Chapitre 1 : Kazuma

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Kazuma, de son surnom Kazu, vivait seul avec sa mère, Hitori, depuis l'enfance. Son père, dealer et membre de gang à vingt-et-un ans, l'avait quitté en apprenant qu'elle était enceinte alors qu'elle venait de fêter ses dix-sept ans. Voulant garder le bébé, elle décida de l'élever seule, afin de toucher quelques aides sociales, malgré la précarité dans laquelle ils se trouvaient. Dès l'âge de un an, elle le mit à la petite crèche du quartier.

Hitori accumulait trois boulots en même temps. Le matin tôt, elle partait distribuer le journal puis elle enchaînait en faisant des ménages dans des entreprises. Elle rentrait chez elle en milieu d'après-midi pour dormir un peu, avant de reprendre le travail à vingt heures, où là, elle faisait hôtesse dans un club jusqu'au milieu de la nuit. Orpheline et n'ayant pas terminée le collège, elle manquait cruellement d'éducation et de culture. Ainsi, elle espérait que son fils devienne médecin ou avocat, dans le but de l'entretenir plus tard. Pendant qu'elle effectuait ses heures de travail. Kazu passait de la crèche au restaurant de Okonomiyaki à côté de leur appartement, où il attendait patiemment, pour de ne pas être seul chez lui, que celui-ci ferme pour rentrer, tous les jours jusqu'à ce qu'il soit à l'école primaire pour se débrouiller seul, sans à avoir – aux dires de sa mère - à déranger les patrons du restaurant.

Lorsqu'il entra au collège, sa mère arrêta de distribuer le journal pour qu'il la remplace, afin qu'elle fasse plus d'heures en tant qu'hôtesse, gagnant plus. Il travaillait aussi de temps à autre au restaurant de Okonomiyaki où il faisait la plonge et nettoyait la salle après chaque fermeture.

Kazuma était un très bon élève et aimait par dessus tout lire, il lisait de tout et partout, préférant les livres à l'amitié de ses camarades. Ainsi, il se fait beaucoup embêter à l'école et toujours, par plusieurs garçons, étant donné qu'il était grand et musclé pour son âge et heureusement, il savait se défendre. Sa plastique attirait bon nombre de filles qu'il éconduisait avec douceur. Il n'avait jamais recherché à avoir de petite-amie et n'en vit strictement aucun intérêt.

Il passa ses années de collège avec brio, atteignant le lycée où il espérait entamer par la suite des études en littérature pour devenir éditeur. Il maîtrisa l'anglais très rapidement, ce qui était un atout pour aboutir dans la profession qu'il envisageait.

Un soir, alors qu'il faisait la plonge au restaurant, un garçon un peu plus âgé que lui, entra et demanda à voir les patrons pour un entretien. Il le guida jusqu'au bureau de ceux-ci et retourna à sa tache. Le garçon redescendit une demi-heure plus tard alors que Kazuma faisait la fermeture. Il lui apprit qu'ils seraient collègues et Kazuma se rendit compte que le garçon ne lui était pas indifférent.

Les semaines passèrent et Kazu s'aperçut qu'il était tombé amoureux de son collègue. Au bout de quelques temps, il ne tint plus et avoua ses sentiments à celui-ci. A ce moment-là, les choses se compliquèrent. Le garçon le rejeta et le dénonça à ses patrons qui le virèrent sans explication. Il rentra alors chez lui, le cœur brisé et en colère après ceux qui l'avaient chassés malgré toutes ces années de labeur. Il attendit patiemment sa mère pour lui annoncer la mauvaise nouvelle, appréhendant sa réaction. Lorsqu'elle rentra, Hitori était tellement ivre qu'elle tenait à peine debout. Epuisé de l'avoir attendu, Kazuma la coucha et décida de tout lui annoncer le lendemain avant de partir distribuer le journal.

Le lendemain, il réveilla doucement sa mère avec un petit-déjeuné. Elle le remercia chaleureusement et s'attabla. Il lui annonça qu'il s'était fait virer la veille sans avoir eu d'explication de ses patrons. Sa mère s'en étonna mais ne le blâma pas pour autant. Lorsqu'il lui annonça qu'il était tombé amoureux du garçon l'ayant rejeté, son visage changea. Elle ne montra que du dégoût envers son fils et lui somma immédiatement de partir au lycée. En passant la porte, elle lui hurla qu'elle ne voulait plus le revoir. Kazuma était désemparé. Il pleura à chaudes larmes pendant qu'il distribuait le journal et arriva au lycée sans s'être calmé. Les garçons de sa classe profitèrent de ce moment de faiblesse pour le passer à tabac. Au fond du gouffre, il ne pensa plus pouvoir en sortir.

