~Dragons~ "Un chef protège les siens"

Chapitre 4 : Symbole et signification

De longues heures de croquis pour définir un motif, et une seule chance de réussite. Harold savait qu'il ne devait pas trembler. La forme était simple, mais le moindre faux mouvement détruirait à jamais le seul souvenir qu'il pouvait encore toucher. La nuit était déjà bien avancée, le chef était fatigué, mais il ne renonça pas pour autant. Il savait qu'au lever du soleil, il serait appelé de partout et n'aurait plus une minute à lui. Il avait des gestes habiles et son regard reflété une concentration à toute épreuve. Les flammes de la torche qu'il lui apportait le minimum de lumières commencé doucement à faiblir.

Les doux rayons de l'aube caressèrent de leur chaleur le visage du jeune homme. La torche n'était plus que cendre. Son visage était si serein, un léger sourire y était dessiné. Ses doigts étaient resserrés autour d'une fine chaîne en métal. Il ronflait légèrement dans le silence. Le chant des oiseaux donnait un air de berceuse qui avait fini par entraîner le garçon vers le monde des rêves. Tout était si calme, la lumière si douce...

Harold se réveilla aux légères secousses qu'on lui infligé. Il ronchonna quelque parole incompréhensible sans ouvrir les yeux, voulant rester dans cet état de confort et d'apaisement. Les secousses se furent plus forte, moins hésitantes. Harold fut obligé d'ouvrir ses paupières. Le soleil l'aveugla et il se frotta les yeux en se relevant sur sa chaise. Ses cheveux étaient tout ébouriffés, lui donnant un air d'enfant.

Ce n'est qu'en clignant des yeux plusieurs fois que sa vue fut nette. Il remarqua alors le médaillon qu'il n'avait pas lâché. Le même sourire que la veille illumina son teint un peu pale jusque-là. Une chaîne argentée, d'une taille raisonnable, était accroché à l'écaille de furie nocturne qu'il avait taillée en forme de croissant de lune. Un travail d'une précision incroyable. La forme naturellement courbé de l'écaille donnait un effet de relief à la forme. Il l'approcha du soleil qui filtré à travers les toiles. Il était fier de son travail. Le pendentif était encore plus éblouissant sous la douce lueur de la matinée. Le croissant de lune rendait hommage à la spécialité de son ami. Il rappelait leur vol sous la lune, aussi brillante et inoubliable que lui. Loin et inaccessible, mais bien là. Et qui veille sur lui, ou qu'il se trouve dans le monde...

Le jeune chef le passa à travers sa tête. Le bijou était petit et pourrait même être caché si besoin. Mais aujourd'hui, il voulait le porter avec fierté. C'était ça la nouvel emblème du village. La lune brillante, visible la nuit dans le ciel sombre. La lune, qui donne la lumière aux navires sur la mer comme au villageois sur la terre. La même lune que tous voyait de la même façon. Un lien invisible avec le reste du monde. Une sorte de gardienne qui rassure les enfants qui ont peur du noir, qui protège les animaux nocturnes. Un astre qui réapparaît tous les soirs, qui ne disparaîtra jamais. La lune qui accompagne chaque être de sa naissance à sa mort. Qui illumine quiconque sans jugement. Éternelle, forte, lumineuse, protectrice. Oui c'était ça Beurk. C'était le symbole parfait qui pourrait les suivre ou qu'ils aillent.
L'excitation et la fierté se reflétaient dans ses yeux verts. Valka hocha la tête à la question muette de son fils. Il se leva, encore un peu fébrile de sa courte nuit. Il se stabilisa sur ses jambes et prit la main de la personne qu'il pensait ne jamais connaitre. Son contact le rassura et il sortit avec elle, les pensées en ébullition sur les toutes nouvelles idées qui étaient nées en lui. Il aimait tant son village. Son père lui avait confié son peuple, il honorerait sa mémoire.
Est-ce que de la haut, lui aussi, pouvait-il observer la lune ? Il voulait y croire...

***

Quand Krokmou se réveilla, il fut étonné de sentir le corps chaud de Comète près de lui. Un faible grognement heureux résonna dans la petite cavité où ils dormaient. Il était heureux qu'elle soit là. Pourtant il savait qu'a son réveil, son sourire s'effacerait. Le sujet de son nom allait forcément être abordé. Il avait fui aussi lâchement qu'un poisson effrayé. Il était évident que la dragonne était d'accord avec ses congénères, elle non plus ne pouvait considérer les humains comme des êtres sensibles qui ne leur voulaient pas forcément du mal. Mais comment lui en vouloir ? Le seul humain qu'elle ait un tant soit peu connu c'était servi d'elle pour le forcer à mener les dragons à leur perte. Il l'avait emprisonné et drogué. Elle n'avait été qu'un pion, pour seul objectif de le déstabilisé. Grimmel était prêt à la tuer pour le contrôle. Alors oui, elle avait ses raisons d'en vouloir aux humains.
Des brides de souvenir le firent tréssahir. Il revoyait cette effroyable journée. Il se revoyait être prêt à décimer l'espèce des dragons pour le seul amour qu'il avait connu. Ce jour-là, il n'avait réagi que par instinct. Quel chef était-il s'il était prêt à tout sacrifier pour un seul d'entre eux ? Il revoyait clairement le regard que lui avait jeté Jumper. La culpabilité s'intensifia à mesure que son esprit faisait défiler les images. Chaque détail était là, rien n'avait quitté sa mémoire.
Je suis le pire alpha que ce monde est connus... je suis incapable de tous les protéger...
Cette fois-ci c'est la Mort rouge qu'il revit. Cette horrible reine qui l'avait dirigé pendant quinze ans. S'était-il abaissé à son niveau ce jour-là ? Au fond de lui, avait-il une part de ce monstre ?
Comète qui devait avoir senti son soudain changement d'humeur se réveilla près de lui. Elle s'étira comme un chat avant de se donner des coups de langue sur le poitrail. Elle rapporta ensuite son envoûtant regard bleu vers lui.

