Je place ma Marlboro entre mes lèvres et l'allume. La soirée vient enfin de se terminer. J'attends en fumant, posé contre un lampadaire, que Nathan dise au revoir à Lara. Dire au revoir ou plutôt, qu'il termine de dévorer sa bouche. Une fois fait, il vient vers moi. Lara me cherche du regard et une fois qu'elle me capte, elle me fait un signe de main pour me saluer. Je hoche simplement la tête.
- J'avais oublié à quel point elle embrassait bien, dit mon ami en souriant. Elle est tout bonnement incroyable.
- Tu perds ton temps selon moi.
- Pourquoi?
- Vous avez déjà essayé, ça s'est fini en tromperie des deux côtés. À moins qu'entre-temps tu sois tombé éperdument amoureux d'elle au point de lui rester fidèle, il y aura récidive. Pour toi comme pour elle.
- On était jeunes à l'époque, on a juste fait des conneries.
- Vous n'étiez pas tellement plus vieux que maintenant. C'était il y a quatre mois.
- Oui, mais il y a quatre mois j'étais jeune.
Je secoue la tête. Il fêtait ses vingt-deux ans il y a quatre mois. En quoi est-ce qu'il était si jeune que ça, ce con. C'est sans doute la pire excuse qu'il m'ait dit.
- Mais je pense que ça peut fonctionner, il reprend. En tout cas je vais faire des efforts pour.
Il appuie sur le bouton de déverrouillage des portières de sa Audi. Je prends une dernière bouffée de fumée de ma cigarette avant de l'écraser au sol avec mon pieds. Je m'introduis dans la voiture, lui de même.
- Si tu le dis, je dis une fois que nous sommes tous les deux installés. Mais je t'ai dit ce que j'avais à dire.
Il hausse les épaules. Clé dans le contact, il démarre. On ne parle pas pendant un bon moment. Je décide de mettre un peu de musique. Écoutant le même genre de musique, ça part très vite en vrille. Lui tout comme moi, chantons les titres que je sélectionne. Les refrains, les chœurs et même la gestuelle des clips quand c'est faisable, tout y passe. J'ai du mettre un peu plus de dix morceaux avant qu'on arrive devant la rue de mon appartement. Je lui dis de s'arrêter là, pour qu'il ne fasse pas de machine arrière par la suite. J'ai attendu que la musique se termine avant de débrancher mon téléphone. Nathan râle mais je ne lui prête pas plus d'attention que ça. Je défais ma ceinture et ouvre la portière. Avant de sortir de là, je le tchèque.
Nathan baisse la vitre pour me dire de faire attention ce qui m'a un peu surpris vu qu'il ne me dit jamais ce genre de chose. J'ai sûrement dû sourire puisqu'il m'envoie un doigt d'honneur. Je le fais signe de la main pour le rassurer et il s'en va. Je cherche mes écouteurs dans la poche de mon pantalon. Une fois trouvés, je les branche à mon téléphone et les insère dans mes oreilles. Même si le trajet ne dure même pas trois minutes, je mets en route un nouveau morceau de ma bibliothèque musicale. Il ne se termine mêmes pas que je suis déjà devant la porte d'entrée. Je cherche ma clé dans la poche intérieure de ma veste.
- Aaron s'il te plaît, attends.
J'entends derrière moi. Je me retourne et tombe sur Phœbé, à une dizaine de mètre. Mais qu'est-ce qu'elle fait là?
- Je t'ai vu sortir de la voiture, elle dit difficilement. Et je t'ai suivi parce que j'ai besoin de ton aide.
Elle se tient grâce au mur et respire fort. Je m'approche d'elle. L'une de ses mains se dirige vers moi et se pose sur mon torse.
- Qu'est-ce que tu fais ici? je demande. En plus à cette heure, dans cette rue?
- Je suis partie de chez lui. Il m'a frappée, j'ai mal.
