Le parking du centre commercial est devenu payant il y a quinze ans à cause des usagers du RER qui y stationnaient toute la journée et empêchaient les clients de se garer. Mais, rappelé partout, il y a deux heures et demie gratuites. Si entrer est généralement sans incident - une pression sur un bouton et la machine délivre un ticket -, sortir est parfois plus difficile, en raison d'un dépassement du temps gratuit ou d'un arrêt inopiné du système, dont on rend facilement responsable l'automobiliste premier coincé. Pour ne pas payer, quelques resquilleurs se collent à la voiture précédente quand la barrière se lève (idem, certains camionneurs au péage des autoroutes). Il n'est pas rare, tard le soir, de trouver ouvertes les barrières de sortie, ce qui évite peut-être qu'elles soient délibérément enfoncées.
Les hommes et les femmes qui m'accostaient dans le parking pour me demander un euro ont disparu. Il y a de plus en plus de SDF dans l'ensemble de la société mais de moins en moins autour du centre commercial, à l'exception de deux endroits, qui ne font pas partie du territoire privé du centre commercial :
près de l'entrée ombreuse, dans le renforcement situé entre le mur aveugle derrière lequel se trouve Auchan et l'immeuble de la Caisse d'Epargne, dont une partie a été transformée en bibliothèque universitaire. C'est d'ailleurs sur un muret le long de la bibliothèque qu'ils sont assis dès qu'il fait soleil, regardant passer les gens, très nombreux en cet endroit de la dalle qui relie la préfecture, les gares RER et routière, La Poste, etc., au centre commercial
devant l'entrée qui débouche sur une rue piétonne animée, bordée de boutiques indépendantes et dont une partie est pourvue d'arcades qui offrent un bon abri. C'est le lieu de la manche mais aussi des signatures pour des causes diverses plus ou moins crédibles, inévitablement assorties d'une demande de don.
Dans le centre, il y a plusieurs volées d'escalators à double sens entre les différents niveaux et un long tapis roulant qui permet l'accès avec un caddie. Il y en a un aussi à l'intérieur de l'hyper, qui fait communiquer les deux niveaux, mais avec ceux montées et une seule descente. Dans ces moments où l'on se trouve contraint à l'immobilité les uns derrière les autres, entre gens qui montent et gens qui descendent, les regards se croisent, on se dévisage aisément avec curiosité, comme dans une gare les voyageurs de deux trains roulant doucement en sens inverse.
De quelle façon sommes-nous présents les gens, les panneaux suspendus au-dessus des têtes.
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Regarde les lumières mon amour
RandomSouvent, j'ai été accablée par un sentiment d'impuissance et d'injustice en sortant de l'hypermarché. Pour autant, je n'ai jamais cessé de ressentir l'attractivité de ce lieu et de la vie collective, subtile, spécifique, qui s'y déroule. A.E ⚠ce liv...