01.

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Je souffle en sentant sa main se poser sur mon avant bras alors que je m'apprêtais à tirer une bonne taf sur ma clope. Je relève mes yeux, qui étaient jusqu'à présent rivés sur mes doigts, pour tomber sur le visage pâle d'Aurora. Son regard bleuté me scrute. Je crois voir des larmes menacer de s'échapper du coin de l'un de son œil mais je ne relève pas. Avec un peu trop de violence, je pense, j'enlève sa main de mon avant-bras gauche avant de continuer ce que je voulais à faire il y a quelques minutes maintenant.

- Dis-moi ce qu'il y a au moins! Qu'est-ce que je t'ai fait? dit-elle peut-être après trente secondes. Pourquoi veux-tu qu'on s'arrête?

Je ne prends pas la peine de parler, je hausse simplement les épaules et je la sens se contenir.

Aurora, c'est exactement le genre de femme que j'ai l'habitude de fréquenter. Elle a tout ce que j'aime; grande taille, peau très blanche, cheveux blonds légèrement ondulés, yeux clairs, formes subtiles et le petit bonus, de l'expérience. Trente-six ans, quatorze ans de plus que moi et par conséquent, quatorze ans d'expériences en plus. Les circonstances dans lesquels je l'ai rencontrée sont bien trop flous. Tout ce qu'il y a à savoir, selon moi, c'est qu'elle m'a proposée de venir chez elle un soir, j'ai accepté et voilà aujourd'hui près de six mois que je couche avec. Au début, rien à dire. Franchement je prenais mon pied. Mais avec le temps, ça devenait lassant. Pas que son aptitude au lit se soit dégradé, au contrait. Ça restait toujours un plaisir de le faire avec elle. C'était plus au niveau comportement que ça ne collait pas. Vouloir savoir où je suis, avec qui, l'heure à laquelle je rentre chez moi, ce que je fais, rien de plus normal mais le fait de vouloir m'entretenir de jours en jours, m'empêcher d'aller à l'université pour ses beaux yeux et me mettre des interdictions, très peu pour moi. Je n'ai que vingt-deux ans, je n'ai pas besoin d'une deuxième mère.

- Est-ce parce que j'approche de la quarantaine? Tu ne m'aimes plus à cause de ça? Ou alors alors, tu ne m'aimes plus parce que tu as fini par en trouver une autre à l'université?

Je ris puis tire une dernière fois sur ma cigarette avant de jeter le mégot par la fenêtre. Je passe ensuite mes mains dans mes poches et lui réponds:

- Je ne t'aime pas Aurora, au passé comme au présent et sûrement même dans le future. Ne mélange pas le plaisir que j'avais dans le sexe, qui était complètement physique, avec l'amour.

Une larme finit par glisser sur sa joue. Je souffle une nouvelle fois et elle explose complément en sanglot. Je me lève du canapé et vais récupérer ma veste que j'avais posé sur le porte manteau une demi-heure auparavant. Elle me suit et cette fois-ci, entoure ma taille de ses bras.

- S'il te plaît Aaron, tu ne peux pas me faire ça! J'ai besoin de toi, ta présence, ton corps, tout! Reste avec moi! hurle-t-elle presque.

Je détache ses mains de mon corps et me retourne vers sa personne. Son visage est tout humidifié à cause de ses larmes. Je me sens quand même légèrement mal de la "quitter" ainsi. Mais je ne veux pas non plus qu'elle s'en rende compte. Alors je lui lance un simple regard neutre et après avoir mis ma veste, je sors de chez elle sans me retourner. Le soleil étrangement fort pour un moins de février me frappe directement quand je pose mon pied à l'extérieur.

- Alors? C'est fini avec ton octogénaire?

Je tourne la tête à gauche et y voit Nathan, adossé au lampadaire juste en face de l'entrée. C'est sans doute la personne que je peux qualifier de "meilleur ami". Depuis notre rencontre dans le secondaire, ce métis aux caractéristiques de mauvais garçon ou plus communément appelé bad boy, il est clairement devenu quelqu'un d'indispensable.

Je secoue la tête en riant

- Elle a quarante-quatre ans de moins mais oui, c'est fini.

- Tu m'as compris. T'étais quand même bien malade de vouloir d'elle pendant tout ce temps.

- C'était bien trop bon au lit, je dis en haussant les épaules.

