Je réfléchis, longuement même mais je sèche complètement. Je ne sais absolument pas quoi dire. Si je comprends bien, elle m'a embrassé – même si c'était plus un smack qu'autre chose – et vient me dire qu'elle l'a fait tout simplement parce que je lui donnais envie, tout ça dans le plus grand des calmes. Je pense que je suis sur le cul. Impressionné par tout ça.
- Tu m'as demandé d'être honnête, elle reprend.
- Mais est-ce que je m'attendais à une telle réponse, je la questionne. Tu sors ça tout en soutenant mon regard comme si c'était normal.
- Tu n'aimes pas l'honnêteté à ce que je vois.
- Mais ça n'a rien avoir.
Elle soupire. Sans que je m'y attende, je la vois se mettre à marcher droit devant. Putain. Je me mets en marche à mon tour et attrape son poignet. Son visage me fait face à nouveau.
- Tu fais quoi là? dis-je.
- Je m'en vais, on ne va pas rester ici à se regarder dans le blanc des yeux.
- T'es sérieuse?
- Hm, elle fait mine de réfléchir. Oui.
Elle me lance un faux sourire qui se remarque à des kilomètres.
- Tu peux lâcher mon poignet? Si je me dépêche je peux encore rattraper Aaron.
Je me pointe du doigt avec ma main libre. À ce que je sache, c'est moi Aaron. Elle pose ses yeux sur le bas de mon corps et remarque mon doigt. Elle secoue la tête de droite à gauche.
- Non, pas toi, elle lève les yeux au ciel. Ça serait stupide de dire que je vais te voir alors que je suis avec toi et qu'en plus de ça on ne se connaît pas assez pour ça.
Elle n'a pas tort là.
- Je parle de mon copain.
- Ton copain? elle confirme. Mais, tu viens de lui être infidèle?
- Je sais.
- Et tu comptes le rejoindre comme si de rien n'était?
- Je ne vois pas où est ton problème.
Je ris nerveusement. C'est pourtant elle qui a remis le sujet, dit qu'elle l'avait fait par envie et qui en plus de ça me parle de son Aaron à elle. Je pense que ça me concerne un minimum. Non, pas qu'un minimum. En grande partie en fait.
- C'est mon problème. C'est quand même mes lèvres qui ont été sous les tiennes.
- C'est bon. On ne va pas en faire tout un plat. Ce n'est pas comme s'il m'était complètement fidèle. Puis il ne le saura pas.
Elle pose sa main gauche sur la mienne, toujours accrochée à son poignet. Je la regarde dans les yeux un moment mais elle finit pas détourner les siens. Son poignet bouge et je lâche prise.
- Il n'est même pas de Bruxelles, détends toi.
Sans me lancer un seul regard, elle s'en va presque en courant. Ses tresses voltigent. Sa silhouette se brouille
Je ne comprends plus rien. Cette fille, c'est quand même quelque chose et son comportement d'il y a quelques minutes me fruste limite.
Je fouille dans la poche arrière de mon jeans pour en sortir mon paquet de cigarette. J'en place une entre mes lèvres et l'allume. Je range le paquet et prends le chemin de mon appartement. Comme il n'est pas loin, j'y arrive avant même d'avoir fini ma cigarette. Je la termine donc puis écrase le mégot sous ma chaussure. J'ouvre la porte d'entrée qui m'amène directement devant les escaliers que je monte deux par deux jusqu'au deuxième étage. En insérant ma clé dans la serrure, je souris en voyant que c'est ouvert.
