Entraînement

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 Lorsque je suivis Tam, Linh et Fitz qui voulaient s'entraîner, je retournais encore dans ma tête la photo que Jade avait prise: Keefe embrassant Sophie. Pourquoi était-elle Sokeefe, sincèrement ?

Je secouai la tête pour m'éclaircir les pensées. Tam s'assit à côté de moi.

-Tu es fatigué? Lui demandai-je.

-Oui, un peu. Et je vais les regarder, tous les deux, faire leurs petits concours.

Des concours? Je levai la tête pour voir Fitz et Linh qui se faisaient face. Chacun avait dans la main un katana troll. 

-La plupart des garçons qui s'entraînent physiquement aiment m'affronter parce que je suis une fille, lançait l'Hydrokinésiste. Du coup, ils pensent qu'ils peuvent gagner.

-Je ne voudrais pas être misogyne, rétorqua Fitz, mais je suis sûr de remporter la victoire.

-Ah oui?

Ils commencèrent à combattre. Fitz semblait avoir de la force, mais Linh montrait une grâce et une rapidité particulièrement surprenantes. Elle était très douée.

Linh finit par mettre Fitz à terre. Le katana sous la gorge, il fut obligé de déclarer forfait.

-Alors? Tu gagnes toujours?

-J'ai retenu mes coups, rétorqua-t-il. Je ne frappe pas les filles.

-Mais bien sûr...

-Je te jure!

-Si c'est cela le problème, concours de pompes poirier. 

-OK!

Il semblait très confiant. Mais Linh aussi. Tous les deux firent donc le poirier, et firent... oui, des pompes poirier. Autant vous dire que ça, je ne sais pas faire. Déjà que je me gamelle en essayant de faire le poirier... non, je ne copie absolument pas une réflexion de Sophie dans le tome 7! C'est vrai de vrai, je vous jure! D'ailleurs... si Tam était encore là, on était dans quelle partie? J'étais perdue moi...

Tout ça pour dire que je m'efforçai de compter leur nombre de pompes. A exactement 162, Fitz n'en put plus et arrêta. Quant à Linh, elle continua jusqu'à 200 pile. 

-Et là? Tu t'es retenu pour me faire plaisir?

-Eh bien...

Je me tournai vers Tam tandis qu'ils continuaient leurs entraînements.

J'avais un peu peur de réveiller en lui des souvenirs désagréables, mais je demandai tout de même de but en blanc:

-Comment c'était, à Exillium?

-Eh bien... c'était dur. Dès que nous n'avions pas respecté la moindre petite règle inutile, ils nous attachaient en place publique et nous battaient sous les yeux des autres élèves, pour que nous ayons peur d'eux. A trois, ils n'auraient pas pu contenir une rébellion, sinon. 

-Ce.... ça n'était pas marqué dans le livre. Ils vous punissaient autrement?

-Oh, oui. Des fois, ils nous empêchaient de manger pendant toute une journée, nous ne pouvions nous sustenter que lorsque nous revenions chez nous. D'autres fois, ils nous plongeaient dans l'eau glacée et nous maintenaient sous la surface. Enfin... ils le faisaient avec les autres, mais pas avec nous.

-Pourquoi?

-Parce que nous les écoutions beaucoup trop pendant leurs cours. Du coup, nous supportions sans problème le froid, la faim, le manque d'oxygène... nous, ils ne faisaient que nous frapper pour nous le faire regretter. Mais comme nous avons fini par tout supporter, ils ont carrément eu peur de nous; elle parce que tout le monde racontait qu'elle était capable de tout noyer, et moi, parce qu'ils me trouvaient sinistre. Du coup, ils n'osaient plus s'approcher de nous. Tout le monde nous fuyait. Plus personne ne se souvenait des gamins apeurés que nous étions au départ. On nous fuyait comme la peste. Et... je dois dire que cela nous plaisait bien.

Je secouai la tête. J'étais passée à côté de l'horreur d'Exillium. Après tout, Sophie n'y était restée que quelques semaines...

-Bon, et bien je vais y retourner pour rabattre le caquet à Fitz avant qu'il ne continue de draguer ma sœur! 

Il se leva tandis que j'éclatais de rire.

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Lorsque j'arrivai à Havenfield, je trouvai Jade dans la cuisine avec Edaline. Elles plongeaient des  fruits dans du caramel et les disposaient sur une assiette pour former une fleur, et j'aperçus, sur un plat, des gâteaux fourrés tout juste sortis du four. Je savourai l'odeur de chocolat fondu qui s'en élevait. Dès qu'elle me vit, Jade se retourna et m'accueillit avec un grand sourire. Quant à Edaline, elle préféra me dire:

-Tu peux goûter à ce que nous faisons, si tu veux.

Je m'approchai timidement d'un gâteau fourré et le mis dans ma bouche. Délicieux! Je ne pensais pas que cela pouvait être aussi bon. 

Nous visitâmes tout Havenfield et trouvèrent énormément de salles qui n'étaient pas mentionnées dans le livre. Puis il se fit tard, et nous rentrâmes en Atlantide.

Un rêve réaliséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant