Le trajet entre la pièce où m'attendait le médecin et la salle d'attente fut bien trop court à mon goût. J'aurais bien voulu m'éterniser à l'aide de tous les prétextes possibles afin de retarder au maximum le moment fatidique, mais à quoi bon ? Maintenant que je suis ici, je n'ai d'autre choix que de suivre cette infirmière qui m'emmène tout droit vers ce qu'ils appellent « l'homme de la situation ». Ça n'a tellement pas de sens. Moi la seule chose que je veux, c'est qu'on me fiche la paix. Pourquoi ne pas me laisser tranquille, à manger mes compotes et faire mes abdominaux à m'en couper le souffle tous les soirs ? Au fond, qu'est-ce qu'ils peuvent en avoir à faire que mon bras soit aussi gros que l'espace formé par mon pouce et mon index assemblés, ou bien encore que mes côtes soient saillantes ? Je n'ai pas crié à l'aide non, loin de là. J'ai la situation en main, et surtout : je vais bien. Ce ne sont pas de petites carences par-ci par-là qui devraient m'envoyer aux urgences. Le reste, ça n'est pas leur problème.
Seulement voilà, bien que je pense tout cela, je ne peux partir. Je n'ai d'autre choix que d'affronter ce qui ressemble à l'Enfer à mes yeux et franchir cette porte que l'infirmière vient d'ouvrir afin de m'inviter à rentrer. Ma mère qui était jusque-là restée en retrait est entrée et a salué l'homme en blouse blanche en lui serrant la main, tandis que moi je suis restée plantée devant la porte. Quelque chose m'obstruait la gorge et mon ventre me faisait un mal de chien. Oui, j'étais angoissée à l'idée de ne serait-ce que mettre un pied dans la salle. Alors que je me torturais l'esprit à trouver un moyen de partir d'ici, l'infirmière ne m'a pas forcément posé de question avant de me pousser gentiment dans la salle et de refermer la porte derrière moi. C'était plutôt radical comme solution, et ça me mettait tout sauf à l'aise. Le médecin n'a pas vraiment attendu que je vienne vers lui et s'est levé afin de me rejoindre. Accompagné d'un sourire qui se voulait sans doute rassurant et professionnel, il m'a tendu la main s'attendant sûrement à ce que je la lui sers. J'ai d'abord hésité avant d'approcher timidement ma main de la sienne et de le saluer par cette occasion.
- Je suis le docteur Marks, se présenta-t-il en me regardant dans les yeux. Tu dois être Athéna, n'est-ce pas ?
Incapable de répondre à cet inconnu qui ne semblait pas vouloir me laisser me défaire de sa vive poigne, je me contente d'hocher la tête. Il était con ou il en faisait exprès ? Sur le dossier il doit être écrit mon âge et ma situation, ne me dites pas qu'il y avait un doute à avoir entre moi et ma mère, je ne saurais comment le prendre. Il y a une sacré différence entre ma génitrice et moi, du moins une assez flagrante pour qu'on ne puisse être confondue. Alors que ma mère possède une corpulence des plus normales pour une femme de son âge, ainsi que quelques rides sur son visage, je ne présente rien de tout ça. Mon corps est beaucoup plus fin qu'elle, et je ne possède pas de rides. Certes, je veux bien croire que la mine que j'ai puisse porter à confusion sur mon âge, mais de là à hésiter entre moi et ma mère ? Je ne pense pas, non.
- Bien., reprit-il en me lâchant enfin la main. Tiens, vas t'asseoir sur la table d'auscultation s'il te plaît. J'ai besoin de faire un petit état des lieux des choses.
Dire que je déteste me faire ausculter serait abusif car ce n'est pas le pire dans la visite médicale. Cependant il fallait bien avouer que c'était loin d'être la partie la plus amusante de la chose ; si tout de même il en existait une. C'est donc à reculant que je finis par prendre place là où il me l'avait demandé, sans pour autant montrer la moindre coopération. Il ne fallait pas croire non plus que j'allais l'aider à trouver des raisons de me garder, ça il en était hors de question.
Il me regardait donc de manière insistante, comme s'il cherchait à me faire comprendre quelque chose. J'avais une idée de ce qu'il cherchait à me faire comprendre, mais je préférai jouer les ignorantes. Loin de moi était l'envie de me mettre en sous vêtements devant lui pour qu'il m'ausculte.
- Mademoiselle, débuta-t-il, retirer votre pull, votre jean et vos chaussure s'il vous plaît.
J'allai pour répondre d'une manière plus ou moins gentille que non, je n'effectuerais pas sa demande lorsque je croisa le regard de ma mère. Celle-ci avait les yeux rouges vifs et bouffis, ainsi que des traces de larmes séchées sur les joues. Tout chez elle appelait au secours, et semblait m'implorer d'effectuer ce que me demandait le médecin. Alors je l'ai fait à contre coeur, et de la manière la plus lente qu'il m'était possible. Pour me remercier d'avoir fait ce qu'il m'avait demandé il me sourit en effectuant un hochement de tête. C'est plutôt ma mère qu'il devrait remercier, pour le coup.
Tandis qu'il commençait à m'ausculter, ma tête elle était tournée à son opposé et fixait l'objet qui m'effrayait. Je ne savais que trop bien que j'allai y être confrontée d'ici quelques minutes, et pourtant... Je ne pouvais m'empêcher de regarder cette objet avec haine et peur. Certes, la mienne était mon amie - si ce n'était pas la meilleure - mais le problème c'est que les contextes sont différents. Lorsque je suis chez moi, il n'y a personne pour me surveiller en train de monter tout en inspectant le chiffre affiché par l'objet. Non, il n'y a que moi. Il n'y a que moi et ma satisfaction de voir les chiffres baisser en importance au fur et à mesure des jours. Et ça, ça me plaît.
Cependant ici non, je ne voulais pas. Je ne connaissais que trop bien la réaction du médecin à venir et les répercussions qu'engendreront celle-ci pour moi. C'est pourquoi lorsqu'il m'a invitée à monter sur la balance après avoir fini son petit check total de mon corps, j'ai blêmi. Je ne pouvais que me préparer à entendre ce que je redoutais le plus. Et j'avais beau tenter de m'y faire, je n'y parvenais pas.
- Athéna, vous faites quarante et un kilogrammes pour un mètre soixante huit., déclara le médecin d'un ton neutre. J'ai le regret de vous annoncer que vous allez rester avec nous au moins pour cette nuit, le temps d'approfondir les examens et de vous faire consulter un psychologue afin de comprendre exactement ce qu'il vous arrive.
Et si pour ma part je n'avais aucune réaction suite à cette annonce, ma mère elle éclata de nouveau en sanglot.
✨
hello, comment allez-vous ? je m'excuse encore pour le temps d'attente, la qualité du chapitre qui est clairement médiocre et la longueur qui laisse à désirer... ):
sinon vous en pensez quoi ?
je me doute que le chapitre ne doit pas plaire énormément, il ne s'y passe rien de particulier encore avec le personnage de Kylian... patience, patience !
sur ce, on se retrouve au prochain chapitre !
la bise, Lauryane.
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URGENCES
Teen Fiction« Les forces de la guérison sont à l'intérieur de toi, pas à l'extérieur. Il faut savoir fermer la porte du passé et se décider à ouvrir celle de l'avenir. » Athéna x Kylian