A la suite du discours de Dreyfus, Ana était rentrée chez elle, l'air dépité. Elle s'était affalée sur le canapé déchiré qui trônait au milieu de son salon sale. Elle avait besoin de se reposer et de se remettre de ses émotions. Seulement, une vingtaine de minutes plus tard, Malcolm était venu frapper à sa porte. Il lui annonça qu'il avait réussi à convaincre Dreyfus de le laisser retourner dans la forêt afin de négocier avec le chef des singes. Dreyfus lui avait laissé un délais de trois jours, pas un de plus, et avait tenu à ce que Ana soit de la partie, étant donné qu'elle avait travaillé avec des singes.
C'est ainsi que dès le lendemain matin, à neuf heures pétantes, Ana se retrouva confinée dans la voiture, en compagnie d'Ellie, Alexander, Malcolm et Carver. Foster et Kemp avaient pris l'autre véhicule. Le temps était mauvais. La pluie s'abattait violemment sur la voiture, réduisant dangereusement la visibilité alors que Malcolm peinait déjà à contrôler la voiture sur les routes sinueuses qui les séparaient de la forêt. Ce fut un énorme soulagement pour tout le monde lorsque, enfin, le véhicule s'arrêta à l'entrée de Muir Woods. Malcolm et Ana, vêtus d'horribles mais pratiques anoraks, en descendirent. Leurs pieds s'enfoncèrent dans des flaques de boues glissantes. Malcolm se tourna vers ceux qui étaient restés dans la voiture.
"Personne ne sort du véhicule, ordonna-t-il. Carver, si nous ne sommes pas revenus dans deux heures, tu ramènes tout le monde en ville, d'accord ?"
Carver acquiesça et alla à la place du conducteur. Malcolm et Ana tournèrent les talons et s'enfoncèrent dans la forêt sombre et humide. L'ambiance y était sinistre. Ils n'entendaient rien d'autre que leur respiration, le son chuintant de leurs bottes en caoutchouc dans la boue et les gifles que les gouttes de pluie assénaient à tout ce qu'elles rencontraient. Leur marche était difficile, épuisante, mais ils ne se décourageaient pas.
Après quelques dizaines de minutes, ils commencèrent à croiser de bien étranges sculptures. Des crânes d'animaux -principalement des cervidés- étaient plantés sur des piquets en bois ou suspendus dans les arbres. Cela donnait un côté Blair Witch à la forêt. A quoi pouvaient bien servir ces statues ? A signaler aux intrus qu'ils approchaient du territoire des singes ? Avaient-elles un caractère cultuel ? Ana n'en savait rien, mais était complètement fascinée par ce qu'elle pouvait observer.
Ils finirent par arriver devant une sorte d'immense porte constituée de rondins de bois. Ils la passèrent pour pénétrer dans ce qui ressemblait à un village de l'âge de pierre. Malcolm et Ana eurent réellement l'impression d'avoir remonté le temps.
Alors qu'ils avançaient avec prudence entre les huttes en végétaux, ils entendirent un souffle rauque provenant de derrière eux. Ils se figèrent quelques secondes avant de se retourner avec une lenteur calculée. Un énorme gorille, un dos argenté, leur faisait face, l'air très mécontent. Il se dressa sur ses robustes jambes en grognant. Dans cette position, il dépassait les deux mètres de haut. Il prit une profonde inspiration et lâcha une série de hurlements puissants. Ses cris alertèrent d'autres gorilles qui surgirent de leurs huttes. Malcolm et Ana se firent rapidement encercler. Ils furent saisis par les poignets et les chevilles et traînés à travers le village.
Les gorilles finirent par les jeter au sol. Ana et Malcolm s'écrasèrent dans le gravier et se relevèrent avec hésitation. Des centaines de singes, des milliers même, les regardaient. On aurait dit qu'ils les attendaient. Beaucoup s'approchèrent, peu enjoués de voir des humains sur leur territoire, mais la seule personne que voyait Ana était Koba qui la dévisageait avec aversion. Lorsqu'il s'approcha d'elle, une boule d'angoisse se forma dans la gorge de l'humaine. Son regard n'était que haine et cruauté. Ses doigts pianotaient sur l'immense lance qu'il tenait fermement, trahissant à la fois son agacement et son impatience quant à pouvoir utiliser ladite lance.
VOUS LISEZ
Blinded by Hatred - Dawn of the Planet of the Apes
Fiksi PenggemarVoilà dix ans, déjà, qu'un virus incurable s'est répandu sur l'ensemble de la planète, fauchant de très nombreuses vies. La "grippe simienne", comme on l'appelle, n'a épargné que quelques survivants, dont une poignée s'est réfugiée dans les ruines d...