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Chapitre 5 : Top Modèle et Décédé

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La première chose que je vis en ouvrant les yeux, ce fut une silhouette éthérée assise sur une chaise. Je clignai des paupières, m'appuyai sur le matelas pour soulever mon buste. Logée sous les couvertures orange de mon lit, j'étudiai attentivement le fantôme assoupi.

La tête droite en dépit de sa respiration calme, il se tenait tel un top modèle en séance photo. Son pantalon soulignait sa musculature, son débardeur au col déchiqueté moulait son torse musclé. Je restai un instant interdite devant ce spectacle, si rare, de Klaus.

Que faisait-il dans ma chambre ?

Indécise, je sortis furtivement d'entre mes draps. À ma connaissance, les fantômes ne pouvaient pas dormir. Alors comment était-ce possible ?

La curiosité prit le dessus. Penchée en avant, à quelques centimètres à peine de l'inconfortable chaise de Klaus, je l'étudiai attentivement. Il dormait vraiment. C'était une blague ? Il m'avait dit lui-même que les morts ne pouvaient pas...

Il ouvrit brusquement les yeux, sur deux iris d'un bleu vert translucide, me faisant pousser un petit cri en reculant. Je me vautrai sur mon lit, sans élégance aucune.

— Tu croyais vraiment que je sommeillais, miss Anesthésie ? railla-t-il.

Klaus, levé de sa foutue chaise, se pencha à son tour sur moi, pour m'adresser un sourire plus qu'insolent.

— Sache que le loir de l'histoire, c'est toi.

— Le... Hé ! m'exclamai-je en le voyant sortir de ma chambre. Qu'est-ce que tu fiches dans ma chambre, espèce de...

Je m'arrêtai net, en apercevant un inconnu dans l'encadrement de la porte. Il adressa un signe de tête à Klaus, qui rejoignit mon salon, me laissant seule avec... Ha. Les Santiags roses.

— Chef ? Mais qu'est-ce que...

— Vous avez manqué mourir hier soir, fit simplement Cyprien Dejuste, bras croisés sur son costume gris. Je suis venu voir si vous alliez bien.

Alors, tout me revint. Le Jack O'Lantern, la tour, le passant... La chute. Puis plus rien. Ce qui voulait dire que quelqu'un m'avait retrouvé, soigné, ramené ici. Oh non.

— Excusez-moi, bafouillai-je en passant devant lui. Klaus ? Klaus !

Je le retrouvai dans la cuisine. La première chose qu'il fit, ce fut de me tendre une tasse de thé vert. J'observai un instant le récipient, sans comprendre, avant de l'accepter, gênée. Dans ma petite cuisine aux teintes jaunes passées, les meubles en chêne bruns rétrécissant la pièce, il paraissait gigantesque.

— Je suis heureux de te voir en forme, Anastasie, fit-il, son sourire creusant sa fossette.

— Tu es resté ici tout le jour ?

Il hocha la tête.

— Mais... Les règles... Tu n'as pas le droit de... Et tu dois être épuisé... Tu aurais dû retourner dans l'Au-Delà ! C'est dangereux pour toi de rester ici en journée !

— Ne t'en fais pas pour moi. Bon, chef ? Je vous la confie. Je dois partir.

Hein ? Je le regardai se diriger vers la porte, mal à l'aise, ma tasse dans les mains. Ignorant royalement Cyprien, je rattrapai le fantôme sur le pas de la porte, une boule dans la gorge.

— Écoute, Klaus, je suis désolée... Ne sois pas fâché, comme ça... Je ne pouvais pas prévoir...

Contre toute attente, il me prit dans ses bras. Rougissante, je restai tétanisée, stupéfaite.

— Je suis fâché contre toi, et contre moi, chuchota-t-il à mon oreille, trop bas pour être entendu du chef.

Ha, je me disais, aussi... Il commençait à serrer un peu plus fort.

Assassinat d'un FantômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant