SAMEDI 1
Le lendemain, ce fut mon réveil me perforant les tympans qui me somma de me lever. Étirant mes bras vers le haut pour faire craquer mes épaules, je poussai un soupir de satisfaction et me levai en bâillant. L'alarme s'arrêta seule, un capteur détectant que j'avais décidé de me bouger. Je filai à la salle de bain, me lavant le visage, remontant la manche de mon pyjama pour examiner l'œuf sur mon bras. Comme prévu, un long bleu striait mon pauvre avant bras gonflé. C'était cependant bien moins douloureux que ce à quoi je m'attendais. Je le massai à nouveau avec de la pommade, je passai un coup de brosse dans mes mèches châtains, puis me tournai vers le miroir, qui faisait aussi office de placard. Un rayon bleu traversa la glace, détectant ma présence, puis mon corps apparu, affiché en 2D sur l'écran, incrustant divers habits sur ma représentation. Je fis défiler les affaires disponibles et finis par choisir un débardeur noir, mes sous vêtements et un jean kaki. Inutile de faire attention à mes vêtements aujourd'hui, j'allais de toute façon restée cloîtrée dans le fast food sans que personne ne me voie. Validant mon choix, la projection disparut, l'effet miroir revint, et le placard s'ouvrit, me tendant mes affaires sur des rails. Je m'habillai rapidement et, enfin, j'enfilai des converses militaires et me dirigeai vers la chambre de mon père. Je toquai à la porte, l'entrouvrant.
« J'y vais, papa.
- Mmh, à ce soir. » grommela mon paternel, se retournant dos à la porte pour fuir la lumière.Je laissai la porte entrouverte pour lui faire comprendre qu'il allait devoir se lever, attrapant mon sac et ma montre-téléphone, je m'habillai d'une chaude veste et d'une écharpe et enfin je sortis dans la rue attendre la nacelle. Je la vis arriver vers moi lentement, freinant à mes côtés. Je montai rapidement, passant mon poignet, et m'installai à un siège. Le trajet se passa rapidement, en musique. Je connaissais le trajet par cœur, j'avais compté des dizaines de fois les pins qui se succédaient le long de la route, je savais exactement le nombre de minutes qui défilaient du point A jusqu'au point B. Le nombre de secondes s'écoulant à tel ou tel feu rouge. Les heures de pointe, et les endroits où ça bouchonnait le plus. Les mouvements précis que le tube faisait à chaque changement de vitesse. C'était certes d'un intérêt sans nom ; cependant, cela rythmait mes trajets qui pouvaient facilement se montrer lassants.
Lorsque je vis le fast-food arriver devant moi je descendis rapidement, me pointant à l'accueil. De loin, je vis Rebecca me faire coucou de la main, et retourner à ses frites. Le chef de cuisine me jeta un coup d'œil, puis nota ma présence sur la feuille qu'il gardait coincée sous sa tablette. Je me dirigeai dans les vestiaires, retirant veste et écharpe, revêtant ma blouse, avec la petite étiquette où mon prénom « Ambre » était gravé à l'encre. J'enfilai des gants après m'être lavé les mains, et une charlotte, soufflant un bon coup pour me donner un coup de boost pour travailler. Puis je rejoignis Rebecca dans les cuisines. Elle me tapa dans la main, m'adressant un clin d'œil, tandis que je me dirigeai directement à mon poste, à savoir, le remplissage de sac. Pas très glamour, mais il y avait tellement d'employés le samedi que des postes, d'habitude futiles, contenaient à présent un voire deux employés. Je fis un salut de la main à mon collègue, Yves, un jeune homme de vingt-quatre ans qui jouissait du salaire de MacDonalds pour payer ses études après que ses parents aient décrété qu'il était assez grand pour se débrouiller seul.Rebecca m'avait rejoint à mon poste depuis quelques temps. Nous enfilions les sacs bien plus rapidement, et les voitures défilaient si vite sous mes yeux que ça m'en donnait le tournis. Je soupirai après une énième voiture au conducteur trop pressé pour sourire, et tâtai le distributeur de sacs.
« Becca, on n'a plus de sacs.
- Je vais t'en chercher. »Je la vis retirer ses gants, les jetant dans la poubelle à côté de moi, et elle fila dans la réserve. Aussitôt, les minutes parurent se figer. Je me tournai vers la fenêtre, l'entrouvrant un peu. Le froid de Novembre me percuta de plein fouet, me faisant frissonner alors que la chaleur du fast-food se mêlait avec le vent. C'en était étouffant. Je me penchai vers la voiture, et le conducteur - un père d'une quarantaine d'année, gardant sa fille à côté de lui et son fils à l'arrière - abaissa sa vitre en m'adressant un sourire courtois.

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Paris Dévasté
Science FictionQuelques chapitres du 1er jet d'une histoire avec projet d'édition. Dystopique, apocalyptique. ☢ Cover réalisée par l'incroyable sinadana. Encore mille merci ☢