Je ne vous aime pas !

Chapitre 4. Le trajet

    Je pleure en silence. Les garçons me regardent de temps en temps sans me demander pourquoi . Ils doivent le savoir. Paul est sur son téléphone. Je pense à ma famille, et à ma sœur. Je pense à toutes les choses que je vais manquer : sa rentrée au CP, son apprentissage de la lecture et de l'écriture, les repas de famille avec mes parents, les promenades au bord de l'eau avec mon père, la pâtisserie avec maman. Une nouvelle vie m'attend. Une vie totalement différente de ce qu'aurais imaginé. A 16 ans, j'arrête le lycée. Je n'ai aucun diplôme hormis le brevet. Je pars vivre mon rêve : celui d'être danseuse professionnelle. Certains parents auraient refusé que j'abandonne tout pour partir. Mais pas les miens. Ils m'encouragent depuis mes 4 ans à réaliser mon rêve. Et mon rêve c'est de danser.

    La plupart des personnes ne peuvent pas comprendre ce que signifie danser pour moi. Pour moi danser équivaut à respirer. C'est une partie de moi. Danser est mon identité. Danser me permet d'exprimer toutes mes émotions. Certaines émotions que je ne peux pas exprimer avec des mots, comme par exemple le font les écrivains. Moi, mes émotions passent par les mouvements, et les enchaînements. La danse a toujours fait partie de ma vie. La danse m'a sauvé la vie. La danse m'a fait reprendre du poids après mon anorexie. La danse m'a donné une raison de vivre après ma maladie mentale.

    L'anorexie est pour certains quelque chose d'insignifiant, ou qui n'est pas si grave. Pourtant, quand manger devient impossible c'est une maladie. Manger est loin d'être aussi facile que ce que l'on peut penser. Couper ses aliments demande de l'énergie. Mettre sa fourchette à la bouche demande de l'énergie. Mâcher. Avaler. Et recommencer. Ces petits gestes anodins demandent énormément d'énergie. Mais quand on a déjà plus de force, manger devient littéralement impossible. Au début, je voulais juste maigrir pour perdre mes formes. Jamais je n'aurais cru devenir anorexique, et être hospitalisée. Avoir des formes au collège ce n'est pas facile. Tous les garçons me regardaient, me sifflaient, et parlaient dans mon dos. Certains s'intéressaient à moi juste pour avoir l'occasion de coucher avec moi. Alors j'ai voulu maigrir, et redevenir transparente. Et en moins de deux mois, j'étais anorexique. J'étais tout le temps fatigué. Le moindre effort me fatiguait. Manger devenait une perte d'énergie et de temps. Je voulais consacrer mon énergie à la danse, et à mes devoirs. Danser devenait épuisant. Et pourtant c'est ce qui me maintenait en vie. Je me suis rendu compte que mon anorexie était mentale, quand un jour alors que je me forçais à manger j'ai tout revomi. Je ne me suis pas fait vomir. Mon corps ne gardait tout simplement aucune nourriture. Mon mental était tellement mal qu'il le faisait ressentir dans mon corps. Alors que j'avais besoin de cette nourriture pour réaliser un enchainement super compliqué, j'avais l'estomac vide et plus de force. J'aurais pu envoyer un message à ma prof pour lui dire que je ne viendrais pas. Mais je suis quand même venue. Après avoir fait le dauphin, ma tête commençait à tourner. Alors que je suis partie sur la droite pour faire mes pas de bourrés, j'ai vu tout blanc, puis noir, et enfin noir avec des points blancs.

