Chapitre dix-huitième

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Eterna était remontée pour avoir exactement le fin mot de cette histoire, et savoir pourquoi on l'avait appelée en pleine nuit sans lui donner plus d'informations. Malheureusement, elle n'avait eu droit qu'à un mépris parfait des autres chasseurs et des mercenaires.

   Et elle n'aimait pas ça. 

   Finalement, un garde lui dit d'aller voir dans la salle de réception, que le seigneur l'y attendait. Alors elle s'y rendit précipitamment en espérant avoir des réponses, et surtout apprendre comment ce vampire pouvait connaître Encre.

   Mais lorsqu'elle vit Adrian, elle crut un instant ne pas le reconnaître. 

   Ses cheveux d'un blond parfait était désormais aussi noirs que la nuit, son air avenant et charmeur laissait place à un visage plus mesquin, presque cruel. Habillé de noir et de rouge, il caressait distraitement la tête d'un étrange serpent blanc qui partageait ses yeux améthystes devenus d'une froideur de glace. 

-M-messire ? hésita la femme-poisson en peinant à garder son calme. Q-Que se passe-t-il donc ici ? Ce vampire dans les cachots...

-Oh... Eterna, lança le Nosferatu avec dédain. C'est justement la raison pour laquelle je voulais que tu viennes. J'ai l'intention d'exécuter ce vampire demain à midi, lorsque le soleil sera à son zénith. Je te charge des préparatifs, demande à Rufous de se charger de la mise à mort de notre cher invité... 

   Il reporta son attention sur son animal et congédia la chasseuse de vampires d'un simple geste de la main. Eterna obéit, bien trop secouée pour penser à protester, mais se retourna avant de franchir la porte.

-Ce vampire m'a presque supplié de lui donner des nouvelles du peintre, Encre... Dois-je m'en aller le quérir ? 

-Inutile, je crois qu'il est entre de bonnes mains actuellement~ minauda le seigneur en lui ordonnant de sortir une fois de plus.   

   De plus en plus suspicieuse, elle obéit en silence et gagna la maison de Rufous. Le forgeron lui ouvrit en bougonnant, alors qu'une autre voix ensommeillée lui priait de revenir se coucher. Eterna haussa un sourcil en reconnaissant la voix d'Azur mais ne dit rien et se contenta de rentrer pour parler avec le squelette. 

-Sir Northwood veut qu'on exécute un vampire demain pour le zénith de midi, expliqua-t-elle de but-en-blanc, doutant de plus en plus de la sincérité de son maître. 

-Pardon ?! 

-Chuuut moins fort... Tu m'as comprise, demain. Mais il y a quelque chose que je ne comprends pas... As-tu des nouvelles d'Encre ? 

   Le forgeron prit le temps de la réflexion et le ton de la confidence pour éviter d'inquiéter Azur qui était plutôt proche du peintre. 

-Depuis plus d'un mois, Northwood l'invitait à prendre le thé tous les jours à cinq heure. Mais depuis quelques temps, Encre semblait plus inquiet en s'y rendant, et il m'est arrivé de voir de la lumière chez lui jusqu'au petit matin. Et hier, il est allé au manoir des Northwood mais personne ne l'a vu y en sortir. 

   La chasseuse se mordit la lèvre. Elle savait que quelque chose n'allait pas, et ce n'était peut-être pas qu'une simple histoire de vampires. Adrian changeait et montrait un caractère et un côté sombre qui l'inquiétait. De plus, elle avait toujours en tête le jeune vampire de la forêt en compagnie d'Orion et Simon, qui n'étaient tous deux jamais rentrés de leur promenade nocturne. Les villageois s'en étaient à peine souciés, et elle n'avait rien dit, ayant eu peur de leur attirer des ennuis. 

   Mais ce qui la frappait et lui retournait l'âme, c'était la voix brisée de ce vampire dans les cachots. On lui avait toujours répété que ses monstres suceurs de sang ne ressentait rien à l'égard des autres êtres vivants, qu'ils se plaisaient à tuer et à torturer, mais elle n'avait rien perçu de tel dans les yeux de cet être, juste une profonde tristesse et un sentiment d'injustice. 

The Darkness of the SoulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant