Vers une heure du matin, je suis retourné chez Steven. Il avait déjà tout rangé. Il m'attendait. J'ai pris la bonne décision. J'ai quand même informé mes parents que je dormais chez un pote cette nuit. Ça commence à faire beaucoup, mais tant qu'ils ne posent pas de questions, je continue. Mon premier geste a été d'aller vers Steven. Pour la première fois, c'est moi qui l'ai pris dans mes bras et c'est moi qui ai initié un doux baiser.
Nous nous sommes assis sur le canapé. Avec encore une autre bière. Je n'ai jamais autant bu que depuis que je me suis fait des amis...
— Je te remercie, mais pourquoi tu as pris ma défense ? C'était peut-être le moment où je devais tout dire à Sébastien.
— J'ai vu son regard. Il a traversé une grosse épreuve récemment, il s'est raccroché à toi. J'ai vu qu'il avait peur que tu lui aies menti, son monde se serait effondré une fois de trop. Il n'aurait plus eu personne vers qui se tourner.
— Il a d'autres potes.
— Fabien est son meilleur ami. Toi tu es rapidement arrivé en second. Il y a les amis et puis il y a les Amis, avec une majuscule. Il y a ceux avec qui on passe du bon temps, on rigole, on plaisante et puis il y a ceux vers qui on se tourne en cas de coup dur, avec qui on peut se confier ouvertement.
— En même temps, là il m'a planté au milieu du parc.
— Il a besoin d'être seul. Il doit digérer toutes les nouvelles qu'il a apprises ces deniers jours.
— J'aurais dû prendre ta défense. J'ai détesté te laisser seul pour te débrouiller.
— Le plus important était de sauver la face pour toi. Moi, ça fait longtemps que les autres auraient dû le découvrir. Tu sais, je t'ai dit que je ne me cachais pas, mais en fait je n'ai jamais été franc non plus avec les autres. Il y a eu des occasions pour le leur dire, je n'ai jamais assumé. Il est temps quand même, j'ai dépassé l'adolescence depuis un bail.
— J'ai trouvé ça très beau, que tu prennes ma défense.
Je lui ai déposé un baiser, qui en a amené un autre, puis un autre encore.
— Tu crois qu'il va faire quoi ?
— Il ne dira rien aux autres. Sébastien est un mec bien. Il n'est pas le genre à répandre des ragots. Il va intérioriser, il va cogiter et puis, j'imagine qu'il va venir me parler. Ou alors il ne m'adressera plus jamais la parole. Je l'ai vu faire avec d'autres, il est capable d'ignorer les gens qui lui ont fait du mal, comme s'ils étaient invisibles.
— Je n'en reviens pas de la scène qui vient de se jouer.
— J'ai mal agi. Tu m'en veux ?
— Tu plaisantes ? Tu es mon héros ! Et puis, c'était excellent, ce baiser, au moment de l'orgasme.
— Je n'ai vraiment pas pu m'en empêcher. C'est tout ce que j'avais envie de faire à cet instant.
Nous nous sommes embrassés pendant un bon moment. Définitivement, je ne m'en lasse pas !
Et puis, la fatigue venant, il a fallu aller se coucher.
— Je peux dormir sur le canapé si tu veux.
— Tu n'es pas calmé ?
— Si je dors nu à côté de toi, je ne suis pas sûr de pouvoir me contrôler.
— Il est hors de question que tu dormes sur le canapé. Pour ce qui est de cette nuit, on verra bien ce qui se passe !
J'avais envie que quelque chose se passe. Il dit que je ne suis pas prêt, moi je pense que j'ai largement l'âge. J'ai beaucoup espéré de cette nuit.
Il a été très doux. Je me suis endormi dans ses bras et je me suis réveillé contre son torse. C'est, à ce jour, la plus belle des nuits que j'ai passées. Il est vraiment mon prince charmant. Il a pris ma défense et ensuite il n'a pas abusé de la situation. Je ne sais pas comment il fait pour se contrôler à ce point. En tout cas, moi je vis un véritable conte de fées. Avec quelques ratés, mais dans les bras de Steven, le monde est merveilleux...

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Le journal de Mathieu (3)
Ficção GeralLes premières expériences sérieuses de Mathieu commencent. Dans le même temps, il doit résoudre les conflits qui sont nés entre ses amis et va aussi faire face à un chantage pervers.