Ariane, Tome I : Artémis

Chapitre II

SIX MOIS AUPARAVANT

Une jeune femme brune aux terrifiants yeux rouges regardait avec inquiétude la bataille qui se déroulait dans l'arène en dessous d'elle. Elle était installée dans les tribunes royales, dans le plus petit fauteuil, le plus éloigné du trône vide. À côté d'elle, il y avait le siège de sa mère, celle-ci, une belle femme aux longs cheveux noirs, pleurait sans même essayer d'être discrète, elle était faible, comme toutes les femmes de ce royaume songea Kiara. Au milieu de la tribune, se situait le trône imposant du roi qui appartenait, pour aujourd'hui du moins, à son père, celui-ci, un homme aux multiples cicatrices, combattait dans l'arène, soit il revenait victorieux, soit il mourrait dans la bataille. À la droite du roi se trouvait le fauteuil le plus éloigné du sien, c'était là la place du prince héritier, son grand frère, un bel homme d'une vingtaine d'années, qui jouait sa vie en contre-bas, s'il gagnait, il deviendrait roi, s'il perdait, il mourrait.

Kiara ne pleura pas en voyant son frère mourir. Elle ne réagit pas, elle s'attendait à ce dénouement. Une Brising ne se terminait jamais bien de toute façon, elle le savait. Cette bataille faisait partie des traditions barbares des Solariens, elle avait lieu tous les six mois, lors de ce tournoi, tous les jeunes hommes de 20 ans avaient le droit de combattre leur roi pour essayer de prendre sa place enviée en toute légalité. Pour remporter une Brising et, par la même occasion, devenir roi, il fallait tuer tous les combattants, les candidats au trône inclus. Cette tradition permettait aux Solariens d'être assurés qu'ils étaient gouvernés par le plus puissant guerrier de leur peuple, même si celui-ci était bête comme un pied, les habitants de Solar lui vouerait un total respect car il aurait prouvé qu'il était un combattant hors-pair, meilleur que tous les autres.

La jeune femme était sûre qu'elle aurait pu remporter une Brising, elle maniait l'épée mieux que le capitaine de la garde, elle se battait plus férocement que les bataillons armés de son père, elle était une stratège douée et intelligente, son esprit militaire mériterait d'être louangé, elle connaissait toutes les armes blanches et elle était capable de se servir de chacune à la perfection, elle s'était musclée et avait sculpté son corps pour être aussi féline qu'une panthère, elle s'était entraînée plus dure que tous les soldats de Solar réunis, elle était la meilleure guerrière que l'univers n'est jamais porté.

Mais, elle ne pourrait jamais prouver au monde son talent. Tout ça parce que les Solariens étaient persuadés que les femmes n'étaient bonnes à rien si ce n'est à les soulager quand ils avaient fini de guerroyer. Elle aurait bien aimé participer à une Brising pour dévoiler à son peuple qu'elle était bien plus douée que ce qu'il croyait, qu'elle était meilleure guerrière que son père, qu'elle serait une meilleure reine que tous ceux qui l'avait précédé. Enfin, elle ne pourrait jamais faire ça, les femmes de Solar n'avaient pas le droit de gouverner, de se battre, et certainement pas de combattre lors d'une Brising.

— LONGUE VIE AU ROI RICK, GAGNANT DE CETTE BRISING !

Une nouvelle fois, son père avait gagné, comme il le faisait tous les six mois depuis ses vingt ans, c'était vraiment un bon guerrier à l'image de sa fille, au contraire de son fils. Mais, aujourd'hui, à quel prix avait-il conservé sa place de seigneur ? Il avait tué son propre fils, il l'avait transpercé avec la lame de son sabre, il était tâché de son sang, il avait sur la conscience la mort de son fils aîné qui n'avait jamais voulu risquer sa vie.

Konnor avait été obligé de participer au tournoi, en effet, s'il ne prenait pas part à la Brising, il perdait tout honneur ce qui signifiait être renié de sa famille, voir de sa planète car plus personne ne souhaiterait l'accueillir s'il refusait de se battre. Pour les Solariens, être un prince et refuser de concourir pour devenir roi revenait à trahir son royaume et sa place royale, plus que tout, cela voulait dire être lâche et les lâches n'étaient pas acceptés à Solar.