Vingt minutes plus tard, je suivais Klaus dans les ruelles de Tarascon, savourant l'air nocturne de la petite ville... Et déplorant la conversation de mon nouveau chef.
Ce pot de colle avait exigé de nous suivre dans cette investigation, non seulement pour m'évaluer moi, mais également pour voir une collaboration Armière-Fantôme. Car il n'avait jamais vu de mort aussi claire et agréable que Klaus, ce qui l'intriguait au plus haut point.
— Je suis une forme particulière de revenant, expliquait Klaus, les mains dans les poches de son jean.
Dans la lueur des lampadaires, il pâlissait, avant de redevenir presque opaque dans les ombres. D'un bleu scintillant, on aurait presque pu le prendre pour un être physique. D'ailleurs, pour moi, il en était un, puisque je pouvais le toucher. En revanche, pour Cyprien Dejuste...
— Une forme particulière ? C'est-à-dire ?
— Je suis un Daugr, sourit-il, creusant par là une fossette sur sa joue. C'est une forme scandinave de revenants. Nous agissons comme si nous étions vivants, mais nous sommes dotés d'une force prodigieuse.
— Frimeur. Une fois, tu n'es pas parvenu à ouvrir un pot de cornichons.
— Il était huileux !
— C'est ce qu'on dit, ricanai-je en remettant en place mon serre-tête.
Cela me valut un ébouriffage de cheveux de la part de Klaus, ce qui laissa Cyprien sans voix. Avec les talons de ses santiags claquant sur les pavés des ruelles , il ne semblait pas à sa place ici. Était-il réellement médium ? Si c'était le cas, il devait vraiment être mauvais.
— Vous êtes amis ? demanda-t-il.
— Amis d'enfance, précisa Klaus, un bras translucide autour de mes épaules.
— En fait, j'ai manqué me faire tuer par une créature d'Outre-Tombe, étant petite. Klaus m'a sauvé, et j'ai refusé de le lâcher depuis ce jour.
— Ouais, approuva mon fantôme. Du coup, en grandissant, on a décidé de travailler ensemble. Et nous voilà : elle, une fantastique Armière capable de rendre les fantômes palpables, et moi, un Daugr envoyé pour réguler la population décédée sur terre.
— Complètement délirant.
Je roulai des yeux exaspérés. On n'était pas rendu, avec un chef pareil.
Par chance, Klaus continua de lui faire la conversation, aussi aimable que de coutume. Vingt minutes plus tard, nous avions atteint l'arrière de la Collégiale de Tarascon. Le bâtiment faisait face au Château, magnifique monument tout à fait invisible de notre place. Ici, il y avait de magnifiques sculptures, le départ de plusieurs ruelles totalement vides, et une arche protégeant une lourde porte.
Par chance, le cadavre se trouvait à l'intérieur de la Collégiale. Nous nous infiltrâmes donc à l'intérieur – Klaus traversa simplement la porte – pour nous retrouver dans le noir le plus complet.
— Génial, marmonnai-je.
Malgré cela, ma voix résonna jusqu'aux hautes voûtes. Tant pis pour la discrétion.
— Klaus, tu aurais une bougie, quelque chose?
Lui était nyctalope – il fallait bien des avantages à être mort – mais moi, je n'y voyais goutte. Par chance, Cyprien était venu avec une lampe torche, que je lui confisquai immédiatement. Il voulut protester, néanmoins, j'avançai sans lui en laisser l'occasion.
— Où se trouve le corps ?
— D'après notre source, dans le débarras, soupira Klaus. C'est très étrange, Anastasie.
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Assassinat d'un Fantôme
ParanormalDes morts qui égarent leurs âmes et une amitié avec un fantôme plus que séduisant. Rien que de l'amitié, vraiment ? *** Depuis toujours, Anastasia Konogan a la particularité de pouvoir rendre les fantômes tangibles. Cela lui permet de travailler pou...
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