SCENE II
Même salon, mêmes personnages. C'est le matin.
LE COUCOU
Il est sept heures et quart. Debout. Il est sept heures et quart ! Lève-toi.
COREY
Oui.
(il ne bouge pas) J'ai mal dormi, je suis épuisé.LE COUCOU
Debout, vieille larve. La faute à qui ?
COREY
C'est toi. Tu as braillé toute la nuit, pas moyen de fermer l'œil.
LE COUCOU
C'est dans ta tête. Pourquoi tu as dormi par terre ? Tu as un lit.
COREY, levant les yeux au mur
Plus je suis près du sol, plus je suis loin de toi. Je cherche à te faire taire.
LE COUCOU
Je suis un coucou, personne ne me fait taire.
COREY, à lui-même
Ah, je lui tordrais le cou, à ce coucou coquin !
LE COUCOU
Quoi ?
COREY
Que... (silence)
Je suis en retard. Je dois partir.LE COUCOU
Eh bien, pars.
COREY
Je ne peux pas, j'ai... j'ai oublié...
LE COUCOU
Ton manteau ? Ton sac ?
COREY
Non, j'ai oublié...
LE COUCOU
Qu'est-ce que tu as oublié ?
COREY
Eh bien, j'ai oublié !
(ses bras lui retombent le long du corps. Il glisse assis sur le sol)LE COUCOU
Tu devais pas partir ?
COREY
Si. Je suis en retard. Je pars, là !
(il ne bouge pas)LE COUCOU
Tu ne veux pas y aller.
COREY
Si. Je vais voir des amis, je serai enfin loin de toi.
LE COUCOU
Tu n'as pas d'amis.
COREY
J'ai Maël, j'ai Camille, Héloïse, Jo et bien d'autres gens.
LE COUCOU
Pour combien de temps ? Ils vont t'abandonner, comme tout le monde. C'est ça la vie, l'abandon. L'échec social. Les gens changent, ils jettent ce qui les gêne au fur et à mesure. Tu gênes tout le monde, tu n'es capable de rien, et tu penses encore qu'ils ne trouveront personne de mieux ?
COREY
C'est de ta faute si je les perds, parce que tu détruis ma vie.
LE COUCOU
Non, c'est toi qui détruis ta vie. Moi je te regarde faire et j'observe les dégâts.
COREY
Tu me dégoûtes.
LE COUCOU
T'es sûr que c'est moi qui te dégoûte ?
(Corey sort sans l'écouter)
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Le Coucou du couloir
ContoLe monde se tue, l'espoir se meurt. Pendant ce temps, Corey parle à un coucou. - Théâtre -