Pluie de Crystal | #wattys2019

UN - PRESSENTIMENT

J'aurais pu rester ainsi des heures entières. L'eau ondulait sous ma planche, tranquille, sans faire aucune vague, me portant juste au rythme naturelle couvait. Elle glissait avec agilité entre mes logs cheveux ébènes et le soleil caressait de la plus grande de douceur ma peau foncée par ses rayons. Je ne désirais pas bouger, allongée ainsi, l'air échauffé de ce début d'été contre mon corps et le chant des oiseaux de toute espèces que je ne saurais identifier faisant parcours jusque mon oreiller pour s'y loger et me bercer. 

C'était parfait. 

Mes yeux, parcourait le paysage qui m'entourait. Il passait entre les hauts arbres qui bordaient le lac et qui, à cette période de l'année, étaient tous en fleur. Ainsi, les différentes couleurs des sapins, des chênes, des pins et des arbres fruitiers se chevauchaient avec une certaine harmonie chaotique. Tout semblait à sa place. Laissant mon regard divaguer, j'apercevais la petite cabane de bois, sur la plage, à la lisière de la forêt. Elle se tenait là depuis des années et n'avait pas bougée d'un centimètres. Ses planches se trouvaient toujours parfaitement droites et alignées, seules la couleur ternissait avec le temps, ne la rendant pas moins jolie si ce n'est plus authentique encore. La porte entre-ouverte depuis mon arrivée, j'arrivais à entrevoir le reste du matériel qui y séjournait toute l'année. 

Une grande inspiration et les yeux clos, je savourais ces premières minutes de vacances comme je pourrais savourer les première bouchées d'un plat exquis concocté par maman. La stridente sonnerie du lycée ayant mit fin à cette journée et par conséquent à cette année scolaire avait retentit tôt pour moi. L'entendant résonner depuis ma salle de classe, je m'étais précipitée sur mon vélo pour me rendre le plus vite possible jusqu'à mon petit coin de paradis. Attendre Jarred et Julia qui eux terminaient plus tard ne m'avait pas traversé l'esprit ; je savais qu'ils me rejoindraient à la seconde où, leur dernier cours arriveraient à son terme. J'avais posé pieds sur la plage en moins de temps qu'il n'en faut, le vent chaud de cette fin de mois de juin me fouettant le visage avec force tant je poussais mes jambes à pédaler aussi fort que mes muscles de non-sportive à plein temps leur permettait. Une fois arrivée sur place, sans prendre le temps d'attacher mon vélo, j'avais foulé le sable brûlant tout en retirant mes vêtements, débarquant donc face à la cabane simplement vêtue de mon maillot de bain orange. Sans attendre j'ai ouvert la maisonnette avec cette clefs que seuls nous cinq partagions et, de mouvements pressés et concis, en ai sorti ma planche. Quelques mètres nous séparaient, l'eau et moi, et je me suis empressée de les couvrir pour m'y jeter. 

Lorsque mon corps est entré en contact avec l'eau, un frissons m'a parcouru des orteils à la racine de mes cheveux, semblait m'offrir un regain d'énergie. Elle était bonne, fraîche, mais exquise. Mon corps écrasé contre la planche, j'ai pagayé avec force le plus loin possible de la plage et ai fini ma course en m'étalant sur celle-ci, m'abandonnant à un grand bain de soleil.

Je ne pourrais dire combien de temps je suis restée là, allongée, les yeux clos et les mains s'enfonçant dans l'eau claire et parfaitement limpide du lac. Je me voyais cependant relever la tête lorsque le grondement du moteur du van vert pomme de Jarred me parvenait aux oreilles. Il apparaissait sur la plage par la petite route et je discernais au loin, mon frère et Julia, sortir du véhicule, d'immense sourires plaqués sur les lèvres. Déjà dévêtus, ils couraient jusque la cabane de bois et en ressortait, leurs paddles sous le bras. De si loin, je parvenait à entendre leurs rires tandis que je m'empressais de pagayer dans leur direction.

Tout était absolument parfait. 

Cette première après-midi de vacances ne pouvait pas mieux se dérouler. J'étais sur le site que j'aimais par dessus tous dans cette ville, aux côtés de mon frère et de ma meilleure amie.