Ariane, Tome I : Artémis

Chapitre III

SEPT MOIS AUPARAVANT

Artémis regardait vaguement la une d'un journal traînant dans une flaque de boue, non loin de chez elle, près du quartier des sans foyers. La première page du magazine possédait un titre plutôt accrocheur bien que le début soit partiellement recouvert par des tâches qui rendait la lecture compliquée et incomplète. Il indiquait : "KONN..R  DE  ...LAR  S'IN..CR..T  À  L..  PR..CHAI..E  BR..S..NG ! VA-T-IL EN MO...RIR OU PREND...E LA PL...CE DE SON ...ÈRE ?". En arrière plan de cette question, le visage d'un jeune homme aux cheveux noirs comme la nuit et aux yeux rougeoyants comme la braise s'affichait en gros plan.

La jeune femme ne prit pas la peine de ramasser le journal boueux, elle passa devant sans plus s'attarder. Non seulement elle n'avait pas envie de se salir les mains mais en plus, les problèmes royaux l'indifféraient complètement, elle avait déjà largement assez des siens. Elle n'avait pas besoin de s'intéresser à ceux des autres, encore moins à ceux des riches qui n'avaient que de faux problèmes comparés aux siens. Alors, elle n'avait absolument pas besoin de savoir qui était ce Konnor et pourquoi il avait décidé de risquer sa vie lors d'une Brising.

En plus, la planète des Solariens était une contrée barbare où seule la loi du plus fort s'exerçait, elle ne voyait donc aucune raison de s'inquiéter de ce qui pouvait bien se passer là-bas. Si ce dénommé Konnor, un de leurs princes sûrement, mourrait pendant une de leurs traditions guerrières stupides, il l'aurait bien cherché, il n'avait qu'à pas s'inscrire. Et, s'il prenait la place de son père en tant que roi, ça ne changerait strictement rien à sa vie, les dirigeants de Solar n'interféraient pas dans la politique d'Alyon. Et puis, sérieusement, quelle idée de participer à une Brising ? C'était complètement suicidaire, elle ne connaissait pas grand chose de ce tournoi mais le peu qu'elle en savait lui donnait froid dans le dos. 

MAINTENANT

Ariane écoutait attentivement la souveraine magicienne. Elle commença tout d'abord par se présenter, elle se nommait Hécate, elle était née sur Olympe de deux parents magiciens, ce qui était plutôt rare. Ensuite, elle leur expliqua ce qu'ils faisaient là.

— Comme vous le savez, vous êtes des descendants des dieux, et votre gène Z s'est déclaré dans le courant de l'année. Ce qui signifie que vous êtes dotés de dons magiques. Cette particularité peut être une malédiction comme une bénédiction. Certains d'entre vous ont déjà pu expérimenter le côté néfaste de vos pouvoirs.

À cette phrase, un prince aux courts cheveux châtains et aux pénétrants yeux marines baissa honteusement la tête.

— Si vous ne savez pas contrôler vos dons, vous êtes mortellement dangereux pour vous et pour tous ceux qui vous entourent. C'est pourquoi il est obligatoire pour vous d'apprendre à maîtriser vos pouvoirs à Olympe avec des magiciens expérimentés. Pendant deux ans, nous nous évertuerons à vous enseigner comment dompter vos capacités hors-normes. Au terme de cette apprentissage, vous aurez le choix entre rester à Olympe pour y habiter, continuer de comprendre le fonctionnement du gène Z, améliorer votre maîtrise et, peut-être, devenir officiellement magicien à votre tour ou rentrer dans votre planète natale pour reprendre votre vie là où vous l'aviez laissées. Des questions ?

Mathéo, cet assassin, répondit en la désignant du doigt, un air étonné sur le visage.

— Oui, que fait-elle là ? Je croyais que seuls les descendants des dieux possédaient le gène Z, or, cette fille n'a pas d'ancêtre divin, c'est une sans foyer d'Olya.

Tous les adolescents (qui étaient au nombre de quatre sans compter ni Mathéo ni elle-même) tournèrent la tête vers elle, l'un d'entre eux, Robyn du Lycio, afficha un air dégoûté en découvrant sa véritable identité. En effet, les vêtements que lui avaient prêtés les magiciens ainsi que la toilette qu'elle avait dû supporter quelques heures avant pouvaient facilement induire en erreur, il était simple de croire qu'elle était une princesse comme les deux autres filles présentes.