Assassinat d'un Fantôme

Chapitre 6 : Le Guerrier Censuré

Je n'en pouvais plus... Avoir couru depuis Tarascon, poursuivit par ce fichu Cebère, m'avait épuisé... je ne parvenais même pas à conserver mon souffle. En sueur, je reculai, peu rassurée par le fantôme encapuchonné. Certes, il venait de me sauver la vie, mais sa cape l'enveloppait presque complètement, me faisant un peu trop penser à ses congénères mauvais.

— Qui... Vous... Parle...

Je m'arrêtai là, à moitié étouffée. Du sport... C'était bien le sport... J'allais devoir m'inscrire dans une salle...

— Une cape te suffit pour ne plus me reconnaître ? railla le fantôme. C'est encore mieux que les lunettes de Clark Kent.

Que...

— Klaus !? m'exclamai-je. Mais qu'est-ce que... dis donc, toi ! Tu peux me dire ce que tu fiches ici ?

— C'est plutôt à moi de te poser la question, Anastasie, gronda-t-il en repoussant son capuchon. Pourquoi es-tu seule, à Beaucaire, avec le Cerbère à tes trousses ?

J'ouvris la bouche, la refermai, puis lui adressai mon plus beau sourire.

— Alors, c'est très simple...

— Je me doute du scénario, sale gosse !

Avant d'avoir pu dire ouf, je me retrouvai le ventre écrasé sur l'épaule de Klaus, son bras me bloquant les jambes. Heureusement que je ne portais pas de jupe.

— Hé !

— Je te ramène en sécurité.

— En sécu... Hors de question ! Ce n'est pas de ma faute si ce sale clébard m'a reconnu !

Après l'épisode des Lavandières de Nuit, il avait dû revoir en moi la pimbêche qui s'était interposée. Néanmoins, ce n'était pas une raison pour que Klaus me trimballe à l'égale d'un sac de patates ! Il nous plongeait dans les ruelles ténébreuses de Beaucaire, en plus.

— Lâche-moi, Mister Ego ! sifflai-je en me débattant, mes mains glissant sur les couches de vêtements dans son dos.

— Mister Ego ? murmura-t-on.

— Hors de question, Anastasie !

— Ha ouais !?

Pour toute réponse, j'écartai cape et débardeur de son dos... Et le mordis de toutes mes forces. Un gémissement de douleur surpris se bloqua dans sa gorge, et je me retrouvai soudain plaquée contre son torse, face à face.

— Tu viens de me mordre !

— Je pourrais faire pire, si tu ne me lâches pas ! Je dois retourner à Tarascon !

— Seule !? Et Lucien !? Tu peux me dire où il se trouve ? Il devait veiller sur toi !

— Il est attaché à poil à mon lit, voyons.

— Quoi !?

— Oh, les gars, vous allez vous arrêter, oui !?

Nous sursautâmes de concert. Les bras coincés autour du cou de Klaus, le cœur battant, je découvris un immense fantôme aux longs cheveux, qui nous observait avec des yeux écarquillés.

— Mince, Luc... Je t'avais oublié.

— Je vois ça.

— Écoute, je...

Luc leva une main pour le faire taire. Klaus appuya sur mes hanches, signe qu'il valait mieux que je descende de lui. Une fois sur la terre ferme, je m'écartai. Nous allions avoir un gros problème. Morts et vivants n'étaient pas censés avoir ce type de relation. Pour de raisons assez évidentes.