- Même, t'as quand même perdu six mois de ta vie avec une dame de deux fois notre âge limite.

- Pas tellement. Et puis, je n'étais pas avec elle, j'essaye de me défendre.

- Pour elle, si. M'en fait bon. Je vais pas te faire la morale. C'est terminé de toute façon, il sort son téléphone de sa poche. Bref, on a plus que vingt minutes pour arriver à la gare et prendre le train pour Bruxelles de seize heures cinquante. Allons-y.





À peu près quarante-cinq minutes plus tard, le conducteur annonce que nous arrivons à Bruxelles-Central. Je me lève de mon siège au moment où je vois le quai de la gare. Le train n'est pas encore à l'arrêt. Je me tiens au dossier en attendant qu'on soit enfin stable.

- Va te faire foutre Aaron, j'entends doucement derrière moi.

Je me tourne vers la voix en question et tombe nez à nez sur une fille. Son visage net, d'un teint de peau noir assez clair, est accompagné de longues tresses noirs ornées de quelques bijoux exclusivement fait pour. Elle a les sourcils froncés et regarde vers le bas. Son "va te faire foutre Aaron" était à la limite de l'audible mais elle pensait vraiment que je n'allais pas l'entendre alors que je me trouve juste devant elle? Sérieusement.

- C'est à moi que tu dis ça? je demande.

Elle lève les yeux vers moi et je suis surpris de voir qu'elle a les yeux bruns clairs. Je n'ai jamais vu jusqu'à aujourd'hui une fille ou même un garçon noire, avoir les yeux aussi clairs qu'elle.

- À moins que tu t'appelles Aaron, non je ne parlais pas de toi, elle répond d'une voix lasse.

- Justement. Aaron c'est mon prénom, je vois son regard changer du tout au tout.

- Oh, euh. Ha, elle balbutie. T'étais pas sensé me répondre que c'était ton prénom. Je parlais d'Aaron, celui que je connais. Pas de toi. T'es loin d'être lui. En plus vous n'êtes même pas semblables, je finis par sourire en coin en voyant qu'elle perd un peu le fil. Enfin, je suis désolée!

Je n'ai même pas le temps de répondre quoique ce soit, elle se faufile et sort en vitesse du wagon. Je hausse les sourcils et regarde cette fois-ci Nathan qui lui, rigole à gorge déployée. Je soupire. Je me dirige vers la sortie et descends de là.

- Bruxelles c'est petit Aaron, je paries vingt euros que tu vas la revoir avant la fin du mois et que ça sera elle ton nouveau "plan cul", murmure Nathan près de mon oreille.

- C'est pas vraiment mon style pour tout te dire. Je les préfère blondes, dis-je en avant un peu plus sur le quai.

- Elle change la couleur de ses tresses et hop, elle est blonde.

- Ouais mais non, je secoue la tête en essayant de ne pas me l'imaginer blonde. Je les préfère blanches, si tu veux.

- Quoi? il augmente le son de sa voix avant de se positionner devant ma personne.

- Tu m'as bien entendu.

- Non mais sérieusement? Même avant qu'on se rencontre? Jamais?

- Eh bien non, en tout cas d'aussi loin que je m'en souvienne. J'en ai connu pourtant mais mes goûts n'ont jamais changé. Je les aime exclusivement blondes et grandes de préférence.

Il me jette un regard amusé, sans dire un mot de plus. Je suis un peu intrigué mais je ne relève pas. Nous nous dirigeons vers les escalators et arrivons dans le grand hall abritant le panneau des horaires de trains et des nombreux guichets. Mon téléphone vibre dans ma poche me signalant que j'ai reçu un message. Je lève les yeux au ciel en voyant le nom de Dana et ce qu'elle me demande:

Dana: Achète moi deux paquets d'always, des serviettes hygiéniques pas des tampons. Je prends souvent ceux de couleurs mauves avec trois gouttes coloriées sur les cinq. Je te rembourse à la fin du mois. Merci d'avance.

Moi: T'es vraiment sans gêne de me demander de t'acheter ça.

Dana: Je devrais être gênée que mon grand-frère m'achète des protections pour empêcher mes règles de tacher mes jeans et mes joggings? N'importe quoi Aaron.

Je ne prends pas la peine de répondre. Je range mon téléphone et me remets à marcher.

DisparateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant