IV

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- Athéna, pourquoi ne mangez vous plus ?

Alors que la psychologue me posait une énième fois cette question, je regardais par la fenêtre dans l'espoir de voir un oiseau passer pour occuper mes pensées. Je savais bien à son souffle d'exaspération que la pauvre brune en blouse blanche était dépitée. Pas un mot n'était sorti de ma bouche depuis maintenant un quart d'heure. J'étais presque mal pour elle, se retrouver face à un mur tel que je peux l'être à l'instant devait être tellement énervant, d'autant plus que son rôle et de m'examiner par le biais de mes paroles, enfin si l'on peut dire ça comme ça. Cependant je ne voulais pas les aider à résoudre ce soit disant problème qui n'était pas pour moi. Comme si parler allait m'aider... Je n'y crois pas une seconde. Quand bien même j'aurais bien voulu leur facilité la tâche, je n'aurais pas pu. Moi-même je n'ai pas vraiment la putain de réponse à cette question. Il y a tellement de choses qui font que, et en même temps absolument rien. Dans ma tête, c'est totalement flou. C'est comme si je m'étais dégoûtée de tout petit à petit sans vraiment m'en apercevoir et je me trouve maintenant dans l'incapacité de l'expliquer. Comment expliquer l'inexplicable ? La voilà la vraie question qui se posait à ce moment.

Comprenant sans doute qu'elle n'obtiendrait aucun élément de réponse de ma part pour le moment, la femme en blouse blanche se leva et m'ouvrit grand la porte de son bureau. Je ne comprenais pas vraiment, étais-je censée sortir, ou était-ce simplement car elle demandait quelque chose ? Alors que j'allais pour prendre la parole, la psychologue me devança.

- Ecoutes, débuta-t-elle en me tutoyant, certainement par agacement sans réfléchir. Je ne vais pas te forcer à te livrer, ce n'est pas mon rôle. Alors si tu ne veux pas parler, sors d'ici pour le moment. Cette séance est totalement inutile.

Alléluia, elle avait au moins le mérite d'être un minimum censée. C'est donc sans demander mon reste que je suis sortie de la salle sans un mot. L'envie d'aller dehors pour fumer une cigarette me pris, mais avant même que je ne puisse envisager de me rendre à la sortie du service, une infirmière m'arrêta en m'attrapant par le bras.

- Mademoiselle, m'interpella-t-elle d'une voix horriblement aiguë, vous êtes priée de rester au sein du service. Vous n'êtes pas encore autorisée à partir.

Un rire sarcastique m'échappa. Sérieusement, on en était rendu là ? L'infirmière me jaugea du regard, comme si mon comportement l'agaçait au plus au point. Autant dire que ce n'était pas possible, elle m'insupportait bien plus que je ne devais le faire à son égard. Ne voulant même pas perdre mon temps en parlant à une vipère de ce genre, je me contentais de lui adresser un sourire forcé quelque peu ironique avant de faire demi-tour et prendre la direction de ma chambre.

Ah oui, parce qu'entre temps il m'a été attribué une chambre, qui est heureusement individuelle, dans laquelle je vais rester le temps qu'il faudra à l'équipe médical pour renforcer les examens ou je ne sais quoi. Bref, un truc bien chiant. Etant donné que je n'ai pour le moment aucune restriction, mise à part le fait de ne pouvoir sortir du service, il me reste encore mon téléphone. Encore heureux, je ne sais pas ce que je ferais si je ne pouvais pas au moins perdre mon temps sur les réseaux sociaux. C'est donc tout naturellement que je faisais le tour de mes applications jusqu'à ce que je reçoive une notification Instagram qui m'intrigua.

« k.mbappe a demandé à vous suivre »

Je fronçai les sourcils face à cette notification. Il ne me semble pas connaître de Kylian, du moins pas de mémoire... Certainement encore une de ces personnes qui veulent pleins de followers et qui demandent à me suivre dans le simple but que je les suive. Je décidais donc d'ignorer la notification lorsque mon téléphone vibra de nouveau entre mes mains, m'avertissant donc de l'arrivée d'une nouvelle notification. Mince, qu'est-ce qu'ils avaient aujourd'hui ?

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