Je me suis réveillée dans un lit d'hôpital. J'étais hospitalisée pour anorexie. Ce n'est pas vraiment ça qui m'a mise en rogne. C'était de ne plus faire de danse, le temps que je guérisse. La danse est ce qui m'a motivé à guérir. Après avoir deux psychiatres, et un psychologue, après avoir réappris à manger j'étais sortie. Les psychiatres avaient convenu d'une sorte de promesse : il ne fallait absolument pas que je loupe un seul repas. L'anorexie est un cercle vicieux. Un cercle dans lequel on peut vite retomber.6 autres mois après, j'avais retrouvé mon niveau, et j'avais même un niveau meilleur. J'étais capable de réaliser un six'oclok, de me relever, de faire une ligne de pas de bourrés, et de finir en mambo sans être essoufflée. Avant, j'étais essoufflée. Mes performances étaient meilleures. J'y mettais vraiment mes émotions. Je dansais presque à nue. Pendant un an, je m'étais préparé à passer des concours, et j'avais élargi mes disciplines de danse : hip-hop, danse classique, salsa, et zumba.

    Voilà comment la danse m'a sauvé la vie.

    «  - Callie, tu as entendu ?, me demande Paul.

Paul me fait sortir de mes pensées. Je secoue la tête, et j'essuie les larmes qui sont tombées.

-    Non, désolée. Qu'est-ce qu'il y a ?

-    On va bientôt arriver à l'aéroport, il risque d'avoir des fans. Il faut que tu sois prête. On n'a pas encore annoncé qui tu es, alors les paparazzis risquent de te prendre en photos, et de te prêter une relation amoureuse avec l'un des garçons.

Oh... Génial. Manquait plus que ça. Mais bon, tant que je sais que c'est faux tout va bien.

-    Oh... Merci de me prévenir Paul. Mais c'est faux. Et quand la presse s'en rendra compte, ils passeront à une autre proie. On arrive dans combien de temps ?

-    15 minutes. Tu as le temps de te reposer un peu si tu veux, m'informa Louis.

-    Merci Louis. »

Sans savoir pourquoi, je regarde Liam qui est devant moi. Il est assis à côté d'Harry et de Zayn. Paul est devant avec le conducteur. Et moi je suis entre Louis et Niall, à l'arrière de la voiture. Je n'arrête pas de penser à son regard tout à l'heure. Il ne me lâchait pas des yeux. Comme pour me provoquer. Je ne sais pas à quoi il joue, mais qu'est ce qu'il m'agace. La presse a surement raison sur Liam. Sur les 5, la presse relate que c'est Liam le vrai  « badboy » du groupe. D'après eux, il a une relation avec une fille différente chaque soir.

     «  - Callie. Allo ! Tu m'entends ?

Je secoue à nouveau la tête. J'étais perdue dans mes pensées. A tel point, que je ne sais même pas qui a parlé. Je regarde Louis. Louis me fait un signe de la tête en regardant Liam. Liam m'observe attentivement. Il ne baisse pas le regard.  C'est Liam qui a parlé ?

-    Désolée. Quoi ?

Je regarde Liam. Son regard change. Il devient presque doux. Je dis bien presque. Il me tend quelque chose. Je suis hésitante. Pourquoi se montre-il si gentil avec moi ? Il n'a pas compris que je ne voulais pas de relation avec l'un d'eux. Et encore moins lui. C'est le pire de tous.

-    Hum... Callie, tiens c'est pour toi.

Je regarde ce que Liam me tend. Et je souris. Il me fait sourire alors que depuis tout à l'heure je pleure. C'est une délicate attention. Je n'aurais pas pensé ça de lui. Je prends le mouchoir que Liam me tend, et m'essuie le visage.

-    Merci Liam. C'est très gentil. ».

Ma voix est toute timide. Je deviens timide. Liam me regarde avec ce qu'il me semble de la gentillesse. Il baisse la tête, et souris. Toujours en le regardant, je pose ma tête sur Niall afin de me rendormir un petit peu. Liam me regarde et regarde Niall. Ses yeux reviennent à moi. Mais ils changent d'émotions. Ils redeviennent autoritaires, et agaçants. Liam me regarde de travers, et se retourne pour parler à Harry. Je suis trop fatiguée pour entendre ce qu'ils se disent.

La voix de Louis me réveille doucement. On est arrivé à l'aéroport.