La tête collée contre la vitre de la voiture, je regardais la pluie s'abattre sur celle-ci, l'air absente. Le fond musical que produisait la radio avait beau être à son minimum, il était largement perceptible. La tension dans l'habitacle était palpable. Tandis que j'étais imperturbable, plongée dans mes songes, ma mère elle affichait une mine affreuse, et ce n'était pas dû à la vieillesse qui commençait à la guetter. Des traces de larmes séchées erraient sur ses joues, accompagnées de cernes se transformant peu à peu en poches. Non ce n'était définitivement pas son âge qui était responsable de son état. Ses mains cramponnées au volant et son menton qui tremblait témoignaient de l'état d'instabilité mentale dans lequel elle se trouvait. Pas plus d'une heure plus tôt, son monde c'était totalement écroulé lorsque le médecin traitant l'avait appelé afin de lui communiquer les résultats de mes examens. Tous très mauvais. Dans le fond, elle s'y était attendue, mais qui n'aurait pas gardé une once d'espoir ? Comment voulez-vous qu'elle puisse se résigner à penser que le cas de sa fille est un cas désespéré ? Elle ne le pouvait pas, c'était au-dessus de ses forces. Son instinct maternelle l'incitait à y croire, et même à penser que c'était un rêve, seulement ce n'était pas le cas. Et lorsque la réalité s'est violemment abattue sur sa tête, c'est une tonne de question qui se sont mises à déferler dans sa tête. Était-ce de sa faute ? Qu'avait-elle loupé ? Était-elle vraiment une bonne mère ? Comment avait-elle fait pour ne pas s'en apercevoir avant ? Tant de questions qui restaient sans réponses et qui la brisaient un peu plus qu'elle ne l'était déjà par ma faute.
Une fois arrivées là où l'on devait se rendre, elle gara la voiture et coupa le contact, avant de souffler et de se prendre la tête entre les mains. Depuis notre départ, je n'avais pas ouvert une seule fois la bouche que ce soit pour lui adresser la parole comme pour exprimer un quelconque sentiment par le biais d'un souffle. Rien. J'étais juste restée là, la tête plaquée contre la fenêtre à éviter tout contact, visuel comme tactile, avec ma génitrice. La situation n'était facile pour aucune de nous. Cherchant le dialogue, la femme âgée de la cinquantaine souffla un coup avant de prendre son courage à deux mains et enfin prendre la parole.
- Athéna, chérie..., débuta-t-elle d'un ton implorant mon attention, Tu sais qu'on fait ça seulement pour t'aider, n'est-ce pas ?
Pour réponse, elle n'obtenue que le silence glaçant qui régnait dans le véhicule depuis qu'elle avait coupé le contact, et donc par la même occasion la radio. Mordant ses lèvres pour retenir de nouvelles larmes, elle comprit qu'elle n'obtiendrait encore une fois aucune réponse et déboucla sa ceinture. À quoi bon forcer les choses, ça ne servait plus à rien.
Entendant ma mère se détacher suivit du bruit de la portière, je ne mis pas longtemps à comprendre que je ne possédais nul autre choix que de faire de même. Me redressant donc afin de me détacher et d'enfin sortir du véhicule, je permis à ma mère de verrouiller celui-ci avant de me diriger vers le bâtiment. Ca y est, j'y étais, plus le choix. A peine étions-nous entrées dans la bâtisse que je voulais déjà rentrer chez moi, m'enfermer dans ma chambre et oublier la raison de ma venue ici. Pourquoi ne pouvaient-ils pas me laisser gérer ça moi-même ? J'avais pourtant la situation en main, mais malheureusement ce n'était pas l'avis que possédait la médecine sur la question. Je n'osais même pas regarder tout ce qui m'entourait, ça avait le don de me donner une violente envie de vomir. A ça s'ajoutait l'odeur nauséabonde que l'on trouvait uniquement dans les lieux médicaux. Qui appréciait l'odeur des hôpitaux ? Pas moi en tout cas.
Alors que l'envie de faire demi-tour me tentait de plus en plus, ma mère m'attrapa tendrement le bras en m'invitant à avancer, emprise dont je me défis rapidement avant de lui emboîter le pas. Je ne supportais pas les contacts physiques, quand allait-elle enfin le comprendre ? Comprenant malgré tout que l'option « marche arrière » ne semblait plus vraiment envisageable, je me contentai de suivre le mouvement. Arriva alors une salle d'attente bondée à souhait, il n'était pas compliqué de comprendre que c'était celle des urgences. Alors que j'allais aller m'installer dans cette salle à mon plus grand désarroi, je me fis interrompre dans mon élan.
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Teen Fiction« Les forces de la guérison sont à l'intérieur de toi, pas à l'extérieur. Il faut savoir fermer la porte du passé et se décider à ouvrir celle de l'avenir. » Athéna x Kylian