- Bien le bonjour messieurs la furie nocturne. Tu m'avais bien caché tes talents de disparitions... le jugea-t-elle avec un léger rire.
- J'ai eu un très bon professeur.

Il lui donna une léchouille sur le museau qui la fit ronronner. Krokmou décida de laisser tous ces doutes de côté pour l'instant. Il aurait tout le temps d'y penser plus tard. La furie aussi blanche que la neige qui tombait sur Beurk le fixait à présent.

- Je veux bien parler à Brouillard si tu m'expliques pourquoi tu tiens autant à ce nom...

Comète avait l'air gêné. Elle avait baissé un peut les yeux en disant ça. Son expression était si peu habituelle que le dragon noir ne pût s'empêcher de trouver cette attention louche. La surprise l'avait laissé muet quelques minutes interminables aux vues de l'agittement nerveux de la queue de la dragonne.

- Soleil dit que je dois laisser une chance à tes arguments... Dit-elle tout bas, pour unique justification à son attitude.

L'alpha poussa un grognement amusé. Soleil, il aurait dû s'en douter ! Il était le meilleur ami de la femelle. Et apparemment, il lui donner des conseils sur leurs relations. Krokmou ne put pas s'empêcher de trouver ça adorable. Il cherchait ses mots. C'était une si longue histoire, comment décrire tout ce qu'il pouvait ressentir. Comment lui expliquer l'origine de ce nom...

- Imagine un jeune humain naïf, qui ne connaît des dragons que ce qu'on lui a enseigné. Quelqu'un qui ne voit en moi qu'une menace qui plane au-dessus de lui.

Il prit une pause pour trouver les meilleures formulations de phrase. C'était un moment important, il ne devait pas louper son coup. Il fallait qu'il réussisse à lui faire ressentir les émotions de cette histoire.

- Un démon, voilà ce que je suis. Un monstre, qui n'est que destruction et terreur. Une puissance qui le tuera à la première occasion.

Encore des souvenirs. Décidément, aujourd'hui, sa conscience avait décidé de réanimer de bon comme de mauvais souvenir. C'est un Harold, le poignard à la main qu'il se remémora. L'adolescent qui n'avait pas réussi à tuer un dragon. Qui avait réussi à comprendre en un seul regard qu'il n'était pas celui qu'on décrivait.

- Et si un simple regard l'avait fait changer d'avis ? D'un coup, il se rend compte que celui qu'il pensait sans âme avait peut-être plus de cœurs que certains de ses semblables... La bête à laquelle-il avait si peur depuis sa plus tendre enfance devenait, devant ces yeux, un animal qu'il avait envie de toucher. Qui lui faisait peur, mais qui semblait pourtant si amical finalement. Devant ces yeux se trouvait l'exact opposé de ce qu'il croyait. J'étais... inoffensif ?

Comète était accrochée à son histoire, n'en perdant pas une miette, comme absorbé. Est-ce qu'elle comprenait ?

- Ironiquement, le dragon le plus mystérieux et terrifiant n'était pas assoiffé de sang et de vengeance. Quoi de mieux pour prouver au monde entier que tous se trompaient. Que les dragons n'étaient pas ce qu'on pensait d'eux. La puissante furie nocturne n'avait pas de dent ? Krokmou c'est la marque de tous ces préjugés. L'espoir qu'Harold avait en moi pour changer le monde. Pour montrer aux humains, comme aux dragons qu'on pouvait vivre en paix. Dépasser tout ce qu'on croyait et faire un pas en avant, les uns vers les autres...

Le chef avait l'impression de s'être vidé de toute son énergie, tant le message qu'il voulait passait lui tenait à cœur. Il tentait de percevoir quelque chose dans le regard océan de la belle furie éclair. Il avait tant d'espoir en ce qu'elle comprenne enfin... Son cœur fit un bond quand celle-ci se retourna vers la sortie.

- Je crois que je commence à comprendre... Krokmou...

C'était la première fois qu'elle l'appelait par son prénom. Heureux comme jamais il lui sauta dessus et tous deux roulèrent au sol comme des dragonneaux. Leurs rires couvraient tous les autres bruits. Le dragon noir se trouvait dessus la femelle à présent. La plaquant au sol, étant plus lourd qu'elle. Il lui fit son plus beau sourire sans dent qui la fit rire de plus belle.

- Je t'aime mon étoile filante... ronronna-t-il à son oreille.
- Pas autant que moi gros poisson ! Se moqua-t-elle.

Les deux furies se cajolèrent ainsi sous les lumières resplendissantes de leur nouveau habitat, qui renfermaient finalement beaucoup de surprise.

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J'ai adoré écrire ce chapitre, j'espère qu'il vous aura plus ! ^-^