De retour chez lui, il espérait que sa mère avait changé d'avis. Lorsqu'il monta les escaliers pour atteindre le petit appartement, il vit devant la porte deux sacs. L'un contenait tous ces vêtements et l'autre tous ces livres ainsi que ses peluches de quand il était petit. Il s'effondra, en larmes devant la porte. Le message était passé, il réalisa qu'à seize ans, il n'avait plus de parents, comme sa mère avant lui, il continuait de refaire cette spirale infernale.

Il prit donc ses deux sacs, déposa ses clefs sur le paillasson et sans se retourner, quitta l'immeuble, définitivement. Il déambula toute la soirée dans les rues Tokyoïtes n'ayant pas d'argent pour se loger ou manger, il continua à vagabonder, sans le savoir, sur le territoire de la famille Suzuki, une des plus grosses familles de Yakuza de Tokyo. Vers une heure du matin, épuisé, il passa devant un bar. Le patron du lieu était sur le pas de la porte et l'arrêta. Il lui posa beaucoup de questions et lui proposa de le loger pour la nuit. Ils aviseraient le lendemain de ce qu'il devrait faire par la suite. Le patron lui proposa un sandwich, qu'il mangea avec appétit. Puis il lui montra une chambre au dessus du bar, dénuée de toute décoration, avec simplement un petit lit, une table de chevet, une lampe et une armoire. Après lui avoir souhaité bonne nuit, il descendit fermer le bar. Kazu ne défit pas ses sacs, de peur d'être éjecté le lendemain. Ce qu'il ignorait, c'est que derrière le bar se trouvait un club dont le patron était aussi propriétaire. Dans ce club il y prostituait des jeunes-filles et des jeunes-hommes. Il y avait aussi des strip-teaseurs et strip-teaseuses qui dansaient sur les barres de Pole-Dance, l'alcool coulait à flot et la drogue circulait sans encombre. Le vil propriétaire avait vu en Kazuma un excellant prostitué et/ou danseur de Pole-dance lorsqu'il aurait atteint dix-huit ans. En attendant il serait parfait pour le service et la plonge. De part son expérience et surtout sa beauté pour attirer toujours plus de clients et clientes.

Le lendemain matin, Kazu se réveilla comme à son habitude, de bonne heure, malgré sa courte nuit. Le patron du bar, Monsieur Yamamoto lui fit prendre un bon repas. C'est alors qu'il décida que Kazuma logerait dans cette chambre, il continuerait la distribution des journaux, finirait le lycée et en échange, le patron lui proposa  de faire le service et la plonge, au bar et au club. Kazu fut surpris en apprenant l'existence du club, mais dans son innocence ne s'en inquiéta pas plus. Il trouvait Monsieur Yamamoto très généreux et gentil avec lui.

Au bout de quelques temps, trop épuisé par l'accumulation de travail entre le service et le lycée, il décida d'arrêter la distribution des journaux malgré le maigre salaire que lui payait son patron.

Dès qu'il termina le lycée, après l'obtention de son diplôme et l'anniversaire de ses dix-huit ans, Monsieur Yamamoto le convoqua un soir. Il montra une feuille de dette à Kazuma, lui intima que celui-ci lui devait beaucoup d'argent pour la location de la chambre et les repas. Il lui donna alors un contrat, en plus de faire le service, l'entretien du bar et du club, Kazuma devait danser un soir sur deux et se prostituer le reste du temps. Atterré, Kazuma accepta de danser dans le club à condition de choisir lui-même les musiques et le type d'effeuillage mais ayant gagné un caractère bien trempé avec les années, il s'insurgea et refusa catégoriquement de se prostituer. Se sentant en position de faiblesse face à ce garçon tout en muscles, le patron accepta à contre cœur. Il savait que beaucoup de clients et de clientes venait spécialement pour ce petit bijou, et il ne fallait en aucun cas fâcher sa poule aux œufs d'or.

Les années passèrent, Kazuma devint un homme de plus en plus beau et surtout un Pole-dancer admiré dans tout Tokyo.

Alors qu'il dansait un soir, comme tous les soirs, du haut de ses vingt-trois ans, Nobuyuki, le fils de la famille Suzuki et futur chef du territoire de son père, entra dans le club. Il commanda un verre du meilleur Whisky, son regard fut attiré par le garçon sur scène et tomba irrémédiablement amoureux de lui.

Une histoire de YakuzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant