Ça ne faisait même pas dix minutes que j'étais arrivé mais Dana avait déjà réussi à crier trois fois pour trois raisons différentes tout ça à cause de moi à ce que j'ai pu comprendre. Je n'ai même pas pris la peine de me justifier sur tout ce qu'elle disait. J'étais habitué, elle avait tendance à me réprimander dès que quelque chose que je faisais ne lui plaisait pas ou était déviant. À force de faire ça, je me suis même demandé si j'étais vraiment l'aîné de nous deux. Elle n'a eu que dix-neuf ans le premier février alors que j'en aurai vingt-trois le quatre août, mais j'ai plus l'impression que c'est plus le contraire. Que j'ai même six ans et elle vingt-cinq.
- Bon, mes serviettes? demande Dana.
Elle venait tout juste de se "calmer" si je puis dire. Je me suis levé du fauteuil dans lequel je m'étais engouffré, pour aller récupérer le sac plastique contenant ce qu'elle voulait dans le hall où j'avais déposé mes affaires. Une fois dans mes mains, je vais le lui donner et elle sourit. Elle saute ensuite dans mes bras comme si de rien n'était.
- Merci Aaron, t'es le meilleur des frères.
Dit-elle à chaque fois que je lui rends service.
- Rien que ça?
Elle hoche la tête tout en me lâchant. Je lui offre un petit sourire. Je sais très bien que pas plus tard qu'à la fin de la semaine, ses dires changeront mais bon.
- Tu vas rester dormir ici? elle continue.
- Non. Je ne vais pas tarder à partir.
- Déjà? je réponds par l'affirmative. Mais demain c'est dimanche! Tu peux rester. Je te vois presque plus à la maison et je suis toujours toute seule vu que papa rentre tard.
- T'as qu'à venir me voir, toi. Je t'ai donné les clés en plus.
- Pour arriver au moment où tu t'apprêtes à déshabiller je ne sais qui?
- Mais pas du tout, je rigole voyant qu'elle aborde un air ahuri. Je ne fais pas que ça.
- Je ne veux pas savoir de toute façon!
Je ris plus franchement. Elle est quand même bien marrante.
Encore dans ses idées sombres, je lui dis que je m'en vais. Elle vient me serrer fort dans ses bras. Je l'étreins à mon tour. Elle me demande de faire attention, comme à son habitude. Je la rassure et l'embrasse avant de quitter l'appartement.
Après avoir sorti mes écouteurs, démêlés et branchés à mon téléphone puis mis à mes oreilles, je mets Lay Up de Future. Je marche quelques minutes et me retrouve déjà devant la place Louise. Il est a peu près vingt-trois heures trente. Je vois de nombreuses filles s'avancer vers Stéphanie. Elles sont peut-être un peu plus d'une dizaine et il y a de tout; des grandes, des petites, des menus comme des charnues. Elles doivent sûrement aller au Bloody. Je ne sais pas qui est en guest aujourd'hui mais elles sont clairement excités vu le niveau de bruit qu'elles font. Je les entends alors que mon volume est assez haut et que je me trouve quand même à une grande distance d'elle.
- Phé, crie une voix aiguë. Avoir des places dans le côté V.I.P. n'est pas synonyme de pouvoir se permettre d'aller prendre un Quick.
- Il sera en retard de toute façon, j'ai le temps de me prendre un Giant. J'ai trop faim.
J'enlève mes écouteurs. Je rêve où cette voix, je l'ai entendue cet après-midi?
Je prête un peu plus attention au groupe. Elles sont réunis ce qui rend difficile les choses. Je ne peux que voir de là où je suis qu'elles sont toutes en manteaux noirs sauf une qui l'a en jaune. Je la regarde bien. C'est une brune au teint basané. Je ne me souviens pas l'avoir vu aujourd'hui, elle.