HUIT - PARALLÉLISME

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Une sensation de picotement dans les mains me faisait émerger. Relevant la tête et me frottant les yeux je devinais que je m'étais endormi sur mes livres à en juger par l'absence de soleil et de quelconques bruits ambiants. Je jetais un œil au radio-réveil sur la table de nuit : 4:13 a.m. Il allait sonner dans même pas deux heures et je savais que le sommeil ne me gagnerait pas d'ici-là. Avec un bâillement je m'étirais en me levant, un mal de dos m'assénant. Cette chaise, bien que molletonnée n'en était pas plus confortable. Au sol, j'attrapais le gros sweat gris et me rendais sur le balcon en traînant des pieds.  

J'appréciais faire ça, la nuit, lorsque le sommeil me quittait plus tôt qu'il ne le devrait. Regarder la ville qui s'étendait et s'étendait, encore et encore, sur des kilomètres, alors qu'elle, ne semblait jamais s'endormir. 

En ouvrant la porte, le petit vent frais du crépuscule vint se coller contre mes joues et les faire rougir. Je regardais l'air chaud, humide, condensé qui s'échappait de ma bouche s'étendre dans un nuage de fumée dense pour se dissiper quelques mètres plus haut. Le ciel était dégagé et les étoiles se comptaient par milliers.

Je passais mon doigt sur la bague autour de mon majeur droit et jouait avec la bague en or qui l'entourait. En la retirant pour la regarder de plus près. Les larmes me montaient aux yeux sans que je ne puisse les retenir. 

Dans quelques jours, ça ferait quatre mois. Quatre mois qu'elle était partie. Elle me manquait terriblement. Je ne comprenais toujours pas comment je faisais pour encore tenir debout tandis qu'elle ne faisait plus, physiquement du moins, partie de ma vie. 

C'était tellement difficile, de ne plus avoir son épaule sur laquelle pleurer. De ne plus entendre ses conseils qui me paraissait toujours bons et bienveillants. De ne plus pouvoir l'avoir près de moi lorsque ça n'allait pas. De ne plus sentir son odeur tous les matins. De ne plus entendre le bruit de ses pas dans les escaliers lorsqu'elle venait me réveiller. De ne plus voir son sourire chaque jour qui ne semblait jamais s'effacer même dans les pires situations. 

Je me laissais glisser contre le mur, sanglotante. Seule au vingt-huitième étage de cet appartement de New-York. Je serrais la bague fort entre mes mains. Cette bague-là, elle me l'avait offerte pour mes seize ans. 

- Cette bague, c'est la première bague que Nelson m'a offerte. Pour nos six mois.

Elle me tendait l'anneau d'or, tressé sur le dessus et parsemé de diamant. J'observais l'objet avec tant d'admiration que je n'osais même pas le toucher. 

- Elle est à toi maintenant. 

Elle attrapait ma main et enfilait l'objet sur mon majeur avant de prendre mon visage entre ses mains délicates et de m'embrasser le front. Sans que je ne sache pourquoi, une larme roulait sur ma joue et je plongeais dans ses bras. 

Cette bague, je ne l'avais jamais quitté depuis. Elle signifiait tant pour moi. Elle était une preuve d'amour de Nelson envers maman et de maman envers moi. En la portant autour de mon doigt chaque jour, elle me permettait de l'avoir à mes côtés en permanence. 

Je chassais mes larmes d'un geste de main et un petit sourire nostalgique fendait mon visage. En enfilant de nouveau l'anneau, une envie me prit soudain.

Les mains tremblantes, je sortais mon portable de ma poche. A cet instant je n'avais envie que d'une chose : l'appeler, lui. Son numéro, que je connaissais par cœur malgré les années apparaissait dans ma liste de contacts, j'appuyais sur son nom et collais le portable contre mon oreille.

Une sonnerie. Deux sonneries. Trois...

— Nana ?

Sa voix endormie me collait un immense sourire sur le visage.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 21, 2019 ⏰

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Pluie de Crystal | #wattys2019Où les histoires vivent. Découvrez maintenant