Huis clos

5. L'éveil de la cicatrice

Drago s'était retenu d'envoyer balader le gryffondor quand celui-ci était venu se placer contre lui. Beaucoup trop contre lui à son goût.

Puis celui-ci lui avait donné un pan de sa cape en laine, bien plus chaude que la sienne, et il n'avait pas su comment refuser.

Mais putain Potter, pourquoi tu te colles autant ? Et arrête de gigoter ! C'est... gênant...

Que c'était humiliant de sentir la chaleur de ce dos se répandre en lui...

Que c'était embarrassant de sentir les moindres mouvements de Potter tout contre lui...

Que c'était rassurant aussi...

Non, non, il n'avait pas pensé ça tout de même ?! Ce n'était pas rassurant ! En aucun cas ! C'était juste... comment pouvait-il tourner ça... réconfortant...

Il devait bien reconnaître, à contre cœur, que la présence du gryffondor amenuisait cette terreur qui le prenait à la gorge depuis des semaines. Il fallait bien qu'il s'avoue aussi qu'il se serait retrouvé con, seul dans ce trou, avec une épaule démise et une cheville mal en point.

Bien sûr il était hors de question que ça se sache, et il faudrait le torturer pour qu'il reconnaisse que Potter l'avait aidé dans cette grotte.

Mais, lui, il savait.

Lui avait vu son regard quand il le tenait à bout de bras dans la faille. Lui l'avait senti produire un effort sincère quand il l'avait épaulé pour marcher. Lui avait senti sa main, chaude, sur la sienne quand il lui avait proposé son aide.

Pourquoi est-ce qu'il faisait ça ?

Ça l'irritait au plus haut point ! C'était trop compliqué pour lui de continuer à faire comme toujours ? Leur haine réciproque, leurs sempiternelles disputes, les insultes qui fusaient, c'était ça leur relation. Pourquoi ne pouvaient-ils pas continuer comme ça, tout simplement ?

Et cette cape ?! Si chaude, si confortable ! Il avait besoin de la partager avec lui ?! Jamais il n'aurait fait la même chose, non jamais !

Il croit peut-être que ça me plaît d'être si près de lui ?!

Non ! Il ne supportait pas ça ! De sentir son épaule contre la sienne ? De sentir sa chaleur et son odeur si près de lui, beaucoup trop près de lui !

Cette sensation de réconfort ne lui était pas familière et il ne lui semblait pas du tout normal de l'apprécier autant. Pourquoi est-ce qu'il ressentait ça ? Pourquoi il se sentait presque bien avec Potter ?

Ce crétin de gryffondor ne respectait pas les règles de leur relation ! A quoi il jouait !?

Il ne comprenait pas où était l'intérêt de Potter de l'aider. Il se demanda ce que son père aurait dit de cette situation. Est-ce tomber bas que d'accepter une main tendue, est-ce une faiblesse ? Peut-on tomber encore plus bas si cette aide vient de Potter ?

Devait-il le détester autant qu'avant s'il lui venait en aide ? Est-ce qu'il lui devait quelque chose ?

Pourquoi il le détestait déjà ?

Drago sentait que ses pensées se dirigeaient vers une pente bien glissante et mit ces dérapages sur le compte de la douleur de son épaule et sur le froid qui l'étreignait.

Mais en reprenant ses esprits, il s'aperçut qu'il n'avait plus aussi froid. Il se sentait même bien sous la cape épaisse.

La tête d'Harry avait glissé sur son épaule et ses mèches de cheveux lui chatouillaient la joue. Potter ! maugréa-t-il, tu sais pas te tenir...!