pas laisser passer les bruits gênants de ses larmes. Une fois qu'elle s'en fut assurée, la jeune femme partit rejoindre les bras de Morphée en toute sérénité.
Dans le couloir d'en face, dans une autre chambre aux teintes plus marines, Émilien, le triton au beau regard océan, venait d'effectuer la même vérification, comme quasiment tous les nouveaux habitants d'Olympe en réalité. Chacun d'entre eux, sauf l'innocente Fan qui n'avait aucune raison de s'inquiéter de l'épaisseur des murs, avait préféré s'assurer qu'il ne serait pas entendu au cours de la nuit.
TROIS MOIS AUPARAVANT
Émilien sortit du palais en soupirant, sa place de demi-prince était vraiment ingrate ! N'étant pas le fils légitime du roi et de la reine du Neptian, il n'avait aucun droit d'ascension au trône, mais il devait quand même rester fidèle au protocole royal qui s'avérait être particulièrement agaçant.
Par exemple, certaines lois exigeaient qu'il s'incline à chaque fois qu'il rencontrait un des enfants au sang plus pur que le sien, et cela, dans le but de s'excuser de son existence ! Sauf que c'était complètement stupide, non seulement ce n'était pas sa faute si son père était incapable de ne pas tromper sa femme, qui d'ailleurs avait été suffisamment naïve pour croire aux promesses d'un mariage arrangé, mais en plus, vu qu'il habitait au même endroit que sa demi-sœur, la seule princesse légitime, il devait courber l'échine toutes les trente secondes ! Et c'était particulièrement énervant !
Surtout qu'Hybris, l'unique enfant issu de l'union des seigneurs du Neptian, avait un égo surdimensionné et qu'elle était tellement arrogante qu'elle en devenait insupportable. Alors, quand ils, les autres bâtards et lui, s'inclinaient devant elle pour respecter la tradition, elle passait devant eux sans leur accorder la moindre attention tout en abordant un petit sourire satisfait, comme si elle était le centre du monde et que c'était normal qu'ils s'excusent d'exister.
Cela agaçait profondément Emilien qui se débrouillait toujours pour être très loin de sa sœur, car il lui était complètement impossible de s'incliner devant elle, c'était une question de fierté. Certes, il était le fils d'une prostituée de la cour qui avait couché avec le roi juste pour avoir un peu plus de réputation, de clients et de revenus. Mais ce n'était pas pour autant qu'il était un moins que rien ! Sa fierté l'empêchait de se rabaisser devant cette petite princesse pourrie-gâtée qu'était sa demi-soeur.
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Ariane, Tome I : Artémis
FantasiaAriane avait tout perdu : sa meilleure amie Artémis, tuée sous ses yeux ; ses espoirs pourtant peu nombreux ; et même ses rêves alors qu'ils n'étaient pas franchement incroyables. Était-il possible d'avoir une vie plus misérable que la sienne en ce...